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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 11.1894

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Nr. 4
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Palustre, Léon: Germain Pilon, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24664#0309

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296

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

et ne pouvait laisser à personne le soin de régler, au moins d’une
manière générale, la posture propre à chaque personnage. Après
avoir préparé sommairement le modèle, il a, jusqu’à la fin, donné
des conseils, fourni des indications. Si des artistes, dont l’origine
importe peu, ont été appelés à l’aider, c’est seulement dans l’exé-
cution. Les défauts signalés sont le résultat d’une collaboration que
la multiplicité des travaux entrepris rendait absolument nécessaire.

Avant la Révolution, nous le savons par Sauvai, « la terre ou les
modèles » des trois figures composant le groupe de la Résurrection
se voyaient à Saint-Étienne-du-Mont, derrière le chœur. Lenoir,
comme ses premiers catalogues en font foi, leur fit de bonne heure
une place aux Petits-Augustins, d’où Chaptal, en 1803, eut la
malencontreuse idée de les tirer pour les envoyer périr à Arpajon.
Il n’y a donc plus moyen de relever les différences qui, suivant
l’habitude, devaient exister entre l’exécution définitive et le premier
projet.

Sur ce point qui a bien son importance, une Vierge de Pitié
nouvellement entrée au Louvre après de longs séjours à la Sainte-
Chapelle, d’abord, où on la trouve au xvne et au xvme siècle, puis à
l’école militaire de Saint-Cyr, de l’époque du Consulat à 1890, ne
laisse pas d’apporter d’utiles renseignements. Elle est en terre cuite
et a servi évidemment de modèle au beau marbre donné, en même
temps que le Christ, à l’église Saint-Paul-Saint-Louis. La pose,
l’expression sont absolument identiques, et, du reste, nous pourrions
au besoin, pour appuyer notre dire, invoquer le témoignage de Sauvai
qui, à deux reprises, revient sur la question dans ses Recherches des
antiquités de Paris L Or, si l’on regarde attentivement l’une et l’autre
statue, il est impossible de ne pas être frappé des changements
apportés par le sculpteur, non dans les détails mais dans l’esprit
de son sujet. La terre cuite se rapproche plus de la première manière
du maître, elle a plus de charme intime, plus d’adorable langueur,
tandis que le marbre, pour la vigueur du style et l’accentuation des
formes est encore en avance sur le Christ. Et cela n’a pas lieu
d’étonner quand on lit le billet suivant adressé par le premier prési-
dent Nicolay au grand prieur de Saint-Denis, à la date du 5 avril 1586 :
« Monsieur, la royne m’a ce jour d’huy demandé de faire délivrer
à Monsieur Pilon du marbre blanc pour faire une image de la Vierge
Marie. » Trois ans dans la vie d’un artiste, c’est plus qu’il n’en faut I.

I. T. Ier, p. 445, el t. III, p. 17.
 
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