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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
eurent une influence considérable sur la miniature en France. Aubry
tint pendant longtemps un atelier pour les deux sexes, où l’on vit
paraître Saint, dont nous aurons occasion de parler ci-après. Après
1848 il fut employé comme restaurateur à la direction des musées.
Je n’aurais jamais fini de nommer un à un ces représentants un
peu oubliés de notre art national au commencement du siècle. Encore
parmi les disciples d’Isabey il faudrait mentionner Mrae Romagnesi,
talent honorable S Mme Marie Jaser 1 2 3 qui s’était approprié les phrases
de son maître au point de mettre les connaisseurs modernes dans
le plus grand embarras. Jacques 3 se personnalisa davantage sans
arriver au premier rang. Il eut une clientèle d’acteurs, M1,e Mars en
Betty, Mlle Gavaudan en Jeannette; puis, en ricochet, des princesses,
Joséphine, Hortense, Pauline Borghèse, probablement exécutées
d’après d’autres œuvres. C’est Jacques qui avait peint M. et Mme de La-
valette, portraits offerts aux seigneurs anglais compromis dans l’en-
lèvement de 1815. Hollier4, un autre miniaturiste du clan Isabey, se
faussa quelque peu la main dans la peinture sur porcelaine ; ses
ivoires sont durs, métalliques, luisants, en dépit d’une science très
réelle et d’un sentiment assez élevé dans l'expression des figures.
Hollier exposa de 1804 à 1831, et lui aussi se donna corps et àmeaux
gens de théâtre. Successivement il exposa Mlle Volnais, Mlle Duches-
nois avec un carquois et une couronne antique, M!le Mézeray,
Mlle Boissieu, Mme Michelot, Mme Paradol en Sémiramis, Talma en
Sylla. Pour sa Duchesnois, Hollier essuya les critiques de Chaussard,
auteur pointilleux du Pausanias, lequel estime la pose trop raide quand
Mme Duchesnois valait surtout par la nonchalance et le déhanchement
voluptueux du bust^. Mais ceux que voilà étaient des débutants
sous l’Empire, ils balbutiaient à l’époque du Pausanias, plus tard ils
diront autrement les choses. Tel est Delacluze 5 dont certain jour
Delpech tentera un parallèle avec Saint, et qui avait reçu une médaille
de deuxième classe l’année du mariage de Marie-Louise. Delacluze
n’a point le dessin très sûr, mais son coloris est de première valeur.
« Il a un éclat et une finesse dont on ne croyait pas la miniature
1. Mme Romagnesi travailla de 1804 à 1812.
2. Marie Jaser, née en 1782, morte en 1830.
3. Nicolas Jacques, né en 1780, mort en 1844. Son portrait du duc d’Orléans
en 1817 fut payé 1,200 francs. Il travailla sous la Restauration et fut mis par
1 héodore Lejeune sur le même pied qu’Isabey, louange excessive.
4. Jean-François Hollier, né vers 1780, mort en 1843, travailla de 1800 à 1840.
5. Martin-Jean-Edme-Pascal Delacluze, né en 1778, mort en 1838. Élève d’Aubry.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
eurent une influence considérable sur la miniature en France. Aubry
tint pendant longtemps un atelier pour les deux sexes, où l’on vit
paraître Saint, dont nous aurons occasion de parler ci-après. Après
1848 il fut employé comme restaurateur à la direction des musées.
Je n’aurais jamais fini de nommer un à un ces représentants un
peu oubliés de notre art national au commencement du siècle. Encore
parmi les disciples d’Isabey il faudrait mentionner Mrae Romagnesi,
talent honorable S Mme Marie Jaser 1 2 3 qui s’était approprié les phrases
de son maître au point de mettre les connaisseurs modernes dans
le plus grand embarras. Jacques 3 se personnalisa davantage sans
arriver au premier rang. Il eut une clientèle d’acteurs, M1,e Mars en
Betty, Mlle Gavaudan en Jeannette; puis, en ricochet, des princesses,
Joséphine, Hortense, Pauline Borghèse, probablement exécutées
d’après d’autres œuvres. C’est Jacques qui avait peint M. et Mme de La-
valette, portraits offerts aux seigneurs anglais compromis dans l’en-
lèvement de 1815. Hollier4, un autre miniaturiste du clan Isabey, se
faussa quelque peu la main dans la peinture sur porcelaine ; ses
ivoires sont durs, métalliques, luisants, en dépit d’une science très
réelle et d’un sentiment assez élevé dans l'expression des figures.
Hollier exposa de 1804 à 1831, et lui aussi se donna corps et àmeaux
gens de théâtre. Successivement il exposa Mlle Volnais, Mlle Duches-
nois avec un carquois et une couronne antique, M!le Mézeray,
Mlle Boissieu, Mme Michelot, Mme Paradol en Sémiramis, Talma en
Sylla. Pour sa Duchesnois, Hollier essuya les critiques de Chaussard,
auteur pointilleux du Pausanias, lequel estime la pose trop raide quand
Mme Duchesnois valait surtout par la nonchalance et le déhanchement
voluptueux du bust^. Mais ceux que voilà étaient des débutants
sous l’Empire, ils balbutiaient à l’époque du Pausanias, plus tard ils
diront autrement les choses. Tel est Delacluze 5 dont certain jour
Delpech tentera un parallèle avec Saint, et qui avait reçu une médaille
de deuxième classe l’année du mariage de Marie-Louise. Delacluze
n’a point le dessin très sûr, mais son coloris est de première valeur.
« Il a un éclat et une finesse dont on ne croyait pas la miniature
1. Mme Romagnesi travailla de 1804 à 1812.
2. Marie Jaser, née en 1782, morte en 1830.
3. Nicolas Jacques, né en 1780, mort en 1844. Son portrait du duc d’Orléans
en 1817 fut payé 1,200 francs. Il travailla sous la Restauration et fut mis par
1 héodore Lejeune sur le même pied qu’Isabey, louange excessive.
4. Jean-François Hollier, né vers 1780, mort en 1843, travailla de 1800 à 1840.
5. Martin-Jean-Edme-Pascal Delacluze, né en 1778, mort en 1838. Élève d’Aubry.