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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
(n° 22), qu’il revendit plus tard, et où fut installé l’état-major de la
garde nationale, avant qu’elle ne fût acquise par le baron deGargan.
Boffrand, qui a dessiné tant de décorations pour les hôtels de Paris, ne
pouvait négliger le sien, et on peut citer comme une des meilleures
œuvres qu’il ait crées, le petit salon à une fenêtre, vis-à-vis laquelle
se trouve la cheminée disposée dans un hémicycle, qui fait le charme
de cette demeure. La boiserie sculptée et dorée des lambris se divise
en quatre grands panneaux dont l’un sert de porte; au-dessus sont
quatre trumeaux oblongs et entourés de bordures à coquilles, dont
les peintures représentent des animaux dans le genre d’Oudry. Une
cinquième peinture figurant une Pastorale, est placée dans le médail-
lon du couronnement de la glace. Les deux panneaux de forme concave
qui forment la niche de la cheminée sont décorés de dragons et d’ara-
besques sculptés dans le goût de Pineau. La voussure du plafond est
entourée d’une balustrade peinte s'ouvrant dans le ciel. Ce chef-
d’œuvre exquis de sculpture décorative est un digne pendant du
Salon de Lancret, que nous avons décrit plus haut. Lorsque nous
avons entrepris cette étude, nous n’espérions pas rencontrer aussi
voisins les uns des autres, trois souvenirs de l’art français aussi
importants que le grand salon de l’hôtel du Crédit Foncier, que le
salon peint de M. Cheuvreux et que le boudoir sculpté de M. de
Gargan.
M. Lebaudy a fait encastrer dans la cour de la maison (n° 20) un
grand bas-relief en forme de frise sculpté dans la pierre, représen-
tant le Triomphe de Vénus Marine ou de Galathée, provenant du château
de Rosny et que l’on attribue à Clodion. C’est peut-être la composi-
tion dont M. J. J. GuifFrey signalait récemment la disparition, dans
la Gazette des Beaux-Arts? Des boiseries que nous n’avons pas vues,
mais qu’on nous a signalées, décorent les hôtels de Mme la vicomtesse
de Trédern (n° 14) et de M. le prince de Broglie (n° 12). Celui de
M. le marquis Aguado (n° 6) possédait aussi des boiseries démontées
peu de temps avant 1870; elles furent brûlées pendant les rigueurs du
siège de Paris, par des familles suburbaines qui y avaient été logées
par la municipalité.
Le couyent des Nouvelles-Capucines s’élevait dans l’axe de la
place, sur le tracé de la rue de la Paix. Louvois, qui en avait fait
rebâtir la chapelle, s’y était fait ériger un magnifique mausolée oû
il était représenté couché, ayant près de lui sa femme assise, avec
deux figures de bronze, la Prudence et la Vigilance. Cette dernière
statue avait été modelée par Desjardins, les autres avaient été
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(n° 22), qu’il revendit plus tard, et où fut installé l’état-major de la
garde nationale, avant qu’elle ne fût acquise par le baron deGargan.
Boffrand, qui a dessiné tant de décorations pour les hôtels de Paris, ne
pouvait négliger le sien, et on peut citer comme une des meilleures
œuvres qu’il ait crées, le petit salon à une fenêtre, vis-à-vis laquelle
se trouve la cheminée disposée dans un hémicycle, qui fait le charme
de cette demeure. La boiserie sculptée et dorée des lambris se divise
en quatre grands panneaux dont l’un sert de porte; au-dessus sont
quatre trumeaux oblongs et entourés de bordures à coquilles, dont
les peintures représentent des animaux dans le genre d’Oudry. Une
cinquième peinture figurant une Pastorale, est placée dans le médail-
lon du couronnement de la glace. Les deux panneaux de forme concave
qui forment la niche de la cheminée sont décorés de dragons et d’ara-
besques sculptés dans le goût de Pineau. La voussure du plafond est
entourée d’une balustrade peinte s'ouvrant dans le ciel. Ce chef-
d’œuvre exquis de sculpture décorative est un digne pendant du
Salon de Lancret, que nous avons décrit plus haut. Lorsque nous
avons entrepris cette étude, nous n’espérions pas rencontrer aussi
voisins les uns des autres, trois souvenirs de l’art français aussi
importants que le grand salon de l’hôtel du Crédit Foncier, que le
salon peint de M. Cheuvreux et que le boudoir sculpté de M. de
Gargan.
M. Lebaudy a fait encastrer dans la cour de la maison (n° 20) un
grand bas-relief en forme de frise sculpté dans la pierre, représen-
tant le Triomphe de Vénus Marine ou de Galathée, provenant du château
de Rosny et que l’on attribue à Clodion. C’est peut-être la composi-
tion dont M. J. J. GuifFrey signalait récemment la disparition, dans
la Gazette des Beaux-Arts? Des boiseries que nous n’avons pas vues,
mais qu’on nous a signalées, décorent les hôtels de Mme la vicomtesse
de Trédern (n° 14) et de M. le prince de Broglie (n° 12). Celui de
M. le marquis Aguado (n° 6) possédait aussi des boiseries démontées
peu de temps avant 1870; elles furent brûlées pendant les rigueurs du
siège de Paris, par des familles suburbaines qui y avaient été logées
par la municipalité.
Le couyent des Nouvelles-Capucines s’élevait dans l’axe de la
place, sur le tracé de la rue de la Paix. Louvois, qui en avait fait
rebâtir la chapelle, s’y était fait ériger un magnifique mausolée oû
il était représenté couché, ayant près de lui sa femme assise, avec
deux figures de bronze, la Prudence et la Vigilance. Cette dernière
statue avait été modelée par Desjardins, les autres avaient été