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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 11.1894

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Nr. 4
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Phillips, Claude: Expositions d'hiver à la Royal Academy et à la New Gallery de Londres: correspondance d'Angleterre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24664#0362

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348

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

uns qualifient de fou parfois génial et souvent ridicule, tandis que les autres le
vénèrent sans réserves comme peintre, comme poète, presque comme prophète.
Il faut au moins en le jugeant unir ses dessins aux textes qui les ont inspirés, et ne
point séparer non plus son étrange personnalité de ses excentriques inventions.

Mais hâtons-nous de revenir à la partie la plus sérieuse de l'exposition : aux
primitifs italiens et néerlandais, aux Flamands, aux Hollandais du xvne siècle, à
1 'Ecole anglaise de la belle époque.

Deux fort beaux Botticelli nouveaux pour moi, et récemment acquis par un
passionné pour Fart italien, M. Louis Mond, font une première apparition dans la
galerie des primitifs de Burlington House. Ce sont deux panneaux intitulés Scènes
de la vie de saint Zénobe, d’une bonne conservation, et, chose plus rare qu’on
ne parait le croire, entièrement de la main du maître. Ils sont de la manière mou-
vementée de Botticelli — celle où la passion paraît excessive, où la démarche, les
gestes sont déréglés, où l'agitation nerveuse se communique aux vêtements mêmes.
Le morceau typique de celle manière est le panneau si connu du Musée des Offices,
la Calomnie d’Apelle.

Tobie avec VArchange, ce sujet si cher aux Florentins du xve siècle, est le sujet
d’un joli petit panneau qu’on attribue avec raison à Filippino Lippi. Voici, non
pour la première fois, un grand ensemble de portraits très curieux quoique fort
délabré, de la main de Mclozzo da Forli *, provenant du château royal de Windsor.
Nous voyons dans un lumineux clair-obscur qui suggère l’influence de Piero délia
Francesca, Frédéric de Môntefeltro, duc d’Urbin, accompagné de son fils le jeune
Guidobaldo, écoutant avec recueillement le discours d’un professeur ou humaniste,
qui pérore dans une chaire élevée, en face de l'illustre protecteur des arts et des
sciences. Cette peinture a été peut-être la partie centrale de la grande décoration
exécutée par Melozzo pour une des salles du beau palais d’Urbin, — décoration
représentant dans une série de panneaux séparés le Trivium et le Quadrivium. De
cette série la Rhétorique et la Musique sont à la National Gallery de Londres; la
Logique et Y Astronomie, dont la conservation est bien moins satisfaisante, sont à
Berlin.

L'école d’Ombrie n’est représentée cette année que par une curieuse petite pein-
ture. la Vierge et l'Enfant (à M. R. IL Bensno) qui est certainement de Fiorezo di
Lorenzo, mais que le catalogue, par une étrange erreur, prête à Cima da Conegliano.
C'est à ce dernier qu’appartient probablement un intéressant saint Jérôme que le
catalogue donne à Jean Bellin lui-même, sur la foi d’une signature apocryphe. Deux
petits saint Jérôme de Cima sont ceux de la National Gallery (vente Ilamilton) et
du Musée Brera de Milan ; celui-ci est plus tranchant, moins harmonieux de couleur,
et ce sont ces différences qui m’empêchent de l’attribuer avec certitude à Cima. Le
type du Saint Jérôme rappelle Marco Basaiti.

Deux tableaux d'un autre élève de Jean Bellin, Vincenzo Catena, ont pour sujet,
l’un la Vierge et l'Enfant, avec, saint Jean Baptiste et sainte Barbe (Mlle Hertz), l’autre
le Christ donnant les clefs à Saint Pierre (au docteur J.-P. Richler). On ne saurait
soutenir l’attribution à Andrea Mantegna lui-même d’une Vierge avec l’Enfant (à
M. Charles Butler) de l’École padouane. Cette peinture a cependant une certaine 1

1. M. Schmarsow s’efforce, clans son livre Melozzo da Forli, de prouver que le tableau
en question est cle Juste le Grand.
 
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