LA SCULPTURE FLORENTINE.
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position est toujours encombrée, surchargée de figures, tandis qu’ici
nous trouvons une simplicité qui évoque le souvenir d’André de
Pise. N’était dans notre bas-relief un rocher trop lourdement accusé,
l’œuvre serait vraiment sans reproche. — Enfin, Ghiberti, qui dans
ses Commentaires cite toutes les œuvres qu’il a faites et qui en parti-
culier énumère complaisamment les trois statues qu’il fit pour Or
san Michèle, ne parle pas de ce Saint Jacques. — Si j’insiste, c’est qu’il
faut toutes ces raisons pour ne pas attribuer à Ghiberti un bas-relief
qui sur certains points porte si manifestement les marques de son art.
Dans ma pensée, la statue de Saint Jacques et le bas-relief qui
l’accompagne ne peuvent appartenir qu’à un maître plus âgé que
Ghiberti de vingt ans environ, à un de ces admirables artistes qui ont
sculpté la porte de la Mandorla. Tout dans notre bas-relief rappelle,
en effet, le style de cette porte. Les enroulements qui l’encadrent si
délicieusement sont la copie même des ornements de la porte de la
Mandorla, et le style des figures, avec cette profondeur de sentiment
unie à tant de jeunesse et de charme, ce naturel si exempt de
maniérisme, c’est un style que Ghiberti lui-même ne possédera plus
avec une telle pureté, et qui ne se rencontre à cet état de perfection
que dans cette porte de la Mandorla qui illustre le nom de Nicolo di
Piero d’Arezzo.
Nicolo d’Arezzo, comme ses collaborateurs et ses contemporains,
excelle surtout dans' le bas-relief et la décoration. Il n’atteint pas à
beaucoup près à la même beauté dans ses statues monumentales. Ce
caractère un peu mou, sans grande énergie, qui apparaît dans le
Saint Marc du dôme de Nicolo d’Arezzo, nous le retrouvons dans le
Saint Jacques d’Or san Michèle. Et dans ces deux statues on peut
remarquer la même recherche d’individualisme dans les traits du
visage et, pour le style général, à défaut de grandeur, une parfaite
convenance et une juste mesure dans l’attitude, le mouvement et le
pli des draperies. Comme argument accessoire pour justifier l’attri-
bution du Saint Jacques à Nicolo d’Arezzo, je rappellerai que ce maître
a travaillé à Or san Michèle, il est l’auteur des deux ravissantes
statuettes de Y Annonciation qui surmontent la niche du Saint Mathieu
de Ghiberti ; et cette association dans un même travail des deux
noms de Ghiberti et de Nicolo d’Arezzo est un nouvel argument en
faveur des rapports que je cherche à établir entre ces deux artistes 1.
1. Dans celte discussion, je n’ai pas fait intervenir le nom de Nanni di Banco.
Le faire de ce maître dans les draperies de ses grandes statues est en effet d’une
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position est toujours encombrée, surchargée de figures, tandis qu’ici
nous trouvons une simplicité qui évoque le souvenir d’André de
Pise. N’était dans notre bas-relief un rocher trop lourdement accusé,
l’œuvre serait vraiment sans reproche. — Enfin, Ghiberti, qui dans
ses Commentaires cite toutes les œuvres qu’il a faites et qui en parti-
culier énumère complaisamment les trois statues qu’il fit pour Or
san Michèle, ne parle pas de ce Saint Jacques. — Si j’insiste, c’est qu’il
faut toutes ces raisons pour ne pas attribuer à Ghiberti un bas-relief
qui sur certains points porte si manifestement les marques de son art.
Dans ma pensée, la statue de Saint Jacques et le bas-relief qui
l’accompagne ne peuvent appartenir qu’à un maître plus âgé que
Ghiberti de vingt ans environ, à un de ces admirables artistes qui ont
sculpté la porte de la Mandorla. Tout dans notre bas-relief rappelle,
en effet, le style de cette porte. Les enroulements qui l’encadrent si
délicieusement sont la copie même des ornements de la porte de la
Mandorla, et le style des figures, avec cette profondeur de sentiment
unie à tant de jeunesse et de charme, ce naturel si exempt de
maniérisme, c’est un style que Ghiberti lui-même ne possédera plus
avec une telle pureté, et qui ne se rencontre à cet état de perfection
que dans cette porte de la Mandorla qui illustre le nom de Nicolo di
Piero d’Arezzo.
Nicolo d’Arezzo, comme ses collaborateurs et ses contemporains,
excelle surtout dans' le bas-relief et la décoration. Il n’atteint pas à
beaucoup près à la même beauté dans ses statues monumentales. Ce
caractère un peu mou, sans grande énergie, qui apparaît dans le
Saint Marc du dôme de Nicolo d’Arezzo, nous le retrouvons dans le
Saint Jacques d’Or san Michèle. Et dans ces deux statues on peut
remarquer la même recherche d’individualisme dans les traits du
visage et, pour le style général, à défaut de grandeur, une parfaite
convenance et une juste mesure dans l’attitude, le mouvement et le
pli des draperies. Comme argument accessoire pour justifier l’attri-
bution du Saint Jacques à Nicolo d’Arezzo, je rappellerai que ce maître
a travaillé à Or san Michèle, il est l’auteur des deux ravissantes
statuettes de Y Annonciation qui surmontent la niche du Saint Mathieu
de Ghiberti ; et cette association dans un même travail des deux
noms de Ghiberti et de Nicolo d’Arezzo est un nouvel argument en
faveur des rapports que je cherche à établir entre ces deux artistes 1.
1. Dans celte discussion, je n’ai pas fait intervenir le nom de Nanni di Banco.
Le faire de ce maître dans les draperies de ses grandes statues est en effet d’une