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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 11.1894

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Nr. 5
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Maindron, Maurice: Les collections d'armes du Musée d'Artillerie, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24664#0413

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398

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

un magnifique bouclier repoussé que l’on peut voir au Musée
(Armeria Real) de Madrid et où il s’est représenté sous forme d’un
taureau furieux fondant sur un homme armé d’un bouclier portant
l’inscription Negroli. Le Negroli para-t-il le coup? 11 est permis de le
croire, car la grande maison de Milan garda jusqu’au bout la clientèle
impériale, comme Desiderius Kolmann, du reste, et nous savons
que ce fut l’Augsbourgeois qui exécuta ce magnifique chanfrein,
faisant partie d’une armure du roi Philippe II, et que possède notre
Musée d’Artillerie.

Ce chanfrein, dont nous avons donné précédemment une gravure,
est d’une grande sévérité de style et de la plus extrême richesse. Il
représente un vrai chef-d’œuvre de forge, de repoussé, de ciselure,
d’incrustation, et malgré le luxe du décor et du métal employé, il
reste dans une note sage et, si l’on peut dire, souverainement distin-
guée. C'est bien là le ton et la tenue qui convenaient aux harnois de
ce terrible roi catholique qui sembla faire porter le deuil à la pénin-
sule pendant toute la durée de son règne. Le chanfrein est d’acier
noirci au feu, des bandes d’ornements incrustés en or s’allient à des
séries de mascarons et d’ornements courants incrustés avec la plus
grande finesse. Sur le front est l’écusson d’Espagne brisé d’un lambel,
indiquant que l’armure a été faite à l’époque où Philippe n’était
encore qu’héritier présomptif de la couronne. On peut voir, à côté
de ce chanfrein, deux rondelles d’armures et deux cubitières qui
faisaient partie du même harnois. Le reste de cette panoplie est un
des plus beaux ornements de l’Armeria Real.

Si l’on compare à cette unique pièce d’armes cet autre chanfrein
de travail sans doute français, comme l’indique le parti général des
ornements, on verra vite que tout l’avantage est du côté du Plattner
d’Augsbourg. Les motifs décoratifs sont trop pressés, trop chargés et
nous font penser à des cuirs plutôt qu’à une arme défensive d’acier.
On remarquera combien est grande la réserve qui a présidé à l’orne-
mentation du chanfrein de Philippe II, et combien cette ornementa-
tion papillote peu malgré sa splendeur. Ces qualités se retrouvent
dans la fameuse armure dite aux Lions que nous n’hésitons pas à
considérer comme une bonne production allemande à laquelle
Desiderius Kolmann n’a pas dû rester étranger. Dans l’accentuation
énergique des tètes de bêtes on retrouve bien une imitation timide
des travaux des Negroli de Milan, mais on y retrouve plus encore les
formes et les caractères propres aux mufles des vieux harnois alle-
mands, de 1520 environ. C’est, en tous cas, une œuvre de maître, où
 
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