COLLECTIONS D’ARMES DU MUSÉE D’ARTILLERIE. 403
des Allemands qui l’ont exécutée, ils en ont au moins fourni les
dessins autant qu’Etienne de Laune ; les captifs et les trophées se
retrouveraient chez Stephanus comme dans le recueil de Hefner-
Alteneck édité par Brückmann. Cette arme surfaite manque d’origi-
nalité tout comme le fameux bouclier de Charles-Quint, conservé au
château de Skoklester, encore que ce dernier paraisse d’exécution
italienne à cause de son style ronflant, de son manque de mesure et
de sagesse dans les contours, défauts que rachète à peine le beau
dessin des figures dans la manière de Michel-Ange. Dans ces deux
boucliers on retrouve des figures antiques.
On peut dire, d’une manière générale, que les compositions
empruntées à Etienne de Laune se reconnaissent par leur manque
de grandeur, l’abondance trop grande des trophées et des faisceaux
de drapeaux, qui sont un élément décoratif lourd et mauvais, un
vrai signe de décadence. Ces drapeaux se retrouvent partout et
suffiraient presque à classer les productions par catégories.
Les premiers qui ont attribué à Jules Romain les dessins dont
s’inspira l’armurier qui repoussa l’admirable armure reproduite ici
hors texte et dont une vue de dos a été publiée précédemment, ont
commis une de ces lourdes fautes archéologiques dont ils auront à
répondre devant l’histoire1. Cette version aussi fausse que fantaisiste
fit plus rapidement son chemin qu’une saine vérité, on la trouve
répétée par la direction du Musée sur les héliogravures qu’elle met
en vente, et nous devons nous-mème nous confesser de l’avoir vulga-
risée trop facilement dans notre petit manuel sur les armes.
Cette armure date de l’extrême fin du xvic siècle, quoi qu’on en
puisse dire s’appuyant sur le profil très beau de son armet et l’am-
pleur de ses cubitières. La forme de ses grands cuissots en écrevisse
est celle des panoplies de Louis XIII, d’Henri IV au moins. La déco-
ration est bonne, parce qu’elle possède une certaine puissance à
cause des dimensions un peu grandes des figures. Mais à la regarder
on fit trop longtemps honneur au ciseleur florentin. Il a donné d’excellentes
figures de ces boucliers, précieuses pour l’étude. Le bouclier de Skoklester était
déposé jadis à Prague où il fut volé par le général suédois Wrangel pendant la
guerre de Trente ans, et emporté à Upsal. Bien qu’on le considère comme ayant
appartenu à Charles-Quant, il convient de le considérer comme moins ancien
peut-être.
1. Ils se nommaient Dubois et Marchais et publièrent à Paris, en 1807, un
recueil intitulé : Dessins des armures complètes, casques.qui composent le Musée
impérial de l’artillerie de France.
des Allemands qui l’ont exécutée, ils en ont au moins fourni les
dessins autant qu’Etienne de Laune ; les captifs et les trophées se
retrouveraient chez Stephanus comme dans le recueil de Hefner-
Alteneck édité par Brückmann. Cette arme surfaite manque d’origi-
nalité tout comme le fameux bouclier de Charles-Quint, conservé au
château de Skoklester, encore que ce dernier paraisse d’exécution
italienne à cause de son style ronflant, de son manque de mesure et
de sagesse dans les contours, défauts que rachète à peine le beau
dessin des figures dans la manière de Michel-Ange. Dans ces deux
boucliers on retrouve des figures antiques.
On peut dire, d’une manière générale, que les compositions
empruntées à Etienne de Laune se reconnaissent par leur manque
de grandeur, l’abondance trop grande des trophées et des faisceaux
de drapeaux, qui sont un élément décoratif lourd et mauvais, un
vrai signe de décadence. Ces drapeaux se retrouvent partout et
suffiraient presque à classer les productions par catégories.
Les premiers qui ont attribué à Jules Romain les dessins dont
s’inspira l’armurier qui repoussa l’admirable armure reproduite ici
hors texte et dont une vue de dos a été publiée précédemment, ont
commis une de ces lourdes fautes archéologiques dont ils auront à
répondre devant l’histoire1. Cette version aussi fausse que fantaisiste
fit plus rapidement son chemin qu’une saine vérité, on la trouve
répétée par la direction du Musée sur les héliogravures qu’elle met
en vente, et nous devons nous-mème nous confesser de l’avoir vulga-
risée trop facilement dans notre petit manuel sur les armes.
Cette armure date de l’extrême fin du xvic siècle, quoi qu’on en
puisse dire s’appuyant sur le profil très beau de son armet et l’am-
pleur de ses cubitières. La forme de ses grands cuissots en écrevisse
est celle des panoplies de Louis XIII, d’Henri IV au moins. La déco-
ration est bonne, parce qu’elle possède une certaine puissance à
cause des dimensions un peu grandes des figures. Mais à la regarder
on fit trop longtemps honneur au ciseleur florentin. Il a donné d’excellentes
figures de ces boucliers, précieuses pour l’étude. Le bouclier de Skoklester était
déposé jadis à Prague où il fut volé par le général suédois Wrangel pendant la
guerre de Trente ans, et emporté à Upsal. Bien qu’on le considère comme ayant
appartenu à Charles-Quant, il convient de le considérer comme moins ancien
peut-être.
1. Ils se nommaient Dubois et Marchais et publièrent à Paris, en 1807, un
recueil intitulé : Dessins des armures complètes, casques.qui composent le Musée
impérial de l’artillerie de France.