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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 11.1894

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Nr. 5
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Gruyer, Gustave: Vittore Pisano, appelé aussi le Pisanello, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24664#0438

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422

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

tateur ; sa queue est nouée par Je bout et en partie enveloppée d’un
ruban. 11 atteste chez le peintre une science peu commune, au service
d’une main fort habile. Un cheval à peu près pareil figure sur les
médailles de Jean-François Gonzague et de Malatesta Novello.

A la droite du cheval de saint Georges, la princesse, que le
vaillant chevalier avait sauvée en tuant le dragon prêt à fondre sur
elle, est debout et regarde du côté de son libérateur. Elle est
vêtue d'une magnifique robe à ramages dont les plis traînent à terre,
et sur ses cheveux relevés, qu’on aperçoit seulement à la tempe et à
la nuque, elle porte une énorme coiffure bouffante, avec des ornements
entre-croisés, qui ne l’empêchent pas de paraître belle, tant il y a de
dignité dans son maintien, de distinction dans ses traits, de déli-
catesse dans les lignes du nez, de la bouche et du menton. Elle a le
front bombé et très découvert, comme Marguerite Gonzague, comme
Isotte de Rimini. Dans cette svelte figure Pisano s'est surpassé
lui-même. C'est à elle que le regard revient toujours, et cependant
elle ne mérite pas seule d’attirer l’attention.

Quelle fière allure, par exemple, a ce guerrier campé derrière
elle sur un cheval vu de face ! Il tient de ia main droite une lance
extrêmement longue, dont une des extrémités pose à terre. Un casque
en relief, qu’on prendrait pour l’œuvre d’un orfèvre éminent, ne
laisse voir de son visage qu’un peu du front, les yeux, et un nez aux
larges narines vues par en dessous; la physionomie a une énergie
presque sauvage et un caractère oriental très prononcé. Le cheval,
sous ses harnais somptueux également en relief, comme ceux des
autres cavaliers dans cette fresque, est aussi d’une étonnante vérité;
ses yeux et ses naseaux accusent une vie intense et l’ardeur d’un
sang généreux.

A l’extrémité de la composition, un bélier est assis, et, plus
haut, on remarque, comme dans le tableau de la National Gallery,
deux tètes de chevaux (le reste du corps se trouve en dehors de la
fresque). Ces chevaux ont la bouche ouverte; ils montrent leurs
dents et leur langue, qui ont été étudiées avec un soin méticuleux.

Dans le fond, au delà de quelques collines parsemées d’une
maigre verdure, Pisano a accumulé sur une hauteur les monuments
d’une ville imaginaire. Ceux de gauche sont des réminiscences de
1 architecture usitée en Italie pour les palais municipaux. Les deux
qu’on voit à droite sont de style gothique, et les plus minutieux
détails n’ont pas été omis. Le plus grand, à l’extrémité, rappelle par
sa disposition générale la partie supérieure du tabernacle d'Orcagna
 
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