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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 11.1894

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Nr. 6
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Wyzewa, Teodor de: Le Salon de 1894, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24664#0467

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450

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

n’a été plus vivant, si toutefois il suffit à un art, pour paraître en
vie, de tenir beaucoup de place et de faire grand bruit. Ali ! le temps
est loin où trois salles du Louvre suffisaient à contenir tout ce que
l’on jugeait digne d’ètre montré au public, parmi les œuvres d’art
d’une année! Deux énormes palais débordant, à chaque mois de mai,
d’œuvres d'art nouvelles; et dans les deux palais, au jour du vernis-
sage, une foule d’amis des arts si nombreuse et si recueillie, qu’on
se trouve littéralement empêché de sortir d’une salle quand une fois
on y est entré! Voilà de quoi faire réfléchir ces esprits chagrins
qui se plaignent de la décadence de l’art et de l’affaiblissement
du goût. J’aurais voulu les voir, ces éternels mécontents, au
dernier vernissage du Palais de l’Industrie : plusieurs, j’imagine,
y auraient laissé leur vie, étouffés dans la cohue ; mais tous y
auraient laissé, en tout cas, les importunes préventions de leur pes-
simisme.

Critique consciencieux, j’ai suivi la foule, tour à tour, au Palais
du Champ-de-Mars et au Palais de l’Industrie. Pourtant, il m'a été
impossible, cette fois encore, de découvrir entre les deux Salons
aucune différence, à cela près qu’ils se trouvent sur deux rives dif-
férentes de la Seine, et que les exposants ont le droit de nous mon-
trer un bien plus grand nombre de leurs ouvrages dans l’un que
dans l’autre. Pour le reste, ressemblance complète entre les deux
Salons : plus complète même cette année que les précédentes, comme
si les artistes des deux camps opposés, par manière de galanterie,
multipliaient indéfiniment leurs concessions réciproques. On m’a
bien affirmé que le Salon des Champs-Elysées était l'asile de l’art
académique, et le Salon du Champ-de-Mars la forteresse des arts
nouveaux. Mais j’ai eu beau chercher, je n’ai trouvé nulle part la
trace d’un art véritablement nouveau. Et l’art académique aussi,
j'ai eu beau le chercher dans les deux Salons ; à moins que l’on
n’entende par ce mot un art froid, sans caractère, tout de formules et
de procédés, auquel cas je n’ai guère, dans les deux Salons, ren-
contré autre chose.

De sorte que, malgré les différences signalées plus haut, je conti-
nuerai, si mes lecteurs m’y autorisent, à considérer les deux Salons
comme la succursale l'un de l’autre, et à en parler comme d’un seul.
Pourvu qu’une peinture soit intéressante, il importe peu qu’elle soit
mise en montre au Champ-de-Mars ou aux Champs-Elysées ; et parce
qu’il a plu à M. Edouard Sain d’émigrer sur la rive gauche, tandis
que M. Machard a préféré rester sur la rive droite, je ne me pri-
 
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