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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
malgré la tradition, n’a jamais servi à Marie-Antoinette, possède une
alcôve demi-cintrée et des glaces à couronnement d’une délicate
exécution. Sur les portes et dans la partie supérieure des panneaux
sont encastrés des vases de fleurs peints dans le goût des Tessier et
des Leriche. Des enroulements de feuillages et des consoles à feuilles
d’acanthe en bronze ciselé, sont encastrés dans le marbre de la che-
minée. Bien que divisée en deux par une cloison provisoire, l’anti-
chambre montre dans la niche de son poêle une statue de Flore tenant
une guirlande, sculpture en pierre que l’on peut attribueràFalconnet;
vis-à-vis se trouve un bas-relief encadré de pilastres corinthiens. Dans
la chambre à coucher du ministre, les trumeaux des portes sont
décorés de vases de fleurs en bois doré; sur l’un des côtés est une
cheminée demi-circulaire dont le principal motif est un masque
d’Apollon entre deux guirlandes d’olivier et des consoles cannelées
en bronze doré. Fine deuxième chambre à coucher offre un encadre-
ment d’alcôve et des panneaux sculptés à guirlandes de fleurs.
Cette longue nomenclature est loin d’avoir épuisé tout ce qui
peut intéresser le curieux au ministère de la Marine. Les appar-
tements de l’entresol et ceux du deuxième étage renferment encore
d’autres décorations sculptées, des cheminées ornées de bronzes
dorés, des restes de fleurs peintes sur verre, semblables à celles des
boudoirs de Fontainebleau. On y trouve également des bureaux, chefs-
d’œuvre de l’ébénisterie de Louis XIY et de la Régence, de grands
buffets exécutés par Cressent sur les dessins des Slodtz pour le roi
Louis XV, qui sont uniques par leur importance et par la beauté
de leurs cuivres, des pendules, des candélabres, des bras de lumière
et des lustres qui proviennent des anciens palais royaux. Nous
ajouterons que les magasins du Mobilier national possèdent un cer-
tain nombre de grandes armoires-vitrines décorées des masques du
Soleil sculptés et dorés, que l’on voyait dans les salles d’exposition du
Garde-Meuble avant la Révolution.
A l’extrémité occidentale de la place Louis XY, le pavillon situé à
l’angle de la rue Boissy-d’Anglas a reçu le nom d’Hôtel de Crillon,
bien qu’il ait été disposé primitivement pour le duc d’Aumont,
premier gentilhomme de la chambre, et l’un des curieux les plus
raffinés de son époque. 11 avait confié la décoration intérieure de sa
demeure à l’architecte Pâris, dessinateur du Cabinet du Roi, qui a
légué au Musée de Besançon la majeure partie des compositions
destinées à cet hôtel. Le duc d’Aumont s’est rendu célèbre par la
protection qu’il accordait au ciseleur Gouthière, dont il possédait
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
malgré la tradition, n’a jamais servi à Marie-Antoinette, possède une
alcôve demi-cintrée et des glaces à couronnement d’une délicate
exécution. Sur les portes et dans la partie supérieure des panneaux
sont encastrés des vases de fleurs peints dans le goût des Tessier et
des Leriche. Des enroulements de feuillages et des consoles à feuilles
d’acanthe en bronze ciselé, sont encastrés dans le marbre de la che-
minée. Bien que divisée en deux par une cloison provisoire, l’anti-
chambre montre dans la niche de son poêle une statue de Flore tenant
une guirlande, sculpture en pierre que l’on peut attribueràFalconnet;
vis-à-vis se trouve un bas-relief encadré de pilastres corinthiens. Dans
la chambre à coucher du ministre, les trumeaux des portes sont
décorés de vases de fleurs en bois doré; sur l’un des côtés est une
cheminée demi-circulaire dont le principal motif est un masque
d’Apollon entre deux guirlandes d’olivier et des consoles cannelées
en bronze doré. Fine deuxième chambre à coucher offre un encadre-
ment d’alcôve et des panneaux sculptés à guirlandes de fleurs.
Cette longue nomenclature est loin d’avoir épuisé tout ce qui
peut intéresser le curieux au ministère de la Marine. Les appar-
tements de l’entresol et ceux du deuxième étage renferment encore
d’autres décorations sculptées, des cheminées ornées de bronzes
dorés, des restes de fleurs peintes sur verre, semblables à celles des
boudoirs de Fontainebleau. On y trouve également des bureaux, chefs-
d’œuvre de l’ébénisterie de Louis XIY et de la Régence, de grands
buffets exécutés par Cressent sur les dessins des Slodtz pour le roi
Louis XV, qui sont uniques par leur importance et par la beauté
de leurs cuivres, des pendules, des candélabres, des bras de lumière
et des lustres qui proviennent des anciens palais royaux. Nous
ajouterons que les magasins du Mobilier national possèdent un cer-
tain nombre de grandes armoires-vitrines décorées des masques du
Soleil sculptés et dorés, que l’on voyait dans les salles d’exposition du
Garde-Meuble avant la Révolution.
A l’extrémité occidentale de la place Louis XY, le pavillon situé à
l’angle de la rue Boissy-d’Anglas a reçu le nom d’Hôtel de Crillon,
bien qu’il ait été disposé primitivement pour le duc d’Aumont,
premier gentilhomme de la chambre, et l’un des curieux les plus
raffinés de son époque. 11 avait confié la décoration intérieure de sa
demeure à l’architecte Pâris, dessinateur du Cabinet du Roi, qui a
légué au Musée de Besançon la majeure partie des compositions
destinées à cet hôtel. Le duc d’Aumont s’est rendu célèbre par la
protection qu’il accordait au ciseleur Gouthière, dont il possédait