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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 21.1899

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Nr. 2
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Hymans, Henri: Correspondance de Belgique
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https://doi.org/10.11588/diglit.24685#0180

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CORRESPONDANCE DE BELGIQUE

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ce qu'il dénomme le Collectivisme de Tutilité. L’État, armé d’une sorte d’édit
Pacca, disposerait d’un droit de contrôle sur les œuvres et objets d’art appar-
tenant au domaine privé et userait d’un droit de préemption en cas de vente. La
loi contiendrait une clause, renforcée de sanction pénale, contraignant les pro-
priétaires à répondre à un questionnaire, à tenir l’autorité au courant de leurs
acquisitions ou de leurs intentions de vente, l’État ayant l’option à prix égal.
Évidemment, c’est pousser les choses à l’extrême, et l’initiative privée irait
peut-être beaucoup au delà de l’intervention officielle, là où il s’agit de conserver
au pays des œuvres d’art faites pour l’intéresser. C’est ainsi qu’actuellement, à
Gand, une association constituée sous le nom des Amis du Musée est en
instance pour acquérir une intéressante peinture ayant servi de prédelle à un
Crucifiement de la cathédrale de Saint-Bavon, et représentant la Prise de Jérusa-
lem. Ce morceau, surtout curieux, peuplé d’une multitude de figurines, appar-
tient à un particulier ; on le donne à l’énigmatique Gérard van der Meire. Il
figura à l’exposition organisée à Bruxelles, en 1884, par l’Académie de Belgique
au profit de la Caisse centrale des artistes.

La vaste entreprise de travaux publics en cours d’exécution dans la capitale
des Flandres va doter la ville de Gand d'un nouveau musée, lequel, sous le
rapport de l’éclairage et de la distribution, comme aussi de la situation, paraît
devoir répondre aux exigences des amateurs. Sans être bien riche, le musée de
Gand compte des pages intéressantes, dont plusieurs, malheureusement, assez
mal conservées.

La décoration murale de la Salle des États, à l’hôtel de ville, où fut signé, en
1576, le fameux accord connu sous le nom de « Pacification de Gand », paraît
décidée. Les artistes trouveront dans les souvenirs évoqués par cet intéressant
milieu, l’occasion de sujets dignes de leur pinceau.

La décoration des Halles d’Ypres, en revanche, demeure inachevée. Un pein-
tre de talent original, Louis Delbeke, chargé de ce travail, le poursuivit pen-
dant plusieurs années, non sans se voir l’objet de vives attaques des puristes, ce
qui ne l’empêcha pas, d’ailleurs, de bien harmoniser son œuvre avec le milieu où
elle figure. Malheureusement, la mort, comme dans les images des maîtres qu’il
aimait, vint le surprendre au milieu de son œuvre, que voilà interrompue depuis
tantôt dix ans. La galerie elle-même est dans un tel état d’abandon que les pieds y
enfoncent dans la couche de sable qui attend son dallage. Comme le musée d’Ypres
possède les croquis des compositions de M. Delbeke, il se trouvera bien sans
doute quelque artiste consciencieux en état de mener le travail à bonne fin.

La Salle des échevins de l’hôtel de ville, en retour du bâtiment des Halles,
possède une curieuse frise, très ancienne, malheureusement très repeinte, figu-
rant les comtes et les comtesses de Flandre, jusqu’à Charles le Téméraire. Les
« restaurations » ayant été faites sur un enduit trop frais, celui-ci s’est détaché
et un bon morceau de la frise est à refaire, besogne doublement fâcheuse quand
il s’agit de portraits historiques.

La maison des Templiers, une des constructions privées les plus anciennes
du pays et que l’on attribue, non sans vraisemblance, à l’architecte même des
Halles, est actuellement en voie d’appropriation pour, après tantôt six siècles,
renaître à une nouvelle vie comme bureau central des Postes. Vraiment les
immeubles ont aussi leur destinée !

xxi. — 3* PÉRIODE.

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