Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 36.1906

DOI Heft:
Nr. 6
DOI Artikel:
Jamot, Paul: Le salon d'automne, 1
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.24818#0495

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LE SALON D’AUTOMNE

467

deux cents œuvres, peintures, aquarelles, pastels, dessins, gravures,
sculptures sur bois, céramiques, paysages, figures, grandes com-
positions, natures mortes. Nous suivons ainsi, sur des documents
significatifs, les quinze ou dix-huit ans de travail pendant lesquels
Gauguin évolua, toujours en progrès vers ce qui était sa véritable
prédestination, c’est-à-dire vers le plus haut degré de stylisation et
vers la plus haute exaltation de la couleur.

Ce sont d’abord, de 1885 à 1890, les paysages de France (surtout
de Bretagne), dont les premiers sont encore tout pénétrés d’impres-
sionnisme et sentent l’élève émancipé qui est resté l’ami de Pis-
sarro : la Jeune Bretonne (188G, coll. Fayet), assise, les jambes
allongées, sur un mur de pierres sèches d’où elle surveille son trou-
peau de moutons noirs et blancs, tableau charmant qui n’est pas
indigne d’évoquer le souvenir de Millet; la Rivière blanche (coll.
Fabre), lumineuse et d’une originale mise en toile; Paysan breton
et cochons (1888, coll. Fayet); la Meule de paille (1888, coll. de
Montfreid), où le dos nu de la femme en coiffe blanche est un superbe
morceau; les Lavandières au bord du Rhône (1888, coll. Fayet),
qui annonce déjà cet « enthousiasme de la couleur exaltée » qu’ho-
norait Carrière; enfin l’admirable Champ de pommes de terre
(1890, coll. Fayet), beau d’une double beauté de matière et d’àme,
comme le plus riche tapis et comme le plus expressif des paysages
que Fouquet peignait à l’arrière-plan de ses miniatures.

Puis, l’heure vint où sa maturité, chargée de tous les acquêts
des vieilles esthétiques occidentales, retrouva sa vraie patrie dans
une île lointaine et chez un peuple enfant.

Avant de le donner à l’Océanie, son inquiétude et son instinct
l’avaient déjà poussé hors d’Europe. Sans parler de l'époque où il
passait à Lima quatre années de son enfance, ni des voyages qu’il
fit, de dix-sept à vingt-deux ans, comme mousse de la marine mar-
chande, puis comme matelot de l’Etat, il était parti en 1887 pour
la Martinique où il demeura plusieurs mois. C’est alors que fut
peint le charmant Rorcl de mer appartenant à M. Ernest Cros : lon-
geant le triangle bleu de la baie, des figures drapées de rose ou de
blanc marchent ou s’assoieni sous les grands arbres. On croit
saisir ici le lien qui rattache à Puvis de Chavannes le point de
départ décoratif de Gauguin.

Parmi ceux que nous montre l’exposition du Grand Palais, les
plus anciens des tableaux exécutés à Tahiti sont de 1891 : par exemple,
la belle Nature morte (appartenant à M. Yollard), où l’on voit un
 
Annotationen