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GAZETTE DES BEAUX-A RTS
ses compatriotes, mais encore qu’ayant quitté son pays de bonne
heure (dès 1788, dit-on) pour n’y plus revenir, il passa presque toute
sa vie en Hollande, à Amsterdam, où il devait rester jusqu’à sa mort?
La section des miniatures s’est enrichie également de quelques
menues œuvres charmantes, dont certaines ne sont pas sans avoir
été orientées vers le Louvre par le très légitime succès de l'expo-
sition de la Bibliothèque Nationale. C’est ainsi qu’en même temps
que le hasard permettait d’acquérir un fin petit médaillon de
Sicardi, daté de 1782 (Portrait du marquis de Crée//), deux des pièces
d’Augustin qui avaient figuré à cette exposition entraient simul-
tanément dans nos collections nationales : l’une (Portrait de Mmc de
Carcado ou Iierkado) par suite d’un aimable don de M. 0. Stettiner;
l’autre, de beaucoup la plus importante et la plus précieuse pour
nous, grâce au généreux concours de la Société des Amis du Louvre,
qui a très gracieusement participé à l’achat. Cette œuvre, d’assez
grande dimension, très librement jetée et ébauchée par l’habile
miniaturiste, qui y a déjà mis les accents essentiels, soignant surtout
la figure, en robe blanche coupée par une écharpe jaune safrané du
plus brillant effet, a une verve de premier jet que ne gardèrent pas
toujours ses miniatures achevées. Tel de nos modernes coloristes,
un Besnard, par exemple, ne serait pas sans y retrouver un peu de
son esprit. C’est une élève de l’artiste, Fanny Charrin, qui est ici
représentée, montrant le Temple de l’Amitié, dont elle « connoit
toutes les issues », et où « la Reconnaissance la conduit ». Ces in-
scriptions sentimentales sont un reflet du temps. On en trouverait
l'analogue dans l’intéressant portrait de jeune femme, au bras
blessé tenu par une écharpe, un des chefs-d’œuvre d’Augustin
conservés au Louvre, près duquel cette savoureuse ébauche était
très digne de se placer.
Mais c’est surtout la peinture du xixe siècle qui a reçu quelques
notables enrichissements. Un des plus heureux fut l’entrée presque
simultanée au Louvre de deux portraits importants et célèbres de
Théodore Chassériau, ayant figuré tous deux à la seconde Exposition
des Portraits du siècle, en 1885, et que les admirateurs du peintre
estimaient depuis longtemps à leur juste valeur. L’un, daté de 1835,
représentant Marilhat tout jeune encore, à son retour d’Egypte, et
qui vient d’être libéralement transmis au Louvre, en exécution des
volontés dernières d’une de scs nièces, Mme Cathrein, née Marilhat,
est un des premiers et plus précieux témoignages de l’extraordi-
naire précocité de Chassériau. N’ayant encore que seize ans, il est
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ses compatriotes, mais encore qu’ayant quitté son pays de bonne
heure (dès 1788, dit-on) pour n’y plus revenir, il passa presque toute
sa vie en Hollande, à Amsterdam, où il devait rester jusqu’à sa mort?
La section des miniatures s’est enrichie également de quelques
menues œuvres charmantes, dont certaines ne sont pas sans avoir
été orientées vers le Louvre par le très légitime succès de l'expo-
sition de la Bibliothèque Nationale. C’est ainsi qu’en même temps
que le hasard permettait d’acquérir un fin petit médaillon de
Sicardi, daté de 1782 (Portrait du marquis de Crée//), deux des pièces
d’Augustin qui avaient figuré à cette exposition entraient simul-
tanément dans nos collections nationales : l’une (Portrait de Mmc de
Carcado ou Iierkado) par suite d’un aimable don de M. 0. Stettiner;
l’autre, de beaucoup la plus importante et la plus précieuse pour
nous, grâce au généreux concours de la Société des Amis du Louvre,
qui a très gracieusement participé à l’achat. Cette œuvre, d’assez
grande dimension, très librement jetée et ébauchée par l’habile
miniaturiste, qui y a déjà mis les accents essentiels, soignant surtout
la figure, en robe blanche coupée par une écharpe jaune safrané du
plus brillant effet, a une verve de premier jet que ne gardèrent pas
toujours ses miniatures achevées. Tel de nos modernes coloristes,
un Besnard, par exemple, ne serait pas sans y retrouver un peu de
son esprit. C’est une élève de l’artiste, Fanny Charrin, qui est ici
représentée, montrant le Temple de l’Amitié, dont elle « connoit
toutes les issues », et où « la Reconnaissance la conduit ». Ces in-
scriptions sentimentales sont un reflet du temps. On en trouverait
l'analogue dans l’intéressant portrait de jeune femme, au bras
blessé tenu par une écharpe, un des chefs-d’œuvre d’Augustin
conservés au Louvre, près duquel cette savoureuse ébauche était
très digne de se placer.
Mais c’est surtout la peinture du xixe siècle qui a reçu quelques
notables enrichissements. Un des plus heureux fut l’entrée presque
simultanée au Louvre de deux portraits importants et célèbres de
Théodore Chassériau, ayant figuré tous deux à la seconde Exposition
des Portraits du siècle, en 1885, et que les admirateurs du peintre
estimaient depuis longtemps à leur juste valeur. L’un, daté de 1835,
représentant Marilhat tout jeune encore, à son retour d’Egypte, et
qui vient d’être libéralement transmis au Louvre, en exécution des
volontés dernières d’une de scs nièces, Mme Cathrein, née Marilhat,
est un des premiers et plus précieux témoignages de l’extraordi-
naire précocité de Chassériau. N’ayant encore que seize ans, il est