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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 37.1907

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Ritter, William: Les expositions moderne et rétrospective de Munich: correspondance d'Allemagne
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

tention. M. Léo Samberger, avec ses Hofràte et ses Oberbauràte, ses magistrats et
ses prêtres, ses redingotes et ses soutanes noires, se montre de mieux en mieux
à la hauteur de Lenbach avec quelque chose en plus de convaincu, de persévérant
et de clairvoyant à quoi l’on prend un intense plaisir: ici c’est l’effort cou-
ronné de succès ; les dernières années de Lenbach, c’était un peu trop le succès
sans effort. Voici, en violent contraste, le portrait de plein air, avec M. C.-H.
Schrader-Velgen, qui assied au soleil sur le sable, en costume d’été, le baron et
la baronne de Veiga. Et, par un nouveau saut, voici une tête de femme penchée
et une Liseuse, dont toute l’expression est dans la main appuyant le front, de
Eugène Carrière, qui sont tout ce que l’on voudra de pensif, de recueilli et de
mystérieux, mais qui ont l’air copiées d’après un très fuyant bas-relief en glaise
mouillée. M. Antonio de la Gandara est mortellement froid et anémique dans son
haut portrait de M. del Solar et de ses filles. Mais voici, en fait d’Espagne, la vie
plantureuse, épanouie et grasse de la femme à la mantille et au nez court et tout
rond entre deux gros yeux méridionaux, de M.Adolfo Levier. Et voici surtout, d
M. Walter Georgi, une femme au soleil, en chapeau de paille chargé de fleurs
jaunes et en clair négligé de jardin, qui semble une vivante et toute moderne per-
sonnification de l’été, tant elle illumine la salle où elle est exposée. Mais il y a
mieux encore : c’est VAmazone de M. Angelo Jank, à cheval contre une lourde
tenture, ainsi que telle figure fantasque née d’une musique de Chopin dans
l’imagination de Aubrey Beardsley : tout y est blanc, gris, noir, sauf une basque
de la jaquette repliée, montrant un triangle de doublure mauve dont soudain
chante toute cette sobre et généreuse composition. Souhaitons-lui de vieillir en
beauté et en santé comme les Velâzquez dont une telle peinture s’inspire.

Au Glaspalastla série des bons portraits continue en progression décroissante
de mérite et d’originalité, mais M. Walter Thor doit être mis hors pair. Il appar-
tient à ce « groupe Luitpold » qui, chaque année, se montre si homogène et si
sérieux : une fois de plus devraient défiler les noms, célèbres à juste titre, de
MM. Hermann Urban, Raoid Frank, Eugen Bracht, Cari Kustner, Franz Hoch,
Hans von Bartels, Charles Palmie (qui tourne à l’impressionnisme français),
Albert Welti, Ernst Liebennann; mais, comme il n’y a pas de caractéristique nou-
velle à donner de leur talent, passons. Bien faire n’est jamais monotone ; répéter
que c’est bien l’est davantage. De même en ce qui concerne la « Scholle » : c’est le
même entrain, la même jeunesse, le même brio, les mêmes étrangetés voulues et
les mêmes noms. A ajouter à la liste des portraits le Gustave Mahler de M. Fritz
Erler, plus un dessin qu’une peinture, et qui donne toute la grâce souriante et
perspicace, la malice des yeux et de la bouche du compositeur le plus inquiétant
et le plus génial de notre époque en Autriche... et peut-être ailleurs aussi. Un
tableau russe deM. Victor Sarubin, des ombres de nuages projetées sur des gon-
flements de terres grasses entre des lacs informes et sans berges, moitié jachères
verdoyantes, moitié guérels, parsemées de quelques chaumines blanches et
sauvages, nous a donné la plus forte impression parmi les paysages des deux
expositions : c’est l’infini et c’est l’horizon sans promesses; c’est le vide et c’est la
fertilité sans espoir en dehors de toutes voies de communication, au large de
toute cité. Seules les ombres des nuages passent. C’est cru, vert et violet, et
puissant. Les gens regardent, et passent aussi. Peut-être en Allemagne plus encore
qu’en France se désintéresse-t-on de tout ce qui heurte les habitudes de l’œil et
 
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