DOI issue:
Nr. 2
DOI article:Buffenoir, Hippolyte: Dessins de maîtres du XVIIIe siècle au Musée de Stockholm
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.24864#0180
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
d’ailleurs, excellent dessinateur, bon décorateur pour les théâtres, pay-
sagiste de premier ordre; enfin on reconnaît dans toutes ses productions
ce goût, ce feu et ce génie qui caractérisent le véritable artiste. »
II. Jacques Chantreau. — Jacques Chantreau, qui travaillait à Paris
vers le milieu du xvme siècle, peignit des tableaux de chasse, de batailles,
et traita des scènes de genre. Dans ces dernières, il se rapprochait tantôt
de la manière de Watteau, tantôt de celle de Chardin.
Les deux dessins que nous allons diviser rappellent, en effet, Chardin.
Le premier : Deux enfants et
un chien, est une préparation,
croyons-nous, du tableau que
possèdelemusée deStockholm,
dans la salle française, tableau
intitulé : Cuisine avec campa-
gnards regardant danser un
chien. Dans cette œuvre, nous
retrouvons la petite tille endor-
mie du dessin, dont la pose est
si naturelle, et dont le sommeil
est bien celui de l’innocence.
Le petit garçon du dessin est
le joueur de clarinette du ta-
bleau, qui rythme la danse du
chien savant.
Le second dessin, Jeune gar-
çon assis, si bien campé, si
vivant, doit être une prépara-
tion d’un autre tableau de Chan-
treau : Petit garçon jouant avec
des cartes devant une maison
rustique, qui se trouve égale-
ment au musée de Stockholm.
Nous avons dans notre dessin
un spectateur du jeu de caries,
qui ouvre de grands yeux, et
voudrait sans doute en possé-
der un à son tour. Les héros de Chantreau sont simples : ce sont de petits
paysans; mais comme leur humanité est intéressante!
III. C.-N. Cocjiin. — Ce beau dessin, au bistre, légèrement colorié,
représente une Femme savoyarde, entourée de quatre enfants. Cette mère,
jeune et bien portante, pourrait incarner la fécondité, celle du peuple, où
souvent, dans les pauvres maisons, de nombreux enfants pullulent.
Elle a fort à faire, on le voit, mais elle ne parait pas s’inquiéter outre
mesure; une sorte de satisfaction paisible est répandue sur son visage.
Elle sait qu’elle est la providence de ces quatre petits êtres, et elle
veille. Us le savent aussi, eux, et leurs gestes ingénus l’expriment élo-
quemment. L’artiste a voulu surtout, à notre avis, mettre en relief ce
"JEUNE GARÇON ASSIS
DESSIN PAR CHANTREAU
(Musée de Stockholm.)
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
d’ailleurs, excellent dessinateur, bon décorateur pour les théâtres, pay-
sagiste de premier ordre; enfin on reconnaît dans toutes ses productions
ce goût, ce feu et ce génie qui caractérisent le véritable artiste. »
II. Jacques Chantreau. — Jacques Chantreau, qui travaillait à Paris
vers le milieu du xvme siècle, peignit des tableaux de chasse, de batailles,
et traita des scènes de genre. Dans ces dernières, il se rapprochait tantôt
de la manière de Watteau, tantôt de celle de Chardin.
Les deux dessins que nous allons diviser rappellent, en effet, Chardin.
Le premier : Deux enfants et
un chien, est une préparation,
croyons-nous, du tableau que
possèdelemusée deStockholm,
dans la salle française, tableau
intitulé : Cuisine avec campa-
gnards regardant danser un
chien. Dans cette œuvre, nous
retrouvons la petite tille endor-
mie du dessin, dont la pose est
si naturelle, et dont le sommeil
est bien celui de l’innocence.
Le petit garçon du dessin est
le joueur de clarinette du ta-
bleau, qui rythme la danse du
chien savant.
Le second dessin, Jeune gar-
çon assis, si bien campé, si
vivant, doit être une prépara-
tion d’un autre tableau de Chan-
treau : Petit garçon jouant avec
des cartes devant une maison
rustique, qui se trouve égale-
ment au musée de Stockholm.
Nous avons dans notre dessin
un spectateur du jeu de caries,
qui ouvre de grands yeux, et
voudrait sans doute en possé-
der un à son tour. Les héros de Chantreau sont simples : ce sont de petits
paysans; mais comme leur humanité est intéressante!
III. C.-N. Cocjiin. — Ce beau dessin, au bistre, légèrement colorié,
représente une Femme savoyarde, entourée de quatre enfants. Cette mère,
jeune et bien portante, pourrait incarner la fécondité, celle du peuple, où
souvent, dans les pauvres maisons, de nombreux enfants pullulent.
Elle a fort à faire, on le voit, mais elle ne parait pas s’inquiéter outre
mesure; une sorte de satisfaction paisible est répandue sur son visage.
Elle sait qu’elle est la providence de ces quatre petits êtres, et elle
veille. Us le savent aussi, eux, et leurs gestes ingénus l’expriment élo-
quemment. L’artiste a voulu surtout, à notre avis, mettre en relief ce
"JEUNE GARÇON ASSIS
DESSIN PAR CHANTREAU
(Musée de Stockholm.)