DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:Tourneux, Maurice: L' exposition Chardin-Fragonard
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
par M. Wells; or toutes trois n’ont qu’un rapport lointain avec la
mine discrète et futée, la toilette correcte, la chevelure soignée du
savant ou du médecin qui s’est glissé sous un nom emprunté dans
le salon de Mmc Charles Floquet.
Sur la fin de sa vie, Edmond de Goncourt en était venu à douter
que les deux seuls dessins qu’il possédait de Chardin fussent authen-
tiques. A plus forte raison, doit-on professer le scepticisme le plus
pyrrhonien en présence de la plupart de ceux qui figuraient rue de
Sèze; mais les sépias, les sanguines, les lavis, les mines de plomb
de Fragonard n’inspiraient pas la même défiance, car la provenance
de presque toutes ces feuilles était facile à établir et, par surcroît,
la Bibliothèque de Besançon s’était momentanément privée de quel-
ques-uns des cadres du cabinet Paris; rien, à cet égard, n’est donc
venu troubler nos jouissances, et cependant ce n’est pas d’hier que
date la spéculation qui s’est organisée sur ces fragiles chefs-d’œuvre.
M. Henri de Bothschild a mis sous nos yeux la preuve que, du
vivant de Fragonard, circulaient de frauduleux pastiches, puisque
le maître avait cru devoir, le 7 juillet 1789, — sept jours avant la
prise de la Bastille, — attester que deux de ses sépias, le Verrou et
Y Armoire, achetés par M. Mercier à la vente Varanchan (29 dé-
cembre 1777), étaient bien de sa main. Ce bout de papier, — l’un
des trois ou quatre autographes connus de Fragonard, — serait bien
de nature à jeter le trouble dans des âmes moins candides que celles
des amateurs, moins perverses que celles de leurs conseillers ordi-
naires; mais ce sont là des avertissements inutiles et inopportuns,
qui n’empêcheront ni la fraude de frapper ses victimes habituelles,
ni les assembleurs de mots de préférer à la recherche patiente, el
parfois décevante, de la réalité les généralisations vagues et les
épithètes sonores sous lesquelles se cache leur ignorance.
31 A U RI C E T 0 U R N E E X
SIGNATURE DE CHARDIN SUR LE DESSIN
a LES AMATEURS »
(Collection de M- Léon Michel-Lévy).
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
par M. Wells; or toutes trois n’ont qu’un rapport lointain avec la
mine discrète et futée, la toilette correcte, la chevelure soignée du
savant ou du médecin qui s’est glissé sous un nom emprunté dans
le salon de Mmc Charles Floquet.
Sur la fin de sa vie, Edmond de Goncourt en était venu à douter
que les deux seuls dessins qu’il possédait de Chardin fussent authen-
tiques. A plus forte raison, doit-on professer le scepticisme le plus
pyrrhonien en présence de la plupart de ceux qui figuraient rue de
Sèze; mais les sépias, les sanguines, les lavis, les mines de plomb
de Fragonard n’inspiraient pas la même défiance, car la provenance
de presque toutes ces feuilles était facile à établir et, par surcroît,
la Bibliothèque de Besançon s’était momentanément privée de quel-
ques-uns des cadres du cabinet Paris; rien, à cet égard, n’est donc
venu troubler nos jouissances, et cependant ce n’est pas d’hier que
date la spéculation qui s’est organisée sur ces fragiles chefs-d’œuvre.
M. Henri de Bothschild a mis sous nos yeux la preuve que, du
vivant de Fragonard, circulaient de frauduleux pastiches, puisque
le maître avait cru devoir, le 7 juillet 1789, — sept jours avant la
prise de la Bastille, — attester que deux de ses sépias, le Verrou et
Y Armoire, achetés par M. Mercier à la vente Varanchan (29 dé-
cembre 1777), étaient bien de sa main. Ce bout de papier, — l’un
des trois ou quatre autographes connus de Fragonard, — serait bien
de nature à jeter le trouble dans des âmes moins candides que celles
des amateurs, moins perverses que celles de leurs conseillers ordi-
naires; mais ce sont là des avertissements inutiles et inopportuns,
qui n’empêcheront ni la fraude de frapper ses victimes habituelles,
ni les assembleurs de mots de préférer à la recherche patiente, el
parfois décevante, de la réalité les généralisations vagues et les
épithètes sonores sous lesquelles se cache leur ignorance.
31 A U RI C E T 0 U R N E E X
SIGNATURE DE CHARDIN SUR LE DESSIN
a LES AMATEURS »
(Collection de M- Léon Michel-Lévy).