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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 38.1907

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Nr. 2
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Germain, Alphonse: Les artistes lyonnais, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24865#0184

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

jours, d'un trait positif, d’une main savante; — soulever les aponé-
vroses, scruter les réalités jusqu’en leurs ossatures, chercher la
cause du moindre contour, Je pourquoi de toutes les expressions,
les secrets de tous les caractères, mettre la vérité au-dessus de tout.
Son enseignement était une véritable ascèse. Lutteur acharné, il
savait par expérience que l’on n’arrive à rien de supérieur sans
d’incessants efforts vers le mieux. Aussi son atelier constituait-il,
comme celui d’Ingres, une école de dessin. Et ses dons d’éducateur,
ses qualités d’artiste faisaient si bien oublier l’homme en lui que
ses disciples l’enveloppaient d’un profond respect. Plusieurs même
se dévouèrent à sa personne, entre autres Meynier qui, après avoir
entouré de soins filiaux ses dernières années, l’assista pieusement
à son lit de mort.

Tant qu’il eut la force de lever le bras, Berjon œuvra; c’est seu-
lement lorsqu’il fut près de s’éteindre qu’il déposa son cher crayon.
Ses élèves le pleurèrent et, dans le public, on le regretta comme
artiste. Les amateurs l’avaient en haute estime, et il ne paraît pas
que les autorités lui aient jamais tenu rigueur de ses opinions poli-
tiques, car, depuis sa sortie de l’Ecole jusqu’à son entrée dans l’éter-
nité, la ville lui servit chaque année une allocation de 1000 à
1200 francs, quoiqu’elle ne lui dût aucune pension de retraite.
Ceci n’indique-t-il pas que l’on tenait à honorer le maître dont la
gloire resplendissait sur la cité?

Berjon réalisa force peintures et dessins d’assez multiples genres :
portraits, plantes, fleurs, fruits, oiseaux, quadrupèdes, coquillages
et même paysages. Ses dons de portraitiste, on peut les étudier, au
musée de Lyon, dans trois ouvrages bien différents et exécutés à de
longs intervalles : son portrait au pastel dans sa jeunesse, son
portrait miniature à soixante-cinq ans, et l’effigie aquarellée de
Mlle Bailly, fille de l’ancien maire de Paris. Ces têtes sont tracées
avec une précision méticuleuse, la troisième surtout, excessivement
fouillée; néanmoins elles ont de la vie. Si leurs contours se
découpent durement en certains endroits, leurs caractères se mani-
festent à souhait. Et c’est par cette écriture exacte, limpide, de la
physionomie, que valent ses portraits moins bien venus, comme
celui de Mme Àugias (aquarelle) L Ses qualités d’interprète expressif 1

1. Gomme tous les artistes obligés par de dures circonstances à produire
beaucoup et contre leur gré, Berjon a fait parfois des choses quelconques. Une
de ses miniatures du musée de Lyon, une effigie de femme (n° 29), ne se distingue
guère de la production commerciale du temps.
 
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