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JOURNAL DES BEAUX-ARTS.

Il est, pour le moment, occupé à ache-
ver les plans de la cathédrale de Lintz
sur le Danube, temple gothique cpii cou-
lera plus de sept millions de florins.

M. Statz, de même que M. Schmidt,
le futur architecte de l'hôtel de ville de
Berlin, a été simple maître charpentier
et maître tailleur de pierre dans les ate-
liers de notre cathédrale, auxquels il a
été proposé longtemps comme contre-
maître. Il est, sans contredit, un des
architectes les plus expérimentés pour
le style ogival dont l'Allemagne puisse
se glorifier. Ses projets d'églises ont été
couronnés même dans des concours
étrangers ; de même que son émule, M.
Schmidt, il a été l'un des vainqueurs
pour le plan de l'église de la Vierge de
la Treille, à Lille, et pour celui de l'é-
glise votive de Vienne. On ne peut se
taire une idée de ce que cet artiste, qui
n'a pas plus de quarante ans, a créé eu
dix ou quinze ans. La liste serait trop
longue si nous voulions citer toutes les
restaurations, les petites chapelles, les
châteaux, les maisons en style gotique,
les projets de meubles et d'ornements
qui ont été exécutés par lui. On nous
assure qu'il a peut-être dans ce moment
encore, trente à quarante plans d'églises
sous la main.

Et un tel artiste s'occupe de toute son
âme et de toutes ses forces à embellir
nos réjouissances nationales ! la fête
('•tait plus gaie et plus bruyante que les
carnavals de Rome et de Venise, jadis
si célèbres, ne l'ont été dans ces der-
niers temps. On ne pourrait s'imaginer
l'excès de joie qui régnait partout, dans
les rues toujours encombrées et dans
tous les lieux publics, et cela sans le
moindre désordre, car la devise est
pour les Colonais : Fou, laisse passer
Fou! Cette exhubérant.e gaieté, cette
pétulance n'oublie jamais les nécessi-
teux : on aura à distribuer celte année
au moins une vingtaine de mille francs.

La fête a été favorisée d'un temps
printauier; le soleil lui souriait dans sa
splendeur vivifiante; on eut dit que le
ciel se réjouissait de la joie générale.

Le carnaval a inspiré aussi un de nos
statuaires, M. Fuchs, qui a modelé une
statue du héros Carnaval, le llanswurst
allemand. La conception de cette statue
était fort poétique : Le carnaval, repré-
sentant la Folie qui se moque de toutes
les petitesses de la vie réelle, a le globe
de la terre sous ses pieds et chasse les
soucis eHes grognards moroses comme
nous les trouvons dans toutes les condi-
tions. Le mouvement de la statue était
aussi beau que les lignes en étaient gra-
cieuses; c'était une œuvre vraiment ar-
tistique et, ce qui était le plus curieux,
moulée en ciment de marbre anglais

que l'on n'a pas encore employé en Al-
lemagne pour le moulage d'un ouvrage
de ronde-bosse. L'essai a parfaitement
réussi ; on ne peut s'imaginer un plus
beau grain et un ton plus fin et plus
chaud ; il surpasse même celui du mar-
bre de Carrare. L'application de ce ci-
ment pour le moulage ne manquera pas
d'avoir quelque influence sur l'art sta-
tuaire.

La statue de M. Fuchs a eu tant de
succès que M. Richartz, le Mécène de
notre inusée, a décidé qu'elle y trouvera
sa place : il faut rendre honneur à qui
de droit.

Pardonnez-moi de vous avoir entre-
tenu si longtemps de notre carnaval.
Pour nous, c'est un de ces coups de so-
leil poétiques qui deviennent de plus
en plus rares dans cette vie où l'on ne
commit presque plus rien d'autre que
la hausse et la baisse. Voilà pourquoi il
est du devoir de l'artiste et de chaque
ami du vrai beau de faire tout leur pos-
sible afin que la poésie ne soit pas en-
tièrement bannie de ce monde. Et votre
journal estimé a aussi cette haute obli-
gation: qu'il continue à l'accomplir aus-
si chaudement qu'il a commencé, qu'il
ne perde jamais ce devoir de vue ! De
cœur et d'âme nous l'avons salué avec
le vœu allemand aussi sincère que cor-
dial : Gluck auf !

E.

P.S. Vous avez mal lu dans une de mes
dernières lettres le nom du professeur
de Berlin dont notre musée vient d'ac-
quérir le Cromwell au lit de mort de sa
fille. Il est de M. Julius Selirader et non
de M. Schroedtcr. Veuillez, dans l'inté-
rêt de la vérité et de l'exactitude, faire
cette rectification.

M. Héris, le savant auteur de l'histoire
de la peinture Flamande sous les ducs de
Bourgogne, a bien voulu nous adresser
l'intéressante notice que nous publions
plus loin, sur un triptyque de Jean Van
Eyck.

LES GRANDS PEINTRES

avant Raphaël, photographies d'après les tableaux
originaux, par M. Edmond Ficrlandls.

Cette admirable collection est actuel-
lement éditée à Paris, par M. Victor
Didron; elle se compose de 24 photo-
graphies d'après Hemling; de 4 d'après
J. Van Eyck; de 1 d'après Mabuse, de
2 d'après Schoreel et de 1 d'après Mos-
taert; de plus, chaque tête séparée des
^ableaux préindiqués a été photogra-
phiée à part de grandeur d'exécution.

Le savant conservateur du Musée de
Berlin, M. Waagen, en présence de

cette réunion des chefs-d'œuvre de l'art
flamand reproduits avec un art et un
soin si complets, n'a pu s'empêcher de
donner carrière à son enthousiasme et à
sa satisfaction. Nous sommes assez heu-
reux pour pouvoir extraire des lettres
de !'éminent écrivain quelques passa-
ges qui sont à la fois pour M. Fierlandts
une précieuse approbation et un encou-
ragement des plus flatteurs.

« ... Rarement dans ma vie j'ai éprouvé un si
grand plaisir qu'en recevant il y a quelques jours,
votre riche et admirable collection de photogra-
phies d'après des tableaux dont le plus grand nom-
bre appartient à mes préférés... Votre succès est
si complet qu'il a surpassé de beaucoup mes espé-
rances.....le n'ai jamais vu de photographies d'a-
près de vieux tableaux qui se rapprochassent des
vôtres. Comme je connais tous ces vieux panneaux
par cœur, je puis parfaitement juger des grandes
difficultés que vous avez eu à vaincre et je ne sais
ce que je doisadmirer le plus de votre persévéran-
ce ou de votre habileté. Je considère comme un
devoir de faire mon possible pour l'aire valoir
votre excellente entreprise____ «

Un suffrage donné avec tant d'entraî-
nement, de la part d'un des érudits les
plus estimés de l'Europe-artiste, est un
de ces brevets qu'on est fier d'obtenir
mais qui n'étonnent pas quand on a vu
les résultats des travaux pénibles aux-
quels M. Fierlandts a dû se livrer. Les
chefs-d'œuvre de l'hôpital de St. Sau-
veur à Bruges, ces précieux joyaux de
l'art flamand, vont désormais pouvoir
pénétrer partout; le public, les artistes,
les savants, pourront méditer, analyser,
étudier ces monuments curieux que la
gravure et la lithographie n'ont jamais
reproduits que très imparfaitement et
qui aujourd'hui se détachent de leurs
cadres pour venir se placer sous nos
yeux.

Nos vœux les plus sincères accom-
pagnent l'entreprise si éminemment
utile, à quelque point de vue qu'on se
place, conçue par M. Fierlandts. Les
musées et les bibliothèques publiques de
l'Europe posséderont incessamment ces
remarquables spécimens de l'art fla-
mand; les académies elles-mêmes ne
pourront se dispenser de les montrer à
leurs élèves qui, à cette vue, se pénétre-
ront du sentiment qui dominait les
vieux maîtres; il faut que l'encourage-
ment vienne de partout car c'est là non
une spéculation', mais une œuvre natio-
nale destinée à rendre plus éclatante
encore notre gloire artistique au XVe
siècle.

Les grands peintres avant Raphaël for-
ment une série complète et tirée de SI
planches toutes en distribution. 11 existe
aussi une édition réduite des chefs-d'œu-
vre de l'école ancienne. Pour plus de dé-
tails, nous devons renvoyer au prospec-
tus publié par M. Victor Didron, rue
St. Dominique St. Germain, à Paris.
 
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