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JOURNAL DES BEAUX-ARTS.

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machinalement ne suffit pas en pareil
cas. Il faut avoir profondément étudié
les progrès que cette branche d'archi-
tecture a faits de nos jours, il faut avoir
beaucoup de goût, il faut être ornema-
niste, savoir allier le beau, le gracieux
à une disposition convenable sous tous
les rapports. Notre compatriote, M.
Hittorf, de Paris, a fait, il y a peut-être
trente ans, le projet d'une salle de spec-
tacle pour sa ville natale; ce plan n'a
pas été exécuté, mais nous sommes
sûrs qu'il se chargerait encore une fois
du même ouvrage. Pourrait-on confier
l'œuvre à un artiste plus expérimenté
dans cette branche de son art, si l'on
ne veut pas ouvrir un concours? Il y a
encore un autre architecte de Cologne,
M. Fuss, que nous croyons doué de
toutes les capacités exigées pour créer
un monument aussi important qu'une
salle de spectacle. Mais c'est chose con-
nue que chez nous on donne en tout la
préférence aux étrangers, même poul-
ies emplois subalternes de l'administra-
tion communale ; il n'y a que deux pla-
ces assez bien rétribuées qui soient oc-
cupées par des Colonais. Espérons qu'un
heureux hasard ouvrira pour cette fois
les yeux aux vénérables pères de la ville.
Jusqu'aujourd'hui on n'est pas décidé
pour l'emplacement. On a eu la malheu-
reuse idée de bâtir la salle sur notre pla-
ce d'armes, le Neumarkt; cette place si
grande et si belle dans ses proportions
qu'il n'y en a pas une seconde en Alle-
magne, serait défigurée par une telle
bâtisse; le monument cacherait en même
temps la vue de l'abside grandiose de
l'église des SS. Apôtres, chef-d'œuvre
du style roman dans son plus beau déve-
loppement.

M. Raschdorf, architecte de la ville,
a élaboré le projet d'une restauration
complète de l'hôtel de ville. Dieu veuille
que ce plan ne soit pas suivi, car en ce
cas le monument perdrait son caractère
primitif et la belle loggia du portail, en
style renaissance, serait tout à fait es-
tropiée. C'est un grand malheur que
nos architectes aient la manie de vouloir
faire toujours du nouveau, surtout dans
les restaurations. Nous parlerons plus
tard en détail de ce projet.

Notre musée est déjà couronné de sa
galerie et couvert de sa toiture, mais
hélas ! un toit plat à l'Italienne sur un
bâtiment en style gothique-Tudor; qui
ne sait qu'une toiture à haut sommet est
précisément ce qui caractérise ce style?
L'édifice a maintenant l'air d'une dame,
en costume du XVe siècle avec un cha-
peau moderne imité du dernier courrier
des modes de Paris. L'affaire des statues
n'est pas encore décidée; on sait seule-
ment que M. Richartz a destiné 40,000

frs. à cette œuvre : c'est une somme
assez belle pour douze statues en pierre
de sable. En Belgique les statuaires ne
sont pas aussi bien payés.

Nous aimerions à pouvoir vous dire
beaucoup de bien de notre exposition
permanente, mais c'est impossible : la
médiocrité s'y pavane comme dans tou-
tes les expositions que nous avons vues
cette année. Il paraît que le temps des
grandes créations est passé pour nous ;
partout la même léthargie. Dans nos
salles il n'y a pour le moment que quel-
ques études de bêtes sauvages, comme
des loups, des sangliers, des vautours,
qui soient dignes d'être citées; ce sont
principalement les toiles de M. Lachen-
vvitz de Dusseldorf : il sait donner beau-
coup de caractère à ses animaux et pos-
sède une couleur vive etune touche ferme.

Notre critique a fait grand cas d'un
groupe en ronde-bosse, Pan consolant
Psyché, inventé et exécuté par un jeune
statuaire de Berlin, M. Keinhold Begass.
L'artiste a du talent, beaucoup de sen-
timent pour la belle ligne et un faire
marquant une grande assiduité ; cepen-
dant nous ne pouvons pas adhérer tout
à fait aux louanges qu'on a prodiguées
à cet ouvrage. Les contrastes entre les
deux figures naissent d'eux-mêmes,
mais nous ne croyons pas qu'un sta-
tuaire de l'antiquité grecque les eut
choisis. Le nu est fort bien traité, mais
l'expression de la tête de Psyché ne nous
satisfait pas du tout : c'est une jeune
fille boudeuse, voilà tout; la profonde
douleur que doit ressentir son âme de
la perte de son amour, ne se lit pas
daus ses traits et l'expression de ce sen-
timent était justement le problème à
résoudre; d'après nous l'artiste ne l'a
pas résolu. Par cette remarque, nous
sommes loin de vouloir amoindrir le
beau talent de M. Begass; nous l'aurions
seulement souhaité plus heureux dans
le choix de sou sujet.

E.

CORRESPONDANCE DE L'INTÉRIEUR.

Bruges.

LES ANTIQUITÉS DE BRUGES.

QUATRIÈME LETTRE.

L'église St. Jacques. — Les donations de Jean de
Gros. — La chapeUe de Ferry de Gros. — Descrip-
tion. — État délabré du monument. — Réclama-
tions antérieures. — La restauration projetée de la
chapelle. — Devis. — Prière et conseils.

L'église St. Jacques a été fondée en
1240, mais il ne reste de cette première
construction que le bas de la tour avec
le transept et la chapelle-nord. Cette

dernière était le chœur de l'église pri-
mitive, et on voit encore à l'arcade , qui
était l'ancienne arche de triomphe, trois
grands anneaux destinés à retenir la
croix placée sur le jubé d'alors. A l'ex-
térieur de l'abside, on voit aussi, im-
médiatement sous le toit, des figures
d'animaux faisant partie d'une cor-
niche du XIIIe siècle, sculptée en pierre.

L'église fut agrandie et remaniée dans
sa forme actuelle, en 1457, en partie
par la munificence des négociants flo-
rentins et en partie par la noble famille
de De Gros. Elle est fort belle, quoique
son effet soit beaucoup diminué par les
changements qu'elle a subis au XVII13
siècle ; (î) les clefs de voûte du chœur
sont admirablement sculptées; on y voit
le dernier jugement, la Ste Vierge, des
Saints, etc.

Jean de Gros, seigneur de Tardt,
Mariions, Crissey, Nieulande, etc., et
sa femme Guye de Messey, bâtirent à
leurs frais le collatéral-sud du chœur;
ils donnèrent l'autel qui fut dédié pri-
mitivement à St. Jean-Baptiste et à St.
Jean l'Evangéliste, mais plus tard à St.
Léonard, patron de la corporation des
Tonneliers à laquelle les fondateurs
le cédèrent par donation gratuite pas-
sée devant le magistrat de la ville, le
24 Décembre 1477. Ils furent enterrés
devant cet autel, sous une dalle de mar-
bre blanc.

Ferry de Gros, leur troisième fils,
qui fut bourgmestre de la commune du
Franc en 1522, fonda une chapelle de
chantrerie avec des anniversaires pour
lui-même et ses deux femmes; cette
chapelle communiquait autrefois avec le
collatéral-sud du chœur par une arcade
à plein-cintre pratiquée dans le mur et
assez large pour que tout l'intérieur de
la chapelle pût être vu sans y entrer; il
y avait là probablement une de ces bel-
les grilles en 1er battu qui ornaient jadis
tant d'églises dans les Flandres. L'arcade
a été murée ; on entre actuellement par
une porte qui est presque toujours fer-
mée ; il y a trois fenêtres, une à l'est,
une à l'ouest, et l'autre au sud; la pre-
mière est entièrement murée et la se-

(i) En 1691 , on a bouché les fenêtres des trois
absides et modernisé celles des bas-côtés; en 1695,
on a revêtu les parois des murailles de marbre
noir provenant des tombeaux qu'on avait démolis !
En 1691, on a démoli les deux grands portails
ogivaux qui se trouvaient, l'un à l'extrémité-
nord du transept, là où se trouve actuellement
la chapelle des âmes du purgatoire, l'autre à l'en-
droit où on est en train de bâtir une salle pour les
maîtres des pauvres. On aurait beaucoup mieux
fait de restaurer cette entrée et de bâtir la salle
plus vers l'ouest. Ce système d'entourer les églises
de petits bâtiments est détestable.
 
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