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142

JOURNAL DES BEAUX-ARTS.

conde à moitié; évidemment les vanda-
les n'aiment pas la lumière. Les murs,
autrefois couverts d'écussons et de mo-
nogrammes peints en couleur bleue sur
fond blanc, ont été recouverts de badi-
geon ; les voûtes étaient décorées de la
même manière, les consoles sculptées
avec un ornement qui, je crois, repré-
sente une double poulie, et les nervures
peintes rouge et or, tandis que la clef de
la voûte est ornée de l'écusson de Ferry
de Gros, d'azur, sur un chevron d'or, ac-
compagné de trois sautoirs de même,
une molette de six pointes de — (2). Le
pavé est formé de petites tuiles avec
dessin bleu sur fond blanc ; j'ai remar-
qué parmi celles qui restent quatre dif-
férents dessins : 1°, les initiales F. G.
entrelacées; 2°, le blason de Ferry de
Gros, tel que sur la clef de voûte; 3°, le
même blason parti avec écartelé au 1 et
4, d'argent, à trois bandes d'azur, De
Messey; et au 2 et 3, vairé d'azur et
d'or, chargé d'une bande de gueules,
Hugonet (5) ; et 4°, le môme ornement
que celui qui est sculpté sur les conso-
les. L'ancien autel en pierre s'y trouve
encore; il est surmonté d'un superbe
bas-relief, en terre cuite érnailléc, de
Lucadella Robbia, sculpteur et peintre
florentin né en 1388, (4 qui représente
la St0 Vierge, mi-corps, avec son divin
enfant, entourée d'une guirlande de
Ileurs et de fruits du plus gracieux effet,
le tout entouré d'un cadre de bois
sculpté et doré de la fin du XV" siècle.

Au côté sud, vis à vis de l'arcade, il y
aune niche où se trouve le monument du
fondateur et de ses deux femmes, une
des plus remarquables productions de
la statuaire flamande de la première
moitié du XVI" siècle, et, sans doute,
la plus belle de la province. Haut d'en-
viron 3 mètres et large de 2 mètres,

(s) On remarquera la différence entre le blason
de Ferry de Gros, Ici qu'il est sur la voûte et le
pavement et tel qu'il est sur son monument; ceci
prouve qu'il a bâti la cbapelle avant 1512, époque
à laquelle il aura cessé de rompre ses armes avec
la molette, car, de ses deux frères aînés, l'un,
Guillaume, seigneur de Tardt et de Mariions,
décéda le 14 Décembre 1512; l'autre, Antoine,
seigneur de Crissey, le 20 Mars 1495, tous deux
sans avoir contracté alliance.

(3) Sur le monument, le blason de Ferry de
Gros est écartelé avec celui de De Messey simple-
ment.

(4) Il se rendit particulièrement célèbre par
l'invention de ces bas-reliefs en terre cuite qu'il
recouvrait d'un vernis ou émail propre à donner
à la surface de cette matière le poli et la dureté
du marbre. Ceux-ci exécutés en relief rentrent
dans le domaine de la sculpture, tandis que les
faïences émaillécs sont de véritables peintures.

20 centimètres, ce monument est en-
tièrement en pierre de Boulogne à l'ex-
ception des deux tables, en pierre bleue
de Tournai, sur lesquelles gisent les ef-
figies.

Sur la table supérieure gît Ferry de
Gros, revêtu du costume de chevalier,
avec un tabard blasonné des armoiries
de De Gros écartelées avec De Messey ;
sa tête est nue, ses mains jointes en
prière sur la poitrine; à ses pieds re-
pose un lion, emblème de courage, et à
sa gauche sont ses gantelets.

A sa droite, gît sa première femme
Phelipe, fille de Philippe Wielant, che-
valier, seigneur d'Eversbeke, Landre-
ghem, etc., et de Jeanne de Halewyn;
elle est habillée en blanc, ayant à ses
pieds un chien avec un collier garni de
clochettes, emblème de fidélité; les
deux coussins sous les têtes sont rouges.

Sur le bord de la table, par devant,
se trouve la légende suivante gravée en
relief : Gy gist Messire ferry de gros che-
ualier S. de Oyeghem (s) de Nieulande
etc. qui trespassa làri xv'xliiij le pre-
mier jour de may. Cy gist dâe phelipe
wielàt fême dudit S. de oyeghem la
quelle trespassa lan de grâce xvcxxj le
premier jour de decèbre.

Sur la table inférieure gît Françoise
d'Ailly, deuxième femme de Ferry de
Gros, et fille d'Antoine d'Ailly, dit de
Sains, chevalier, seigneur de Beaudig-
nics, etc., et d'Anne de Clèves, fille
d'Adolphe, seigneur de Groustain, lui-
même fils naturel du duc.Iean-sans-peur
et d'Alexandrine Tigranel? Sa robe est
peinte en velours cramoisi, son mantelet
est bleu, doublé de blanc, et le coussin
de tête est vert. Sur le bord de la table
se trouve la légende suivante : Cy gist
dàe fransoise de dailly dâe de beau-
degny seconde fême dudit S. de oyeghê
laquelle trespassa là xvxxx le iiijejour
de juîg. (6)

(3) Il vendit les seigneuries de Tardt, Mariions
et Crissey pour acheter celle d'Oycghem sur la
Lys.

(g) Il est assez remarquable que dans la notice
de M. Vande Putte, dans les Annales de la société
d'Emulation, dans l'Inventaire des objets d'art de
province, et dans la généalogie de la famille de
De Gros, au 3e vol. de l'ouvrage de M. Gaillard,
intitulé Bruges et le Franc, ces légendes soient
inexactement données ; il parait qu'au lieu de
visiter l'église, on s'est contenté de se copier l'un
l'autre. Je pense que la première note qui en a
été faite aura été copiée ou sur le dessin que possè-
de M. Gaillard ou sur le Recueil Ms. d'Epitaphes
fait par Ignace de Hooglie au XVIIe siècle et qui
se trouve à la Bibliothèque de la ville. Tous disent
que Ferry de Gros est décédé le 1er Mars 1544, et
au lieu de « Fransoise de dailly dàe de bcaudegny »

Tout le monument, à l'exception des
deux tables, a été peint en polychrome
rehaussé d'or, ce qui doit avoir produit
un très bon effet, car le tout a été fait
dans le meilleur goût. Immédiatement
au dessus de l'arcade, dans l'entable-
ment, se trouve l'écu de Ferry de Gros,
qui porte, écartelé au 1 et 4, d'azur, au
chevron d'or, accompagné de trois sau-
toirs du même, De Gros; et au 2 et 3,
d'argent, à trois bandes d'azur, De Mes-
sey; timbré d'un heaume d'argent, grillé
et liseré d'or, orné de son bourlet et
de ses lambrequins d'azur et d'or, et
ayant pour cimier une merlette éployée.
De chaque côté se trouve l'ornement
dont j'ai déjà parlé et que je crois être
une poulie double. Dans les tympans se
trouvent deux banderolles portant cette
devise : TOVT POVR ESTRE TOVIOVR
LEALLE. La même devise se trouve,
alternativement avec les initiales F. P.
(pour Ferry et Phelipe) entrelacées, ré-
pétée plusieurs fois sur la corniche, du
milieu de laquelle s'élève un lion soute-
nant l'écu de la famille de De Gros.

Sur les pilastres, de chaque côté, se
trouvent les écussons suivants : Partie
supérieure ; ascendants de Ferry de
Gros : A dextre; 1, De Gros, pour Jean
de Gros, (son père). 2, De Roye, d'azur,
à trois étoiles de cinq rayons d'or, et
au milieu un croissant d'argent, pour
Peronette de Roye, (sa grand'mère pa-
ternelle). A senestre; 1, De Messey,
d'argent, à trois bandes d'azur, pour
Guye de Messey, (sa mère). 2, Hugonet,
vairé d'azur et d'or, chargé d'une bande
de gueules, pour Jeanne Hugonet, (sa
grand'mère maternelle). Partie du mi-
lieu ; ascendants de Phelipe Wielant :
A dextre; 3, Wielant, d'argent, à trois
fusées d'azur, pour Philippe Wielant,
(son père). 4, De la Kethulle, de sable,
au pal retrait d'argent, soutenu d'une
fasce de même, et accompagné de trois
molettes à six pointes d'or pour Cathe-
rine de la Kethulle? (sa grand'mère pa-

ils ont mis Franchuise d'Aijlhj dame de. lirande.
C'est celui qui devrait être le plus exact, l'Inven-
taire dit irréprochable, qui renferme le plus grand
nombre de fautes ; il s'y en trouve plus de trente ! !
Voici encore quelque chose de piquait! : à la page
15 de la notice de M. Vande Putte, on lit : « Sur
la plupart de ces monuments le nom de De
Gros est écrit avec deux ss (De Gross). Je ne sais
ce qui a pu donner sujet à cette erreur; j'ose
supposer que cette terminaison qui est tout alle-
mande aura été admise sous le règne de Maxi-
milieu et de Charles-Quint, alors que la langue
allemande était assez en vogue à la cour. » J'ai vai-
nement cherché les monuments en question; par-
tout on voit de Gros avec un s; mais dans le Re-
cueil Ms. on lit : de Gross!!
 
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