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JOURNAL DES BEAUX-ARTS.

toutes sortes pour en arriver, à mettre
dans la circulation des choses telles
que les 14 planches de la châsse de Ste
Ursule et tant d'autres chefs-d'œuvre qui
autrefois célés , cachés ou peu com-
muniqués à la foule, sont aujourd'hui
dans le domaine public et deviennent en
quelque sorte une propriété particulière
accessible à tous! Nous le répétons, c'est
pour la nation un honneur dont elle
doit se montrer reconnaissante, que de
voir un de ses enfants attacher son nom
à une opération d'une si vaste impor-
tance dans l'histoire des arts.

Cette spécialité des travaux de M.
Fierlandts, c'est à dire l'exactitude har-
monique, si nous pouvons nous expri-
mer ainsi, est remarquable, non seule-
ment dans la reproduction des tableaux
anciens et modernes, mais aussi dans
celle des monuments. Là, on le sait, il
faut un tact spécial, une entente par-
faîte de la lumière, un sentiment ex-
quis des lois de l'optique comme scien-
ce et comme effet, ce je ne sais quoi
qui dans l'art s'appelle révélation ou
génie. Le nombre des épreuves faites
d'après nature par ce photographe est
peu considérable, mais ce que nous en
avons vu, entr'autres les monuments de
Bruges et une admirable vue du Parc,
rivalise avec les plus parfaits modèles
exécutés dans ce genre en Italie et en
France. Nous voudrions que l'auteur
étendît cette spécialité qu'il n'a fait
qu'effleurer et qu'il reproduisît nos tré-
sors d'orfèvrerie, nos châsses brillantes,
nos bijouteries, nos émaux, nos armes,
nos vieux monuments, nos objets de
luxe ancien, tapis, meubles, étoffes,
ornements etc. Quel monde luxueux à
découvrir! quelle masse de richesses à
étaler aux yeux éblouis d'un pays qui
les ignore ou les oublie! quel puissant
moyen d'éducation à répandre dans les
masses !

Pour en revenir à l'ancienne école
flamande, disons que M. Fierlandts, non
content de reproduire de grandeur na-
turelle la plupart de ses chefs-d'œuvre,
a jugé à propos de photographier cer-
taines têtes dans des proportions pres-
que colossales. On comprend combien
cette circonstance est favorable aux
études de toute nature que provoquent

si légitimement les vieux tableaux. Il
est inutile pensons-nous de nous appe-
santir sur l'utilité de pareils travaux.

La presse française a rendu pleine
justice au talent et aux efforts de notre
compatriote. M. Ferd. de Lasteyrie
entr'autres, n'a pas hésité à le placer en
tête des photographes qui se sont impo-
sé la mission de faire revivre et de
populariser les œuvres du passé.

Quant à nous autres belges, nous de-
vons, nous semble-t-il, nous empresser
de tirer parti de ce splendide dévelop-
pement de la puissance humaine, et puis-
que M. Fierlandts a mis à la portée de
tous, ces œuvres qui sont non-seulement
des leçons sur le beau et le vrai, mais
des guides dont les principes ont été
passés au creuset des siècles, épurons-
nous à les regarder, à les étudier, à en
retirer tout le fruit qu'elles donnent. Ex-
primons aussi l'espoir que le Gouverne-
ment dotera nos académies de ces irré-
prochables fac-similé avec injonction de
les placer toujours en vue, afin que les
élèves, en ayant l'occasion de les regar-
der souvent, se pénètrent de plus en plus
de ces pures et vigoureuses traditions
personnifiées par Hemling, Van Eyck
et Rubens.

ART DE LA GRAVURE.

(Suite et fin).

Il y a quelques années, Messieurs, à
l'occasion d'un crédit de 300,000 francs,
accordé par le Gouvernement français
pour la gravure de plusieurs tableaux
importants du Louvre, le président de
l'Académie des Beaux-Arts (Institut de
France) disait : « Malgré cette libéralité,
» la gravure est la seule branche des arts
» qui, lorsqu'elle est bien administrée,
» ne coûte rien à l'État. » Cette parole
est précieuse à recueillir, et nous trou-
vons sa justification dans les revenus
considérables de la chalcographie impé-
riale. Pour obtenir chez nous un résultat
semblable, il paraît juste d'établir,
dans des proportions relativement iden-
tiques, une chalcographie royale belge.
Le Gouvernement belge pourra, quand
il le voudra, solliciter du Gouvernement
français la communication des docu-
ments nécessaires.

Nous estimons que les frais n'ont rien
qui doive effrayer, et nous n'hésitons
nullement à affirmer qu'à la rigueur, le

Gouvernement n'a pas besoin d'augmen-
ter les sacrifices qu'il fait en faveur de
la gravure. Il s'agit simplement de don-
ner aux dépenses une direction nouvelle
et fructueuse. C'est là une vérité dont la
démonstration nous paraît défendue
dans le présent travail, parce qu'elle
soulève des questions de chiffres et de
rouages administratifs d'une solution
facile, mais dont le Gouvernement seul
nous semble pouvoir provoquer l'étude.
Ce qu'il imparte de constater ici, c'est
la possibilité de fonder en Belgique une
chalcographie sans frais nouveaux pour
l'Etat. Bien plus, cette chalcographie
pourrait avec le temps réaliser des bé-
néfices qui tourneraient au profit de
l'institution.

Prouvons ce résultat et constatons les
bienfaits qu'une chalcographie peut in-
troduire en Belgique :

1° Suppression radicale des entraves
et des frais nombreux qui attendent les
artistes qui font tirer à Paris. Au nom-
bre de ces entraves, il faut placer l'obli-
gation pour l'artiste d'un assez long
séjour hors de chez lui pour pouvoir
surveiller lui-même le tirage de sa plan-
che. On sait que de ce tirage dépendent
les effets si multiples d'une gravure en
taille-douce ;

2° Garantie dans le prix du tirage.
L'artiste ne sera plus soumis à l'arbi-
traire; il pourra aussi, de son côté,
faire un sacrifice plus considérable si
besoin est, puisqu'il aura réalisé une
forte économie en ne quittant pas son
pays ;

3° Extension donnée par l'action gou-
vernementale à la propagation des gra-
vures sortant de la chalcographie ;

4° En supposant que le Gouverne-
ment soit l'éditeur d'une estampe, il lui
arrivera, sans aucun doute, de gagner
en moyenne au moins 25 p. "/„. On a vu
des planches qui, achetées (50,000 1rs.
par un éditeur, lui en ont rapporté
300,000;

5° Garantie constante offerte aux gra-
veurs sous tous les rapports, en même
temps qu'une émulation trouvant immé-
diatement de quoi se satisfaire. Ces deux
résultats moraux sont à consigner ici,
parce qu'ils se traduisent en résultats
matériels qu'il importe de ne point per-
dre de vue ;

6° Conservation des planches gravées
qui formeraient au bout d'un certain
temps une collection nationale des plus
intéressantes ;

7° L'exploitation de l'artiste par l'in-
dustriel supprimée. L'histoire de la gra-
vure en Belgique présente à ce sujet des
faits désolants. On a vu certains cuivres
gravés achetés au poids par d'adroits
exploitateurs ;
 
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