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journal des beaux-arts.

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8° Facilités offertes aux éditeurs bel-
ges, qui bien souvent ne placent point
de gravures dans leurs livres à cause
des frais considérables résultant des
envois à l'étranger. Ces mêmes facilités
seraient mises à la disposition du pu-
blic ;

9° Introduction en Belgique d\me
nouvelle branche de commerce; marché
ouvert; vulgarisation de l'aride la gra-
vure; etc., etc.

Il ne serait pas difficile. Messieurs,
de prolonger cette liste; nous nous ar-
rêterons avec l'espoir que nous vous
aurons convaincus que l'institution d'une
chalcographie loin d'être un établisse-
ment onéreux, réalisera, au contraire,
des avantages dignes d'être sérieuse-
ment appréciés.

II importe, et c'est là le devoir d'un
gouvernement constitutionnel, de ne
point laisser déchoir tout ce qui peut
contribuer au développement de la va-
leur artistique du pays. Il ne faut pas se
le dissimuler, l'art de la gravure péri-
clite en ce moment chez nous ; Part sé-
rieux parait vouloir céder la place à un
art facile, futile, séduisant, mais qui
n'a jamais eu et qui n'aura jamais de
consistance : la manière noire, avec ses
complications de procédés mécaniques
et autres, fait un tort considérable à
l'art élevé dans lequel une seule œuvre
absorbe quelquefois tout le. génie et
toute la vie d'un homme. Loin de nous
la pensée de nous opposer en quoi que
ce soit à la manifestation de ce vœu et
de ce besoin du public; mais nous de-
vons instamment demander qu'au moins
le Gouvernement ne donne pas les mains
à la popularisation de ces procédés qui
peuvent vivre suffisamment des fluctua-
tions et des travers du goût. La taille-
douce s'est maintenue grande et pure
à travers les siècles; elle a marché tan-
tôt au milieu des applaudissements,
tantôt au milieu des dédains, et on l'a j
vue sortir éternellement jeune et belle j
des perturbations du monde des arts.
La gravure en taille-douce subsistera
toujours, parce qu'il faut du génie pour
la pratiquer, tandis que les milliers de
procédés qui cherchent à la supplanter
substituent à ce génie la mécanique ou
la chimie.

Le graveur au burin, qui a pénible-
ment acquis les préceptes de son art
dans les institutions du pays, arrive,
au bout de dix ans d'études, à se de-
mander ce qu'il va faire pour vivre. Il
a une planche gravée laborieusement,
avec amour, d'après un tableau qui a
surpris et saisi son âme d'artiste; d'a-
bord il cherche un imprimeur en Bel-
gique, il n'y en a pas; il s'informe

d'un éditeur, il n'y en a pas (î). Il faut
aller à Paris. Oui , mais la plaque
de cuivre paye un droit d'entrée très-
fort, le voyage coûte, le séjour sera
long, la vente incertaine...... Il se dé-
courage , reste chez lui, vend son cuivre
au poids ou au rabais, et il se trouve,
en résumé, que le Gouvernement a for-
mé un artiste pour en faire fatalement
un graveur de cachets et de boutons.

II ne suffit pas d'avoir des écoles et
des académies, il faut encore une car-
rière au bout de ces institutions. Un
pays qui n'offre pas cette garantie logi-
que doit immédiatement la créer, sous
peine de voir ses enfants le maudire et
l'abandonner.

De brillantes destinées nous semblent
promises à la gravure belge, si les inté-
rêts de cet art sont soigneusement dé-
fendus et si on travaille avec persévé-
rance à lui tracer une voie. Il ne s'agit
plus de faire des graveurs, nous les
avons; nous sommes dans la position
de capitalistes qui ne savent placer leurs
capitaux. La situation qui est donc faite
à nos légitimes espérances est admira-
ble, et l'initiative que vient de prendre
le Gouvernement nous donne le droit
de penser que ces espérances ne tarde-
ront pas à devenir des réalités.

N. D. L. R. Nous ne voyons aucun inconvénient
à nous voir emprunter nos nouvelles artistiques
ou n'importe quel article publié dans nos colon-
nes, au contraire : dans l'intérêt des arts nous
désirons pour tout ce qui les regarde la plus
grande publicité possible; mais, très scrupuleux
nous-mêmes pour indiquer la provenance des ar-
ticles que nous extrayons parfois de divers jour-
naux, nous en demandons autant à nos confrères.
Il nous est arrivé plus d'une fois de trouver nos
nouvelles, nos appréciations et nos revues biblio-
graphiques entièrement cl textuellement copiées
dans des recueils étrangers et donnés par eux
comme rédaction originale; nous sommes per-
suadés que c'est par simple inadvertance cl que
celle réclamation, que nous avons faite aussi lar-
dive que possible, suffira pour que notre exacti-
tude à indiquer nos sources soit payée de relour
ainsi que l'exigent les lois de la bonne confrater-
nité littéraire.

CORRESPONDANCES PARTICULIÈRES.

Paris.

Les comptes-rendus du Salon de Paris de 1859.
— Les Impressions d'une femme sur le salon de
1859, par Mad. MalMlde Slevens. — M. Alex.
Dumas. — M. Louis Jourdan. — M. Maxime Du-
camp. — M. Dumcsnil. — Les 14 stations du
salon par M. Zaeharie Astruc. ~ M. Louis Au-
vray. — Le résumé de M. Maurice Aubert.

Jamais Salon autant que le Salon de

(i) 11 faut en excepter M. Van der Kolk, qui,
avec un courage que je ne crois pas récompensé
comme il le mérite, s'est fait depuis peu l'éditeur
de plusieurs belles gravures belges.

1859, n'a fait naître de volumes. Ce
sont aujourd'hui de vrais volumes de
300, de 400 et de 500 pages que l'on
s'empresse de produire sitôt qu'une ex-
position nous est offerte. Je ne parlerai
que des critiques tirées à part des jour-
naux, laissant à quelque fureteur le soin
d'aller chercher dans les Bévues, dans
les journaux littéraires ou politiques,
les mille comptes-rendus du Salon de
18S9.

Et d'abord une femme qui appartient
— par le nom au moins — à la Belgi-
que, mad. Mathilde Stevens, a réuni
en plaquettes ses Impressions. « Si je
hais le réalisme, vulgarité doublée d'im-
puissance, dit Mad. Stevens, je me garde
bien de confondre avec le réalisme, cette
étude approfondie de l'homme pauvre,
grandi par la résignation, par le travail,
par la souffrance même, étude passion-
née, douloureuse, généreuse et féconde,
etc. » Voilà une profession de foi ou je
ne m'y connais pas. Mad. M. Stevens ne
fait-elle pas ici un trop grand honneur
au mot réalisme; ne serait-il pas bien
plus juste de laisser de côté cette ex-
pression sous laquelle se rangent quel-
ques peintres fort peu convaincus qui,
à l'abri de ce mot, veulent quand même
attirer sur eux l'attention ; mais passons
et disons que les Impressions d'une fem-
me sur le Salon de 1859, sont impar-
tiales et écrites avec une plume que la
grâce rend attrayante.

M. Alexandre Dumas, entre deux
voyages, entre deux romans, entre deux
drames, entre deux journaux, a écril
un Salon avec cette fougue inconcevable
qui n'a pour émule que la fécondité de
son auteur; c'est une critique spirituelle,
quelquefois sévère, mais toujours éton-
nante comme M. Dumas lui-même ; le
livre de M. Dumas est plus qu'une criti-
que ordinaire, c'est un livre amusant et
dans lequel on retrouve une singulière
verve.

C'est un fragment de lettre de M. Louis
Jourdan au rédacteur littéraire du Siè-
cle que nous citons : « Je n'appartiens
à aucune écolo, je n'ai aucun parti pris
pour ou contre telle ou telle coterie, tel
ou tel système, tel ou tel nom ; je n'ai
aucun engagement d'atelier, je ne suis
tenu à aucune admiration ni à aucun

dénigrement.....«Avec un exorde aussi

catégorique que celui-ci, la critique de-
vient forcement impartiale, et c'est en
effet une des qualités essentielles du
Salon de M. Jourdan qui a laissé à son
sentiment personnel un libre cours,
frondant quelquefois sur les opinions
reçues, mais expliquant toujours'ses
blâmes et ses éloges.

A-t-on bien le droit, parce qu'un
bomme nous a rendu dillicile par ses
 
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