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— 46 —

,sa muse à l'instruction de la jeunesse et
publia une série de Chroniques de France
qui eurent beaucoup de retentissement.
Tout à coup l'obscurité se fît sur son nom
jusqu'au jour de sa mort où une lueur
subite l'éclaira pour la dernière tois.

En 1842 l'auteur de ces lignes qui fai-
sait alors son tour de France pour saluer
de près les illustrations du jour, fut pré-
senté à Madame Tastu. C'était dans le
quartier du Luxembourg, au quatrième,
vers 11 heures. Nous fumes introduits
dans une chambre modestement meublée,
la muse mettait des papillottes à sa fille
une jolie blondinette d'une dizaine d'an-
nées. Du geste elle nous pria de nous as-
seoir et dit : — Pardonnez-moi de conti-
nuer à remplir mon devoir maternel. Des
papillottes !... c'est peu poétique sans
doute, fit elle en souriant, mais c'est abso-
lument nécessaire,ajouta-t elle, en passant
ses mains dans l'abondante chevelure de
sa fille.

— Là, c'est fait. Maintenant, petite,
laisse-moi causer avec ces Messieurs. Eh
bien, jeune homme, vous êtes donc décidé
à vous lancer dans le monde littéraire
parisien?— C'est mon désir, Madame.—
Pauvre garçon, dit-elle en me prenant la
main, pauvre garçon! Si j'ai un conseil à
vous donner, partez et ne remettez jamais
les pieds ici. Savez-vous bien que ce
monde littéraire qui vous attire est le plus
laid et le plus mauvais de tous ? A propos,
êtes vous riche?

Ici la personne qui m'accompagnait
intervint et dit : Suffisamment pour at-
tendre le succès, s'il doit venir.

A ces mots Madame Tastu réfléchit
assez longtemps puis, se carrant dans son
fauteuil, elle me dit d'une voix pénétrante
que je n'oublierai jamais :

— Malheureux êtes vous d'être venu !
Vous paraissez appartenir à une famille
d'ordre, vous êtes jeune, votre extérieur
n'indique pas des agitations précoces,
douloureuses ou pénibles, vos poésies
ne sont ni meilleures ni plus mau-
vaises que celles qui pleuvent tous les
jours dans les journaux de Paris, vous
ne manquerez pas de flatteurs qui vous
diront que vos vers sont charmants et
que leur éloge vaut cent sous la ligne.
Après quoi vous serez saisi par le mons-
tre parisien qui vous entraînera, vous tor-
turera et, après bien des misères, vous ré-
jetera piteusement dans votre chère et
douce Belgique. Et maintenant, cher en-
fant, laissez-moi vous embrasser. Si vous
n'avez plus de mère, dit-elle à voix basse,
en mouillant ma joue d'une larme fur-
tive, croyez-moi : retournez bien vite.
Adieu, Messieurs.

Elle nous quitta. Le même soir je ren-
trai dans mon pays. Ad. S.

pleines de saveur et d'humour qui ont été
remarquées. Ce qu'il y avait de charmant
dans l'aide que nous donnaient ces braves
cœurs, c'est qu'ils nous l'apportaient avec
le plus complet désintéressement. Tous
les mois nous nous réunissions à table,
dans quelque bonne rôtisseriede Bruxelles,
et notre franche amitié s'en donnait à
cœur joie.

Félix Stappaerts avait une tournure d'es-
prit toute française et il aimait à causer.
Chez lui, une ou deux fois par an il réunis-
sait ses amis à table et leur faisait une ré-
ception dont les survivants ne perdront ja-
mais le souvenir. Il a fait, au contraire de
ce que l'on fait aujourd'hui, beaucoup plus
de besogne que de bruit. Si nous ne nous
trompons, il fut secrétaire de l'observatoire
pendant plus de vingt-cinq ans et pendant
un nombre égal d'années, secrétaire ad-
joint de l'Académie royale. Il a beaucoup
écrit dansda Revue Britannique sous des
noms d'emprunt ainsi que dans plusieurs
journauxetrevues.il fut longtemps profes-
seur d'archéologie à l'Académie des Beaux-
Arts de Bruxelles et rédigea, en cette qua-
lité, des leçons qui sont restées inédites.
Il a aussi écrit le texte de plusieurs ou-
vrages illustrés. Il écrivit enfin un grand
nombre de notices biographiques pour la
Biographie Nationale, à laquelle il a rendu
de réels services. Bref, ce fut un travail-
leur acharné et modeste que les récom-
penses vinrent chercher sans qu'il les de-
mandât. Il fut de l'Académie royale et
reçut la croix de chevalier de l'ordre de
Léopold.

Stappaerts aimait les arts; toute sa vie
il s'en occupa et leur dut une partie du
charme de son existence. Malheureuse-
ment une goutte opiniâtre et cruelle em-
poisonna ses dernières années et l'emporta
il y a quelques jours à l'âge de 77 ans.
Vainement il était allé chercher quelque
adoucissement à son mal sous des climats
plus doux.

Tous ceux qui l'ont connu l'ont aimé.
11 était impossible de ne pas subir le
charme de sa conversation et de résister
à son abord prévenant et affectueux.
C'était de plus un cœur d'une charité qui
sera toujours vénérée. Il laisse parmi nous
le souvenir d'un homme de bien, d'esprit
de savoir et d'inaltérable dévouement.

Ad. S.

U

.tonique générale.

FÉLIX STAPPAERTS.

Il fut notre ami et notre collaborateur
en même temps que ce pauvre Pinchart.
A eux deux ils ont fait pour le Journal
des Beaux-Arts, il y a une quizaine d'an-
des correspondances artistiques

nees

— MM. Emile Mathieu et Jos. Mertens viennent
d'être nommés chevaliers de l'ordre do Léopold.

— M. Paul Devigne, le statuaire, est en ce moment
très discuté dans la personne de son groupe destiné à
la façade du palais des Beaux-Arts. Nous croyons
inutile de nous ingérer dans une affaire de cette nature,
mais il nous sera permis de déclarer que lorsqu'une
commande de l'importance de celle dont il s'agit a été
faite à un artiste, c'est qu'on a jugé celui-ci digne de
l'exécuter. En conséquence on ne relève plus de per-
sonne si ce n'est du public. Quand on s'appelle Paul
Devigne on n'accepte plus d'autre jugement.

— Ceci nous amène à critiquer de toute notre énergie
ce que nous révélé l'Étoile belge à savoir que c'est la
Commission royale des monuments qui est appelée
en Belgique à accepter ou à ne pas accepter (absolu-

ment comme en régie pour les ponts et chaussées) les
statues commandées à nos artistes. Cet état de choses
devrait cesser : que la Commission dont il s'agit reste
dans le milieu où elle rend de réels services, rien de
mieux, mais que vient-elle faire dans une question où
comme le fait remarquer judicieusement la Fédération
artistique, on compte... un seul statuaire Et quand
môme il y en aurait vingt, (ce qui ne serait pas une
raison pour mieux s'entendre,) il est évident qu'il y a
là un vice à faire disparaître. Enfin remarquons
encore que le rapportde la Commission est contresigné
d'un nom très honorable sans doute, mais qui nous pa-
rait de notoriété parisienne plutôt que belge.

— Le poulailler artistiqueesten pleineébullition. Les
têtes sont montées, les langues ardentes, on s'échauffe,
on parle, 011 juge, on propose, on décide, bref, c'est un
brouhaha assourdissant. Les petites coteries, les
détachés, les fragmentaires, les X, les atmosphériques,
les caractéristes, les moléculistes, les routiers, les
herbistes, les arbustistes. les duniens, les gens de
toutes couleurs, de toutes brosses, à couteaux, à pa-
lette, à chaux, à sable, à truelles, à loques, à four-
chettes, à cuillers, à bâtons, à éponges, à huile, à la
thérébenthine, à la benzine, à l'ambre, à la craie, à
| la gomme, à la résine, à la colle, tout monte, tout bout,
tout est vapeur, fumée, feu et boue. C'est peut-être
un grand bien que ce cyclone'artistique tombé sur
notre pays comme la misère sur le monde. On remar-
que des intransigeants qui... et des vieux que... sans
compter qu'il y a aussi certains pointus dont.., et des
rogues en observation auxquels... Allons ! allons! c'est
le moment, mes frères, de rengainer de vieilles ban-
nières, de cacher de vieux torchons, de laisser couler
sous la table les arguments irrésistibles, de se montrer
bénins ! bénins ! bénins !.. et de viser à la vente.
Allons-y! P. G.

— V Union centrale des arts décoratifs à Paris vient
de publier une livraison exceptionnelle qui forme un
beau et gros volume constellé de gravures. Ce volume
est tout entier consacré au compte-rendu de l'exposi-

[ tion de l'Union centrale avec tous les documents offi-
ciels qui font du tout un ensemble curieux et instruc-
tif. Les rapports nombreux qu'ils renferment permet-
tent de juger de la situation actuelle des industries
d'art en France. Ils se recommandent donc à l'atten-
tion générale. On comprendra que les documents de
cette nature nesediscutent pas ; aussi devons-nous nous
borner a en conseiller la lecture à ceux de nos spécia-
listes qui, en Belgique et ailleurs, dirigent le mouve-
ment d'art industriel. Les chercheurs auront pour se
guider la table sommaire. Les planches hors texte
sont au nombre de 16 et sont imprimées par la Société
générale des applications photographiques.

— Dans leur assemblée mensuelle de mars, les XX
ont procédé à l'élection de deux artistes pour rempla
cer MM. Simons et Verstraete qui ont donné leur dé-
mission.

Ont été choisis parmi les candidats proposés : M1"
Anna Boch et M. Félicien Rops.

Dans la même séance, les XX ont offert, en témoignage
de reconnaissance et de sympathie, à leur secrétaire,
M. Octave Maus, et à leur trésorier, M. Victor Bernier,
deux magnifiques portefeuilles de dessins exécutés par
les membres de l'Association.

— Exposition universelle des beaux-arts d'Anvers.
A la demande de nombreux artistes, la Commission
organisatrice a, par modification à sa circulaire du
lr mars 1885, reculé jusqu'au 8 avril prochain la date
extrême à laquelle les œuvres d'art seront reçues au
local de l'exposition et dans les différentes gares du
chemin de fer de l'État belge.

— Nous trouvons dans le n° 22 de XIllustration
européenne, le portrait, d'une ressemblance et d'une
exécution parfaites, de M. le capitaine Hanssens, notre
compatriote, mort récemment au Congo. — Ce même
numéro contient, en outra, deux vues du Congo,
accompagnées d'une étude sur la contrée qu'arrose ce
fleuve, et dont il est tant question aujourd'hui.

— En général nous n'aimons pas à porter sur les œu-
 
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