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— 124 —

» Vous le savez, Messieurs, et à ceux qui ne le
savent pas, les échos de cette salle doivent l'appren-
dre : tout plaideur condamné a vingt-quatre heu-
res pour maudire ses juges. C'est un plaideur
aussi qu'un artiste exposant, son œuvre est à la
lois son avocat et sa plaidoirie, plaidoirie vibrante
et convaincue, qui mériterait de lui faire gagner
son procès, mais il faut toujours un perdant, dans
les procès ordinaires, dans les luttes artistiques,
c'est pis encore : pour dix qui méritaient une mé-
daille, il n'y en a qu'une à décerner; voyez le
nombre des mécontents qui s'en prendront aux
membres du jury et peut-être à celui de ses mem-
bres qui a le plus chaudement pris le parti des
condamnés, mais qui n'a point réussi à faire par
ses collègues partager sa conviction.

» N'ai-je donc pas raison de dire que nous de-
vons surtout de la reconnaissance à ceux qui ont
accepté cette ingrate mission de juré. Qu'ils soient
bien convaincus que cette reconnaissance nous
l'éprouvons profondément et que nous garderons
de leur séjour parmi nous un bon et heureux sou-
venir. Que de leur côté, de retour dans leur fa-
mille, ils veuillent se souvenir que dans la patrie
de Rubens ils sont toujours assurés de trouver des
cœurs battant à l'unisson de leurs cœurs. »

JOSEPH LIES.

Nos lecteurs doivent comprendre tout
l'intérêt que présenterait le catalogue exact
et complet des œuvres de cet artiste. Il a
laissé une liste de ses tableaux compre-
nant 119 numéros. M. Emile Lefèvre,
qui s'occupe d'un ouvrage sur le peintre
flamand, a retrouvé déjà un bon nombre
d'autres tableaux, ébauches, dessins et
esquisses ; il nous prie de demander, à
tous ceux qui ont connu Lies, à ses amis,
à ses admirateurs, de vouloir bien lui
donner les renseignements possibles à cet
égard.

Il attire particulièrement l'attention des
amateurs de peinture sur les titres sui-
vants de certains tableaux : Charles VI à
la bataille de Rosebeke. — Savoyards. —
Marie Stuart. — Rêve indiscret. — Brau-
wer. — Le Billet. — Deux mariages. —
Baigneuses. — Premier amour. — Soleil
couchant. — Christophe Colomb. —Mau-
vaise rencontre. — Interrogatoire de
Jeanne d'Arc. — Paysage avec dames. —
Causerie. — Les plaisirs de l'hiver. —-
Le page du château et la fille du moulin.
— Un botaniste et sa fille.

Prière d'adresser les communications
47, rue de la Justice, à Anvers.

Nous espérons que les journaux vou-
. dront bien reproduire cette note.

EXPOSITION DE VERVIERS.

Ce début est réellement encourageant
pour une ville où l'art n'est représenté
que par un musée dû à l'initiative et à la
générosité d'un seul homme, M. Renier,
et par la galerie remarquable de M. Hau-
zeur de Simony. A Verviers, un seul pein-
tre, M Simon, professeur de dessin à
l'Athénée est l'auteur de trois tableaux qui
figurent à l'exposition avec assez de bon-
heur.

Parmi les 6 ou 700 tableaux exposés,
nous citerons comme remarquables : les
Anes de de Pratère, un grand Fiord de

Norman, deux De Col, XAlerte de Carpen-
tier, un Portrait d'Emile Wouters, un
Portrait curieux de Alf. Agache, deux
Paysages deVan|Luppen, deux Serrure de
derrière les fagots, un Madiol, un Delvin
trop pâle, un Brunet Houard, une Marine
de Marcette, deux Chiens de Van Engelen,
un magnifique Portrait de Gustave De-
wal par Emile Delperée,un Fara\yn, des
Chiens courants et Dessous de bois, de
De Pratère, un petit paysage tranquille
de MUe Bernaert, un délicieux tableau de
genre de Vander Ouderaa, deux tableaux
à la Van Beers, un charmant petit Fou
d'Alb. de Vriendt, un grand Emile God-
ding auquel on accorde beaucoup d'atten-
tion.

MUe Félicie Putzeys a un paysage plein
de sentiment, ce n'est toutefois qu'une
heureuse tentative. Le Tintoret de Tyt-
gadt est bien.

Des paysages de E. Depré et de Bos-
suet Retour de Venise. Sous la terreur de
Carpentier. Des animaux de H. Jochams.
Deux charmantes femmes de Léon Herbo.
Des Espagnoles étranges mais senties de
Meunier. Des Chrysanthèmes de Mlle
Pauline Jamart.

Jan Verhas a envoyé un bon tableau:
enfants péchant des crevettes.

Voilà pour la galerie du bas où nous
avons encore vu une He'ro de M. Leroy
de Gand, ce jeune sculpteur d'avenir à
qui l'on doit les statues équestres de la
façade de l'exposition d'Anvers.

Mlle Lefebre, de Gand, dont le père
est, croyons-nous, directeur de l'Ecole
Moyenne, a exposé un charmant petit
groupe d'enfants autour de la grand'mère.
Son jeune garçon accroupi a des qualités
qui font bien augurer de l'avenir de l'ar-
tiste.



* *

La galerie du premier contient : un
Quitton, un Hermans d'un fini bien con-
testable, un Bouvier, un Herbo, beau, un
Impens, trois paysages de Ch. Boland,
qui progresse, un Ev. Carpentier, un As-
selbergs, un Fanny Laumans, un Moe-
renhout, bleu... naturellement, un Tyt-
gadt, un Musin, l'invariable marine, un
joliMertens, un Montigny, deux Verhaert,
dont l'un est charmant, deux Siberdt, un
Stallart, un Bocks, un Van der Vin, un
Galope, d'un curieux! un Ed. Portielje,
charmant, mais mal encadré, un J. B.
Huysmans, toujours jeune et frais.

Dans une salle voisine : i° d'excel-
lentes eaux-fortes dues à E. Champollion,
à L. Gautier, à Ramus, à Waltmon, à
Bocamt, à Lalauze; 20 des aquarelles dont
plusieurs sont ravissantes. On y lit les
noms de Gallope, de Scott, de Stacquet,
de Delperée, de Uytterschaut, de Hoete-
rickx, d'Abry, de de Nayer et de Van den
Bos.

Les amis de M. le colonel du génie,
Mullendorff (un Verviétois), lui ont de-
mandé d'exposer un plan topographique
très détaillé et très net de la ville de Ver-
viers; ce travail consciencieux semble un
peu dépaysé dans une exposition de beaux-

arts, mais l'intention est si bonne que
nous ne pouvons que saluer, comme elle
le mérite du reste, une œuvre de patience
et d'art spécial.

LES RUINES
de l'abbaye de villers.

Qui ne connaît ces ruines intéressantes,
les plus belles de l'Europe, si l'on se borne
à l'ordre de Citeaux dont Villers fut un
des centres les plus brillants? L'abbaye
date de l'époque de transition, alors que
l'ogive commence à se substituer au plein-
cintre.

Ce seul fait dit tout l'attrait artistique
de ces ruines, pour ceux qui s'occupent
de science ou simplement de curiosité,
car l'histoire des abbayes au moyen-âge
est encore l'histoire de la civilisation en
Europe.

Quelle époque tourmentée! Avec l'af-
franchissement des communes, les théo-
ries du libre examen aux prises avec la
religion dogmatique ; Abailard contre
St-Anselme ; les seigneurs féodaux contre
les monastères qui protègent le peuple,
l'instruisent, lui apprennent la culture,
défrichent et ensemencent les champs.

Voilà ce qu'il faut voir pour trouver, à
des ruines imposantes et aussi entières
que possible, l'intérêt qu'elles impliquent.

Nous aurions donc voulu qu'à côté des
distractions que l'on va chercher à Villers,
on pût trouver les récréations de l'intel-
ligence qui, en ramenant l'homme vers
l'origine des conquêtes auxquelles nous
devons nos libertés actuelles, nous appren-
nent les luttes patientes et grandioses de
nos ancêtres. Un peu de justice dans l'his-
toire et dans l'esprit fait autant de bien au
cœur que l'enthousiasme et la générosité.

Ce n'est pas une thèse que nous soute-
nons ici ; ces appréciations se retournent
simplement contre les sauvages et les igno-
rants qui, après les bombances de Villers,
s'acharnent à détruire stupidement ce qui
reste des ornements de l'ancienne abbaye.
Ils ont anéanti des choses charmantes,
ouvert des murailles, renversé des pans
de mur, mutilé des détails d'architecture
remarquables.

Lorsque j'écrivais avec Ch. Licot,le sa-
vant architecte, un ouvrage sur Villers,
je n'avais pour but que d'aider à la conser-
vation des ruines. Il était si facile de les
consolider et de les faire durer encore un
siècle! Ni les propriétaires, ni le gouver-
nement ne se sont émus ! On a laissé le
temps accomplir son œuvre terrible, d'au-
tant plus terrible qu'elle est lente et inévi-
table. En vain, nous avons essayé, à di-
verses reprises, d'appeler l'attention des
hommes de goût sur les désastres immi-
nents qui menaçaient l'église, ce bijou
architectural ; nul ne nous a entendus.
Ch. Licot, après quinze années de labeur,
a exposé ses beaux travaux sur Villers ;
on lui a donné, en 1880, une médaille
d'honneur, lors de l'exposition des beaux-
arts, rien ne s'est produit. Aucune voix
autorisée n'a crié grâce en faveur de l'ab-
baye.
 
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