54 Voyages d'à ntînos
soutien de la vertu. L'excès de la prospérité
énerve rame, l'épuisé, ouvre la porte à tons
les vices , et ferme celle du bonheur ». Nous
résolûmes dès ce jour de partir de Babylone :
mais en quittant cette ville , je rapporterai
encore quelques traits relatifs aux usages et
aux mœurs de ses habirans.
Les persans ont des supplices plus atroces
que ceux des Procruste et des Phalaris. Je fus
un jour témoin , avec horreur , des tournions
inouïs d'un malheureux condamné au supplice
des auges. En voici les apprêts. On creuse deux
auges de la grandeur de l'homme, depuis le
cou jusqu'à la cheville du pied, de manière
qu'elles puissent s'emboiter ensemble ; on en-
ferme le criminel dans ces deux anges, de
, sorte que tout le corps est bien enveloppé,
excepté la tête et les pieds. En cet état on lui
donne à manger, et s'il refuse, on l'y force en
lui enfonçant des aiguilles dans les yeux. Lors-
qu'il a mangé , on lui fait boire du miel dé-
layé dans du lait ; on lui en frotte aussi le
visage, et on le tourne au soleil, afin qu'il l'ait
toujours dans les yeux, et que les mouches ,
attirées par ce lait et ce miel, lui couvrent le
visage. Comme ce malheureux remplissoit l'auge
de ses sécrétions, la pourriture et la corrup-
tion engendioient quantité de vers qui le dé-
soutien de la vertu. L'excès de la prospérité
énerve rame, l'épuisé, ouvre la porte à tons
les vices , et ferme celle du bonheur ». Nous
résolûmes dès ce jour de partir de Babylone :
mais en quittant cette ville , je rapporterai
encore quelques traits relatifs aux usages et
aux mœurs de ses habirans.
Les persans ont des supplices plus atroces
que ceux des Procruste et des Phalaris. Je fus
un jour témoin , avec horreur , des tournions
inouïs d'un malheureux condamné au supplice
des auges. En voici les apprêts. On creuse deux
auges de la grandeur de l'homme, depuis le
cou jusqu'à la cheville du pied, de manière
qu'elles puissent s'emboiter ensemble ; on en-
ferme le criminel dans ces deux anges, de
, sorte que tout le corps est bien enveloppé,
excepté la tête et les pieds. En cet état on lui
donne à manger, et s'il refuse, on l'y force en
lui enfonçant des aiguilles dans les yeux. Lors-
qu'il a mangé , on lui fait boire du miel dé-
layé dans du lait ; on lui en frotte aussi le
visage, et on le tourne au soleil, afin qu'il l'ait
toujours dans les yeux, et que les mouches ,
attirées par ce lait et ce miel, lui couvrent le
visage. Comme ce malheureux remplissoit l'auge
de ses sécrétions, la pourriture et la corrup-
tion engendioient quantité de vers qui le dé-