8a V OTA G E s d'Ahtesos
comme tôt ou tard il falloit se montrer, il enve-
loppa ses longues oreilles d'un grand bonnet de
pourpre. Obligé cependant de confier sa dis-
grâce à son barbier, il lui fit jurer un secret in-
violable. Le barbier n'osa fausser son serment ;
mais pour soulager son cœur oppressé, il fit un
trou dans la terre , et y passant sa tête, il y ré-
péta plusieurs fois : Mydas _, le roi Mydas a
des oreilles d'âne. Quelque temps après on vit
des roseaux s'élever sur cette ouverture, qui,
parvenus à leur maturité, répétoient, lorsqu'ils
étoient agités par les zéphirs : Mydas a des
oreilles d'âne. Cette fable fit beaucoup rire les
matelots , qui se prirent les oreilles entr'eux,
et appeloient Mydas ceux qui avoient les plus
longues. —Puisque nous sommes en Lydie,
reprit Mamercus, je vous dirai une autre his-
toire arrivée dans ce pays-là.
Un jour la terre s'entr'ouvrit après de grandes
pluies. Un nommé Gigés, berger des troupeaux
du roi Candaule , eut la curiosité de descendre
dans cette ouverture. Il y trouva un cheval
d'airain, dont les flancs creux, étoient fermés
par une porte. Gigés l'ouvrit, et vit dedans un
homme mort, d'une grandeur extraordinaire,
qui avoit au doigt un anneau d'or. Il le lui en-
leva. Cet anneau avoit une singulière proprié-
té : lorsqu'on tournoit le chaton vers la paume
comme tôt ou tard il falloit se montrer, il enve-
loppa ses longues oreilles d'un grand bonnet de
pourpre. Obligé cependant de confier sa dis-
grâce à son barbier, il lui fit jurer un secret in-
violable. Le barbier n'osa fausser son serment ;
mais pour soulager son cœur oppressé, il fit un
trou dans la terre , et y passant sa tête, il y ré-
péta plusieurs fois : Mydas _, le roi Mydas a
des oreilles d'âne. Quelque temps après on vit
des roseaux s'élever sur cette ouverture, qui,
parvenus à leur maturité, répétoient, lorsqu'ils
étoient agités par les zéphirs : Mydas a des
oreilles d'âne. Cette fable fit beaucoup rire les
matelots , qui se prirent les oreilles entr'eux,
et appeloient Mydas ceux qui avoient les plus
longues. —Puisque nous sommes en Lydie,
reprit Mamercus, je vous dirai une autre his-
toire arrivée dans ce pays-là.
Un jour la terre s'entr'ouvrit après de grandes
pluies. Un nommé Gigés, berger des troupeaux
du roi Candaule , eut la curiosité de descendre
dans cette ouverture. Il y trouva un cheval
d'airain, dont les flancs creux, étoient fermés
par une porte. Gigés l'ouvrit, et vit dedans un
homme mort, d'une grandeur extraordinaire,
qui avoit au doigt un anneau d'or. Il le lui en-
leva. Cet anneau avoit une singulière proprié-
té : lorsqu'on tournoit le chaton vers la paume