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https://doi.org/10.11588/diglit.1080#0109
jo4 Voyages d'A stïno»
le feriez rougir. L'action du tableau est un
paysan qui, ne sachant point écrire , s'adresse
à Aristide , qu'il ne connoit pas , et le prie de
mettre sur le tèt qu'il lui présente , le nom de
ce citoyen qu'il veut faire bannir d'Athènes.
Vous savez le reste. Aristide lui demanda pour-
quoi il lui en vouloit. — « Parce que je suis en-
nuyé de l'entendre appeler le juste ». Aristide,
sans répliquer, écrivit son nom sur la coquille ».
Cependant mes yeux s'attachoient sur le por-
trait de ce grand homme ; je le regardois avec
vénération; je demandai s'il étoit ressemblant?
A cette question je vis sourire le vieillard, et
plus malignement encore les deux jeunes per-
$onnes. — « Il l'était autrefois, me dit-il, mais
aujourd'hui il doit être changé. Ce portrait a
trente-cinq ans de date. Le temps est un grand
destructeur : le vieux Saturne dévore ses en-
fans et les pierres même ». Surpris du sourire
qu'avoit excité ma question , je reportai les
yeux sur le tableau, et je m'apperçus qu'il
avoit des traits de ressemblance avec notre hôte.
Je lui en parlai : il me répondit : « On me l'a
dit souvent ». Gomme je m'apperçus qu'Athe-
naïs et Phaloé fesoient tous leurs efforts pour
empêcher leur rire d'éclater , je ne doutai plus
que ce vieillard respectable ne fut l'original du
portrait. — « Ah ! m'ecriai-je, je ne m'abuse
le feriez rougir. L'action du tableau est un
paysan qui, ne sachant point écrire , s'adresse
à Aristide , qu'il ne connoit pas , et le prie de
mettre sur le tèt qu'il lui présente , le nom de
ce citoyen qu'il veut faire bannir d'Athènes.
Vous savez le reste. Aristide lui demanda pour-
quoi il lui en vouloit. — « Parce que je suis en-
nuyé de l'entendre appeler le juste ». Aristide,
sans répliquer, écrivit son nom sur la coquille ».
Cependant mes yeux s'attachoient sur le por-
trait de ce grand homme ; je le regardois avec
vénération; je demandai s'il étoit ressemblant?
A cette question je vis sourire le vieillard, et
plus malignement encore les deux jeunes per-
$onnes. — « Il l'était autrefois, me dit-il, mais
aujourd'hui il doit être changé. Ce portrait a
trente-cinq ans de date. Le temps est un grand
destructeur : le vieux Saturne dévore ses en-
fans et les pierres même ». Surpris du sourire
qu'avoit excité ma question , je reportai les
yeux sur le tableau, et je m'apperçus qu'il
avoit des traits de ressemblance avec notre hôte.
Je lui en parlai : il me répondit : « On me l'a
dit souvent ». Gomme je m'apperçus qu'Athe-
naïs et Phaloé fesoient tous leurs efforts pour
empêcher leur rire d'éclater , je ne doutai plus
que ce vieillard respectable ne fut l'original du
portrait. — « Ah ! m'ecriai-je, je ne m'abuse