en Grèce et en Asie. ttt
avec ses dons. Aristide nous dit alors : « Ces
persans n'ont point d'idée des mœurs et de
l'âme d'un citoyen d'Athènes. Ce présent est
sans doute le fruit d'un bon conseil que je
lui donnai dernièrement : j'étois chez lui, car
nous nous voyons quelquefois. Ce satrape a
d'heureuses qualités ; il est homme d'esprit,
mais sa passion pour l'argent obscurcit son
mérite. Il amasse beaucoup , et donne peu. Il
me montrait un cabinet qu'il venoit de faire
bâtir. Comme j'en louois le dessin et le goût,y
il me dit : « Je voudrais y faire peindre une
idée nouvelle, quelque sujet qui ne fût point
déjà dans mon palais. — «Faites-y peindre la
libéralité ». Ce trait d'un homme libre l'étonna.
« Aristide, dit-il, ne dément ^pas son carac-
tère de franchise , il transporte en Asie une
plante de son pays ; mais l'avis est bon , et
j'en profiterai ».— Je ne croyois pas, dis-je alors
à Aristide, que vous fussiez connu de ce sa-
trape. — C'est une suite des événemens de ma
vie ; elle a été si agitée , si orageuse depuis
mon ostracisme , que le récit vous en pourra
peut-être intéresser. Je vous le commencerai
ce soir à la promenade ; vous le ferez un jour
aux athéniens, qui l'écouteront peut-être avec
quelqu'intérêt. Je m'en vais retourner à mes
travaux champêtres. Cependant je vous invite
avec ses dons. Aristide nous dit alors : « Ces
persans n'ont point d'idée des mœurs et de
l'âme d'un citoyen d'Athènes. Ce présent est
sans doute le fruit d'un bon conseil que je
lui donnai dernièrement : j'étois chez lui, car
nous nous voyons quelquefois. Ce satrape a
d'heureuses qualités ; il est homme d'esprit,
mais sa passion pour l'argent obscurcit son
mérite. Il amasse beaucoup , et donne peu. Il
me montrait un cabinet qu'il venoit de faire
bâtir. Comme j'en louois le dessin et le goût,y
il me dit : « Je voudrais y faire peindre une
idée nouvelle, quelque sujet qui ne fût point
déjà dans mon palais. — «Faites-y peindre la
libéralité ». Ce trait d'un homme libre l'étonna.
« Aristide, dit-il, ne dément ^pas son carac-
tère de franchise , il transporte en Asie une
plante de son pays ; mais l'avis est bon , et
j'en profiterai ».— Je ne croyois pas, dis-je alors
à Aristide, que vous fussiez connu de ce sa-
trape. — C'est une suite des événemens de ma
vie ; elle a été si agitée , si orageuse depuis
mon ostracisme , que le récit vous en pourra
peut-être intéresser. Je vous le commencerai
ce soir à la promenade ; vous le ferez un jour
aux athéniens, qui l'écouteront peut-être avec
quelqu'intérêt. Je m'en vais retourner à mes
travaux champêtres. Cependant je vous invite