136 Voyages d'A x t e n o n
criai-je ! ils étoient couchés, et pleuroient cfe
besoin. Aîhénaïs^, plus âgée de deux ans , et
qui voyoit mes larmes , me dit : « Mon père y.
ne pleurez point, je n'ai qu'un peu d'appétit >v
Ce mot approfondit ma douleur. Dés qu'il fut
nuit , je me traînai sur le bord de la mer ;
j'y cherchai des coquillages : mes enfans les
dévorèrent. Quelle nuit ! que de tableaux
funestes effrayoient mon imagination! j'enten-
tendois mes filles qui gémissoient même en
dormant. Lorsque le jour perça les ténèbres,
« ô soleil! m'écrkû-je, ô lumière immortelle !
m'éclaires - tu pour la dernière fois ! Et toi ,
père de la nature , être suprême , termine
aujourd'hui mon existence : j'ai rempli ma
carrière ; mais prends pitié de mes enfans, à
peine ils entrent dans la vie » ! Athénaïs m'ap-
pela : elle n'osoit plus me demander du pain,
elle s'étoit apperçue que ce mot me déchiroit
le cœur; mais elle me demanda des coquil-
lages : je lui en promis. J'étois décidé , si l'on
ne m'apportoit rien dans la journée , de bra-
ver le danger, et d'abandonner ma destiné»
aux hommes et aux dieux. Toutes mes forces
défailloient ; à peine pouvois-je me soutenir.
Cependant je me '.raine à l'ouverture de la ca-
verne : o joie pure et délicieuse ! ô souvenir
éternel ! j'y tiouve des vivres en abondance»
criai-je ! ils étoient couchés, et pleuroient cfe
besoin. Aîhénaïs^, plus âgée de deux ans , et
qui voyoit mes larmes , me dit : « Mon père y.
ne pleurez point, je n'ai qu'un peu d'appétit >v
Ce mot approfondit ma douleur. Dés qu'il fut
nuit , je me traînai sur le bord de la mer ;
j'y cherchai des coquillages : mes enfans les
dévorèrent. Quelle nuit ! que de tableaux
funestes effrayoient mon imagination! j'enten-
tendois mes filles qui gémissoient même en
dormant. Lorsque le jour perça les ténèbres,
« ô soleil! m'écrkû-je, ô lumière immortelle !
m'éclaires - tu pour la dernière fois ! Et toi ,
père de la nature , être suprême , termine
aujourd'hui mon existence : j'ai rempli ma
carrière ; mais prends pitié de mes enfans, à
peine ils entrent dans la vie » ! Athénaïs m'ap-
pela : elle n'osoit plus me demander du pain,
elle s'étoit apperçue que ce mot me déchiroit
le cœur; mais elle me demanda des coquil-
lages : je lui en promis. J'étois décidé , si l'on
ne m'apportoit rien dans la journée , de bra-
ver le danger, et d'abandonner ma destiné»
aux hommes et aux dieux. Toutes mes forces
défailloient ; à peine pouvois-je me soutenir.
Cependant je me '.raine à l'ouverture de la ca-
verne : o joie pure et délicieuse ! ô souvenir
éternel ! j'y tiouve des vivres en abondance»