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Oui, dit Myson, et j'invoque la loi ». Ces mots
arrêtent le bras de Nieomaque. Vous devez
savoir que la loi permet au mari de tuer l'a-
mant de sa femme pris en flagrant délit, mais
lui défend ee meurtre, lorsquecelle-ei déclare
que c'est par la violence et non par la séduc-
tion, qu'il a triomphé d'elle ». Je dis que je trou-
vois cette loi fort bisarre. — « Elle est sage,
me répond Protagore : l'arme de la séduction
est plus dangereuse, plus facile que celle de
la force, si rarement possible. Mais l'époux ,
dans ce dernier cas , a le droit de répudier
sa femme, et de faire condamner son amant
à une amende considérable en sa faveur.
Nieomaque , irrité , ne vouloit faire aucune
grâce ; Praxille étoit perdue sans ressource ;
elle alloit être exclue des cérémonies reli-
gieuses ; elle n'auroit plus osé se parer ; tout
le monde pouvoit la couvrir d'opprobres, et
déchirer ses vètemens. Dans son malheur ,
elle eut recours à Cratès , qui avoit des liai-
sons d'amitié avec son mari , et qui promit ses
bons offices. Il va trouver Nieomaque, qui ne
respiroit que fureur et vengeance. « Je ne
chercherai pas, lui dit-il, â vous consoler par
l'exemple des hommes et des dieux, et par
cette fatalité qui sème cette ivraie dans le
champ de l'hymen. Mais quel est celui dont la
Oui, dit Myson, et j'invoque la loi ». Ces mots
arrêtent le bras de Nieomaque. Vous devez
savoir que la loi permet au mari de tuer l'a-
mant de sa femme pris en flagrant délit, mais
lui défend ee meurtre, lorsquecelle-ei déclare
que c'est par la violence et non par la séduc-
tion, qu'il a triomphé d'elle ». Je dis que je trou-
vois cette loi fort bisarre. — « Elle est sage,
me répond Protagore : l'arme de la séduction
est plus dangereuse, plus facile que celle de
la force, si rarement possible. Mais l'époux ,
dans ce dernier cas , a le droit de répudier
sa femme, et de faire condamner son amant
à une amende considérable en sa faveur.
Nieomaque , irrité , ne vouloit faire aucune
grâce ; Praxille étoit perdue sans ressource ;
elle alloit être exclue des cérémonies reli-
gieuses ; elle n'auroit plus osé se parer ; tout
le monde pouvoit la couvrir d'opprobres, et
déchirer ses vètemens. Dans son malheur ,
elle eut recours à Cratès , qui avoit des liai-
sons d'amitié avec son mari , et qui promit ses
bons offices. Il va trouver Nieomaque, qui ne
respiroit que fureur et vengeance. « Je ne
chercherai pas, lui dit-il, â vous consoler par
l'exemple des hommes et des dieux, et par
cette fatalité qui sème cette ivraie dans le
champ de l'hymen. Mais quel est celui dont la