DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.1080#0291
286 Vo Y A G E S d'A STESOR
près d'une femme que l'on aime, dont la
conversation est animée et embellie par les-
grâces de l'esprit, par une instruction bril-
lante et solide, et le charme touchant de la
modestie et de la douceur !
Cependant quelque inquiétude àltéroit mon
bonheur : elle ne me pailoit jamais que d'ami-
tié , écartoit avec soin les souvenirs les plus
doux ; et toute expression un peu tendre don-
noit à son visage une teinte d'austérité. Nous
devions aller le lendemain nous promener en-
semble ; je résolus de la conduire aux mêmes
lieux que nous parcourions au commencement
de nos amours, dans cet asyle agreste et soli-
taire, où je cueillis le premier baiser, où son
regard et sa bouche me promirent mon bon-
heur. Les premières faveurs de l'amour, quoi-
que légères, laissent de si profondes impres-
sions , que la moindre réminiscence éveille
notre sensibilité et souvent le feu de nos
désirs.
Nous partîmes de grand matin, et traver-
sâmes le Pédion, ou la campagne d'Athènes.
Laslhénie m'en fesoit remarquer les beautés.
«Elle est arrosée, me disoit-elle, par le Cé-
phise, l'Eridan et l'ilyssus (17). L'ilyssus est
consacré aux Muses et à plusieurs autres divi-
nités. On voit sur ses bords une chapelle à
près d'une femme que l'on aime, dont la
conversation est animée et embellie par les-
grâces de l'esprit, par une instruction bril-
lante et solide, et le charme touchant de la
modestie et de la douceur !
Cependant quelque inquiétude àltéroit mon
bonheur : elle ne me pailoit jamais que d'ami-
tié , écartoit avec soin les souvenirs les plus
doux ; et toute expression un peu tendre don-
noit à son visage une teinte d'austérité. Nous
devions aller le lendemain nous promener en-
semble ; je résolus de la conduire aux mêmes
lieux que nous parcourions au commencement
de nos amours, dans cet asyle agreste et soli-
taire, où je cueillis le premier baiser, où son
regard et sa bouche me promirent mon bon-
heur. Les premières faveurs de l'amour, quoi-
que légères, laissent de si profondes impres-
sions , que la moindre réminiscence éveille
notre sensibilité et souvent le feu de nos
désirs.
Nous partîmes de grand matin, et traver-
sâmes le Pédion, ou la campagne d'Athènes.
Laslhénie m'en fesoit remarquer les beautés.
«Elle est arrosée, me disoit-elle, par le Cé-
phise, l'Eridan et l'ilyssus (17). L'ilyssus est
consacré aux Muses et à plusieurs autres divi-
nités. On voit sur ses bords une chapelle à