3oo Voyages d'A n t e n o b.
qu'il y a de plus agréable et de plus doux n'.
Autour du musée on voyoit divers logemens r
assez grands pour servir de retraite à plusieurs
philosophes. Nous nous promenâmes ensuite
dans le jardin, qui étoit agréablement terminé
par les rives de l'Ilyssus.
Lasthénie nous quitta et entra dans un ber-
ceau où étoit la statue de Théophraste. Je l'y
trouvai dans un recueillement profond.—Qu'a-
vez-vous , lui dis-je ? — C'est un moment d'at-
tendrissement , causé par le portrait de mon
ancien ami, et un souvenir bien doux. Un jour
j'étois avec lui dans ce berceau ; il me dit :
« Ma chère amie , je porte le poids de quatre-
vingt-dix-neuf ans ; j'ai assez vécu pour con-
noître les hommes : j'ai vu pendant le cours
de ma vie toutes sortes de personnes de divers
tempéramens ; je me suis toujours attaché à
les étudier , et mon dessein est de parler de
toutes les vertus et de tous les vices. Ce traité
sera utile à ceux qui viendront après moi ; il
leur tracera des modèles qu'ils pourront suivre».
Il n'a point achevé cet ouvrage, quoiqu'il ait
poussé sa carrière jusqu'à cent sept ans.
Nous allâmes ensuite auprès d'un grand
bassin. « C'est ici , me dit - elle , où , deux
mois avant sa more , ce grand philosophe me
parla de la courte durée de notre vie. « Il y a
qu'il y a de plus agréable et de plus doux n'.
Autour du musée on voyoit divers logemens r
assez grands pour servir de retraite à plusieurs
philosophes. Nous nous promenâmes ensuite
dans le jardin, qui étoit agréablement terminé
par les rives de l'Ilyssus.
Lasthénie nous quitta et entra dans un ber-
ceau où étoit la statue de Théophraste. Je l'y
trouvai dans un recueillement profond.—Qu'a-
vez-vous , lui dis-je ? — C'est un moment d'at-
tendrissement , causé par le portrait de mon
ancien ami, et un souvenir bien doux. Un jour
j'étois avec lui dans ce berceau ; il me dit :
« Ma chère amie , je porte le poids de quatre-
vingt-dix-neuf ans ; j'ai assez vécu pour con-
noître les hommes : j'ai vu pendant le cours
de ma vie toutes sortes de personnes de divers
tempéramens ; je me suis toujours attaché à
les étudier , et mon dessein est de parler de
toutes les vertus et de tous les vices. Ce traité
sera utile à ceux qui viendront après moi ; il
leur tracera des modèles qu'ils pourront suivre».
Il n'a point achevé cet ouvrage, quoiqu'il ait
poussé sa carrière jusqu'à cent sept ans.
Nous allâmes ensuite auprès d'un grand
bassin. « C'est ici , me dit - elle , où , deux
mois avant sa more , ce grand philosophe me
parla de la courte durée de notre vie. « Il y a