DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.1080#0308
en Grèce et en Asie. 3o3
fontaine ; un esclave m'apporte du lait et du
vin , quelques mets dans des vases d'argile. Il
se retire, je reste seul avec la nature ; je bois,
je réfléchis, je mange en me promenant ou
couché sur l'herbe ; je suis de l'œil les oiseaux
qui voltigent sur ma tète, et ce repas délicieux
dure quelquefois plus de deux heures». En le
quittant, Lasthénie lui demanda des nouvelles
de sa mouche, et s'il la revoyoit encore quelque-
fois. « — Non ; vlgnodice m'en a délivré pour
toujours ». Quand nous fûmes seuls avec Las-
thénie , je lui demandai l'explication de cette
mouche. « Vous avez dû voir que cet homme
est marqué au coin de la singularité ; il vous a
dit que, pendant cinq ans, il s'étoit exténué à
force d'étudier. Quand il vouloit travailler, il
se couchoit à terre, sur le ventre, entouré de
ses livres ; alors il croyoit voir une mouche qui
venoit se reposer sur son nez : il avoit beau la
chasser, elle revenoit toujours et le mettoitau-
désespoir. Les plus habiles médecins furent
consultés ; mais leur science et leurs remèdes
ne purent faire déguerpir cette fille du ciel,
comme l'appelle un de nos poètes, du nez
d'Ariston , ou plutôt de son imagination. Enfin
la célèbre Aguodice eut l'honneur de cette
cure. Agnodiee est une femme de beaucoup
d'esprit, qui avoit un penchant si invincible
fontaine ; un esclave m'apporte du lait et du
vin , quelques mets dans des vases d'argile. Il
se retire, je reste seul avec la nature ; je bois,
je réfléchis, je mange en me promenant ou
couché sur l'herbe ; je suis de l'œil les oiseaux
qui voltigent sur ma tète, et ce repas délicieux
dure quelquefois plus de deux heures». En le
quittant, Lasthénie lui demanda des nouvelles
de sa mouche, et s'il la revoyoit encore quelque-
fois. « — Non ; vlgnodice m'en a délivré pour
toujours ». Quand nous fûmes seuls avec Las-
thénie , je lui demandai l'explication de cette
mouche. « Vous avez dû voir que cet homme
est marqué au coin de la singularité ; il vous a
dit que, pendant cinq ans, il s'étoit exténué à
force d'étudier. Quand il vouloit travailler, il
se couchoit à terre, sur le ventre, entouré de
ses livres ; alors il croyoit voir une mouche qui
venoit se reposer sur son nez : il avoit beau la
chasser, elle revenoit toujours et le mettoitau-
désespoir. Les plus habiles médecins furent
consultés ; mais leur science et leurs remèdes
ne purent faire déguerpir cette fille du ciel,
comme l'appelle un de nos poètes, du nez
d'Ariston , ou plutôt de son imagination. Enfin
la célèbre Aguodice eut l'honneur de cette
cure. Agnodiee est une femme de beaucoup
d'esprit, qui avoit un penchant si invincible