DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.61747#0029
POINT COUPÉ.
25
deaux de lit, les baldaquins (1), etc. Mêlé au point coupé, le lacis
servait beaucoup dans les garnitures de lit et les nappes d’autel (2).
Marie Stuart était fort habile en cet art : elle l’avait appris à la cour
de France, où sa belle-sœur, la reine Margot, paraît aussi l’avoir pra-
tiqué (3).
Bien que le recueil de Mignerak, dont nous avons parlé, soit dédié
à Marie de Médicis, et qu’il porte son chiffre et ses armes, on voit
pourtant au frontispice un coussin à dentelle, avec un carré de lacis
en voie d’exécution, et dont le modèle est une marguerite tournée
Fig. 7. — Ancien lacis (treizième siècle). Fig. 8. — Ancien lacis (quatorzième siècle).
vers le soleil, devise favorite de Marguerite de Valois, la reine divor-
cée (fig. 6).
Les livres de ce genre étant chers et rares, les maîtresses de cou-
ture s’empressèrent d’en faire reproduire les différents dessins sur
des canevas de toile, et les jeunes demoiselles les remplissaient pour
témoigner de leur talent au point coupé, lacis et réseuil, à peu près
comme les petites filles d’aujourd’hui apprennent à marquer dans les
écoles de campagne. L’amour-propre des mères fit encadrer ces chefs-
d’œuvre; c’est pourquoi il en est tant venu jusqu’à nous conservés
intacts dans les anciennes familles (pi. 1).
(1) Les inventaires de Charles de Bourbon et de la comtesse de Soissons, sa femme, morts
l'un en 1613, l’autre en 1644, témoignent de la vogue du réseuil dans l’ameublement de
cette époque (Bibl. nat., Mss., fonds français. 11426). Déjà celui de Marie Stuart, en date
du 20 février 1587, faisait mention d’un « lit d’ouvrage de rezel ».
(2) « 18 pales de disférentes grandeurs ; tous de toile, garnis tant de petite dentelle que
de filet brodé. » {Inventaire de l'église Saint-Gervais, aux Archives nationales, LL, 654).
(3) On lit dans ses Comptes (1577) : « Pour des moulles et esguilles pour faire rezeuil,
4 livres tournois. Pour avoir monté une fraize neufve de reseuil, 10 sols tournois. »
25
deaux de lit, les baldaquins (1), etc. Mêlé au point coupé, le lacis
servait beaucoup dans les garnitures de lit et les nappes d’autel (2).
Marie Stuart était fort habile en cet art : elle l’avait appris à la cour
de France, où sa belle-sœur, la reine Margot, paraît aussi l’avoir pra-
tiqué (3).
Bien que le recueil de Mignerak, dont nous avons parlé, soit dédié
à Marie de Médicis, et qu’il porte son chiffre et ses armes, on voit
pourtant au frontispice un coussin à dentelle, avec un carré de lacis
en voie d’exécution, et dont le modèle est une marguerite tournée
Fig. 7. — Ancien lacis (treizième siècle). Fig. 8. — Ancien lacis (quatorzième siècle).
vers le soleil, devise favorite de Marguerite de Valois, la reine divor-
cée (fig. 6).
Les livres de ce genre étant chers et rares, les maîtresses de cou-
ture s’empressèrent d’en faire reproduire les différents dessins sur
des canevas de toile, et les jeunes demoiselles les remplissaient pour
témoigner de leur talent au point coupé, lacis et réseuil, à peu près
comme les petites filles d’aujourd’hui apprennent à marquer dans les
écoles de campagne. L’amour-propre des mères fit encadrer ces chefs-
d’œuvre; c’est pourquoi il en est tant venu jusqu’à nous conservés
intacts dans les anciennes familles (pi. 1).
(1) Les inventaires de Charles de Bourbon et de la comtesse de Soissons, sa femme, morts
l'un en 1613, l’autre en 1644, témoignent de la vogue du réseuil dans l’ameublement de
cette époque (Bibl. nat., Mss., fonds français. 11426). Déjà celui de Marie Stuart, en date
du 20 février 1587, faisait mention d’un « lit d’ouvrage de rezel ».
(2) « 18 pales de disférentes grandeurs ; tous de toile, garnis tant de petite dentelle que
de filet brodé. » {Inventaire de l'église Saint-Gervais, aux Archives nationales, LL, 654).
(3) On lit dans ses Comptes (1577) : « Pour des moulles et esguilles pour faire rezeuil,
4 livres tournois. Pour avoir monté une fraize neufve de reseuil, 10 sols tournois. »