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Revue archéologique — Ser. 3: 15.1890

DOI article:
Bapst, Germain: Le tombeau de Saint Piat
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https://doi.org/10.11588/diglit.70327#0128

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REVUE ARCHÉOLOGIQUE

Le texte de saint Ouen, le seul qui puisse servir de source,
ne parle pas de châsse, car le mot mausoleum ne peut se tra-
duire que par tombeau; nous sommes donc encore amené à
conclure à l'exécution par saint Eloi d'un tombeau, et le mot
desuper nous indique que ce tombeau était encore surmonté
d'un ciborium.
Quelques critiques pourraient cependant objecter que par ces
mots : « corpus eleganter composuit », saint Ouen a voulu dire
que saint Eloi construisit une châsse pour contenir les restes
du martyr : eleganter, dans ce cas, se traduirait dans le sens
qu'il a encore aujourd'hui en français, avec luxe, élégamment,
ce qui voudrait dire que le cercueil dans lequel le corps était
déposé était des plus riches; par suite, il serait impossible de
ne pas supposer l'existence d'une châsse. Mais, pour nous, ele-
ne porte pas un jugement fort avantageux de la légende de ce saint. « Ses Actes,
« dit-il', qui n'ont point encore été imprimés, sont jugés incapables de faire foi
« de rien par ceux qui les ont lus avec exactitude et discernement. Ils ont tant
« de rapports avec ceux de saint Yon de Chartres et de saint Lucien de Beau-
« vais, qu'on peut juger que ce sont trois ruisseaux d'une même source. » M. de
Tillemont n'en a pas une meilleure opinion, il regarde cette légende comme
pleine de fables et d'ignorance. Cependant Cousin en a fait un grand usage
dans son Histoire de Tournai, mais ce qu'il en rapporte n'est pas propre à
leur concilier une grande autorité. Il dit que ce fut le clergé de la collégiale de
Seclin qui composa l'histoire de la vie de saint Piat et la dédia à Simon, évêque
de Noyon et de Tournai, à l'occasion de quelque translation des reliques du
saint d'une châsse dans une autre. Ce prélat en fit une effectivement l'an 1143
à son retour de Rome. Cousin ajoute qu'il a vu cet ouvrage manuscrit parmi
les chartes de la collégiale de Seclin.
« Mais la légende de ces actes doit avoir une époque antérieure à celle que
Cousin lui assigne, si c'est à Fulbert de Chartres, comme il le pense, qu'on doit
attribuer la prose en l'honneur du saint apôtre. Car cette prose dont l'historien
de Tournai rapporte quelques endroits suppose manifestement la légende.
Cependant il y a plus d'apparence qu'elle est d'un autre Fulbert, moine de
Cambrai ou de ses environs, qui vivait au commencement du xie siècle et qui
passe pour l'auteur de la Vie de saint Autbert, évêque de Cambrai. Quelque
sentiment au reste qu'on embrasse, il paraît évident que les Actes de la vie de
saint Piat existaient au xie siècle, d'où il s'ensuit que les chanoines de Seclin,
ou n'ont fait que retoucher la légende, ou qu'ils l'ont présentée à leur évêque
telle qu'ils l'avaient trouvée en y ajoutant l'épître dédicatoire et l'histoire de la
nouvelle translation. »

1. Histoire littéraire de la France, tome XII, page 434,
 
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