Les Ilim.
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ou d'un déterminatif de sens, ou d'un idéogramme. La règle d'orthographe, à laquelle je
faisais allusion, n'est pas absolue, mais elle est assez généralement observée par les scribes,
pour qu'on fasse bien de ne s'en départir que pour des raisons probantes : jusqu'à présent
oes raisons manquent dans le cas spécial qui nous occupe, car, s'il n'est pas prouvé que
1^ 'tfX ^ i s'ê'u^e mu^> il est encore moins prouvé qu'il signifie chameau, et la sub-
stitution des Méoniens à Ilion, parmi les peuples qui assistèrent à la bataille de Qodshou, ne
répond pas à l'objection qu'on a soulevée contre une intervention des nations riveraines de la
Mer Egée dans les affaires de la Syrie et de l'Egypte. Si même on examine la manière dont
les Égyptiens ont rendu les noms étrangers, on ne pourra s'empêcher de remarquer combien
•1 est peu vraisemblable qu'ils aient cherché à compliquer la difficulté qu'ils éprouvaient déjà
il transcrire intelligiblement pour tous un mot exotique, de celle qui serait résultée de l'intro-
duction de signes pris avec des valeurs différentes de celles qu'on leur attribuait dans l'usage
journalier de la correspondance et de la composition littéraire. Toutes les lettres égyptiennes
lui ont été employées à traduire des noms comme Khiti, Magidi, Jopou, Tyr, Sidon, Damas,
ete., sont prises dans leur valeur usuelle : je ne vois pas pourquoi on aurait été chercher
des valeurs peu ordinaires pour celles qui ont servi à traduire des noms comme ^C^<s>- M (j
i i i' (2 CU ^'au*re8 tenues> Je ne V01S Pas pourquoi aurait été choisi pour
exprimer le son mar, mal, ma, quand son usage le plus fréquent indiquait forcément pour
lui la prononciation iri, ili, ère, ele, el, comme dans eipe, ipi, faire, dans (j ^3>~s 1
çpu>Te, lait, dans (j <==p> |ôôj e7V.oo?V.e, raisin et dans j Osiri. Je lirai donc jusqu'à nouvel
°''dre kaïri, Jcaïli, mulet, Iliouna, iriouna, Ilion, et dans le nom du peuple éthiopien
<2i*-^^J j Irim ou Ilim, non point Mar-m-û ou Mal-m-ù comme fait Brugsch (Die ait-
a9yptische Vôlkertafel dans les Mémoires du Ve congrès international des Orientalistes, 2° partie,
Première moitié, section africaine, p. 47). Le t—r serait ici, non pas un «, comme le pense
IWgscii, mais le syllabique mi, indiquant une vocalisation finale en i : Ilimi ou Ilimmi.
Le nom ainsi obtenu est assez curieux. On dirait la transcription exacte d'un mot usité
uans une des langues de la région éthiopienne, le Galla. Là, en effet, le mot ilm, eulm
Slgnifie le fils, les fils : les Gallas s'appellent llmorma, ■ ou Eulmorma, les fils d'Orma. Le nom
ttim, les fils, pourrait être l'abréviation d'un nom analogue. Je ne veux pas en conclure que
'es Ilim sont les ancêtres des Gallas : l'indice serait par trop insuffisant. Mais les Gallas
aPpartiennent à une race de peuples qui a été assez remuante et assez répandue au moyen
<l§'e, celle que les géographes arabes nomment les nations des Zendjes, et je ne vois rien
1Ul nous empêche d'admettre que des langues de même type et de même origine que le
^alla actuel aient été parlées, dès le temps des anciens Égyptiens, vers le détroit de Bab-el-
%ûdeb. Le nom du chef de Pount ^^v)? paraît se rattacher à l'arabe çj», lœtus,
Claris fuit, et indiquerait une origine arabe pour une partie de la population, celui de la
uation des Ilim se rattacherait à une souche purement africaine. Tout ce qui a rapport à
^Ethiopie et aux côtes de la Mer Rouge est tellement iucertain jusqu'à présent que même
lîle conjecture aussi incertaine n'est pas à dédaigner. L'identification proposée par Maeibxtb
'Vec l'Amara (Les listes géographiques des pylônes de Karnak, p. 53 — 54), exige une
Version de lettres qui suffit à la faire écarter. Celle que Brugsch a cru pouvoir établir
' Vec les Blemmycs repose sur cette lecture Mal-m-à que j'ai rejetée. Les renseignements que
^missent les textes égyptiens ne permettent guères d'être très affirmatifs sur la position
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ou d'un déterminatif de sens, ou d'un idéogramme. La règle d'orthographe, à laquelle je
faisais allusion, n'est pas absolue, mais elle est assez généralement observée par les scribes,
pour qu'on fasse bien de ne s'en départir que pour des raisons probantes : jusqu'à présent
oes raisons manquent dans le cas spécial qui nous occupe, car, s'il n'est pas prouvé que
1^ 'tfX ^ i s'ê'u^e mu^> il est encore moins prouvé qu'il signifie chameau, et la sub-
stitution des Méoniens à Ilion, parmi les peuples qui assistèrent à la bataille de Qodshou, ne
répond pas à l'objection qu'on a soulevée contre une intervention des nations riveraines de la
Mer Egée dans les affaires de la Syrie et de l'Egypte. Si même on examine la manière dont
les Égyptiens ont rendu les noms étrangers, on ne pourra s'empêcher de remarquer combien
•1 est peu vraisemblable qu'ils aient cherché à compliquer la difficulté qu'ils éprouvaient déjà
il transcrire intelligiblement pour tous un mot exotique, de celle qui serait résultée de l'intro-
duction de signes pris avec des valeurs différentes de celles qu'on leur attribuait dans l'usage
journalier de la correspondance et de la composition littéraire. Toutes les lettres égyptiennes
lui ont été employées à traduire des noms comme Khiti, Magidi, Jopou, Tyr, Sidon, Damas,
ete., sont prises dans leur valeur usuelle : je ne vois pas pourquoi on aurait été chercher
des valeurs peu ordinaires pour celles qui ont servi à traduire des noms comme ^C^<s>- M (j
i i i' (2 CU ^'au*re8 tenues> Je ne V01S Pas pourquoi aurait été choisi pour
exprimer le son mar, mal, ma, quand son usage le plus fréquent indiquait forcément pour
lui la prononciation iri, ili, ère, ele, el, comme dans eipe, ipi, faire, dans (j ^3>~s 1
çpu>Te, lait, dans (j <==p> |ôôj e7V.oo?V.e, raisin et dans j Osiri. Je lirai donc jusqu'à nouvel
°''dre kaïri, Jcaïli, mulet, Iliouna, iriouna, Ilion, et dans le nom du peuple éthiopien
<2i*-^^J j Irim ou Ilim, non point Mar-m-û ou Mal-m-ù comme fait Brugsch (Die ait-
a9yptische Vôlkertafel dans les Mémoires du Ve congrès international des Orientalistes, 2° partie,
Première moitié, section africaine, p. 47). Le t—r serait ici, non pas un «, comme le pense
IWgscii, mais le syllabique mi, indiquant une vocalisation finale en i : Ilimi ou Ilimmi.
Le nom ainsi obtenu est assez curieux. On dirait la transcription exacte d'un mot usité
uans une des langues de la région éthiopienne, le Galla. Là, en effet, le mot ilm, eulm
Slgnifie le fils, les fils : les Gallas s'appellent llmorma, ■ ou Eulmorma, les fils d'Orma. Le nom
ttim, les fils, pourrait être l'abréviation d'un nom analogue. Je ne veux pas en conclure que
'es Ilim sont les ancêtres des Gallas : l'indice serait par trop insuffisant. Mais les Gallas
aPpartiennent à une race de peuples qui a été assez remuante et assez répandue au moyen
<l§'e, celle que les géographes arabes nomment les nations des Zendjes, et je ne vois rien
1Ul nous empêche d'admettre que des langues de même type et de même origine que le
^alla actuel aient été parlées, dès le temps des anciens Égyptiens, vers le détroit de Bab-el-
%ûdeb. Le nom du chef de Pount ^^v)? paraît se rattacher à l'arabe çj», lœtus,
Claris fuit, et indiquerait une origine arabe pour une partie de la population, celui de la
uation des Ilim se rattacherait à une souche purement africaine. Tout ce qui a rapport à
^Ethiopie et aux côtes de la Mer Rouge est tellement iucertain jusqu'à présent que même
lîle conjecture aussi incertaine n'est pas à dédaigner. L'identification proposée par Maeibxtb
'Vec l'Amara (Les listes géographiques des pylônes de Karnak, p. 53 — 54), exige une
Version de lettres qui suffit à la faire écarter. Celle que Brugsch a cru pouvoir établir
' Vec les Blemmycs repose sur cette lecture Mal-m-à que j'ai rejetée. Les renseignements que
^missent les textes égyptiens ne permettent guères d'être très affirmatifs sur la position