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Notes de voyage.
pendant cent mètres, devient de pins en plus pénible au point que du Bir el-Aïn on n'arrive
plus au fond de la vallée que par escalade. Le couvent signalé par le voyageur anglais
existe toujours, mais il ne se compose plus que de deux pièces sans toiture et, malheureuse-
ment, aussi sans inscription. On peut visiter les grottes qui servaient de cellule, mais la
ccellule de l'ermite» est aujourd'hui inaccessible, les éboulements des rochers ayant emporté
une partie de l'étroit sentier qui y conduisait. Le puits est là eucore, toujours rempli d'une
eau fraîche et claire, abritée du soleil par le rocher même d'où elle est distillée. A partir
du puits jusqu'au mur de rochers qui ferme le fond de la vallée, l'humidité qui suinte de
tous côtés donne un semblant de vie à ce désert. Des câpriers pendent aux aufractuosités
des rocs, et quelques maigres buissons poussent entre les pierres de la route. La source
située tout au fond laisse à de longs intervalles échapper quelques gouttes d'eau qui ont
suffi pour faire vivre de nombreuses touffes de longues herbes. Cette source est un lieu de
pèlerinage pour les habitants de la région. On s'y rend à certains jours de l'année et chaque
pèlerin s'efforce de boire quelques gouttes de cette eau à sa sortie du rocher. Ce n'est pas
chose facile, l'eau glissant verticalement sur la pierre. Mais les pèlerins sont ingénieux et
pour arriver à leurs fins ils introduisent dans l'étroit orifice une des tiges d'herbes dont j'ai
parlé. L'eau glissant sur le brin d'herbe arrive à son extrémité qui s'incline sous ce poids
léger. Les lèvres sont là toutes prêtes pour recueillir la bienheureuse goutte qui va donner
à celui qui l'a bue du bonheur pour toute l'année. Le jour le plus favorable pour ce pèle-
rinage est celui où on célèbre la fête d'un certain Sheikhoun dont la légende n'est
pas bien précise. Ce n'est là sans doute que la continuation d'une coutume pratiquée aux
temps pharaoniques et dont probablement on trouvera quelque jour la mention sur une des
nombreuses stèles d'Akhmîm qui n'ont pas encore été étudiées.
Dans sa relation, Pococke n'a pas signalé une des choses les plus intéressantes de la
vallée. Je veux parler du rocher isolé, haut de 4 mètres, long de 5 et large de 3, qui se
dresse au milieu du chemin à moitié route à peu près du couvent. Ce rocher n'a rien en
lui-même de particulièrement remarquable, nombre d'autres semblables sont semés sur la
route; ce qui le distingue sont les inscriptions dont il est, pour ainsi dire, tapissé; ces ins-
criptions d'ailleurs sont difficiles à distinguer de prime abord, et ce n'est qu'à notre seconde
excursion, après qu'elles nous avaient été signalées par M. Frbnay, agent consulaire de France
à Akhmîm, qu'il nous a été possible de les relever, en partie, grâce à l'obligeant secours
qui nous a été accordé par MM. Maspero, Grébaut et Georges Morel, à qui je présente
ici tous mes remercînients.1 Bon nombre de ces inscriptions restent encore à recueillir, et
peut-être m'acquitterai-je plus tard de cette tâche; en attendant, je m'empresse de publier
celles déjà relevées qui prouvent que depuis un temps immémorial cette vallée était un but
de visite ou de pèlerinage.
Les nombreux graffiti tracés sur ce roc remontent à la XVIIIe dynastie, comme semble
l'indiquer le nom de Thoutmès relevé dans un graffito hiératique. De ces inscriptions, les
plus nombreuses ne contiennent guère qu'un nom; elles sont coptes ou grecques. C'est ainsi
que le nom de ne^nicuoc revient une trentaine de fois; il en est de même pour ceux de
iiùgeamHc ou icoôamnc, de neTpoc, de n^ir'A.oc. Les autres, de toutes langues et de
1) Voir le premier compte-rendu de la découverte dans Maspero, Bapport à VInstitut, p. 17 sqq., ex-
trait du Bulletin de l'Institut égyptien, 1886.
Notes de voyage.
pendant cent mètres, devient de pins en plus pénible au point que du Bir el-Aïn on n'arrive
plus au fond de la vallée que par escalade. Le couvent signalé par le voyageur anglais
existe toujours, mais il ne se compose plus que de deux pièces sans toiture et, malheureuse-
ment, aussi sans inscription. On peut visiter les grottes qui servaient de cellule, mais la
ccellule de l'ermite» est aujourd'hui inaccessible, les éboulements des rochers ayant emporté
une partie de l'étroit sentier qui y conduisait. Le puits est là eucore, toujours rempli d'une
eau fraîche et claire, abritée du soleil par le rocher même d'où elle est distillée. A partir
du puits jusqu'au mur de rochers qui ferme le fond de la vallée, l'humidité qui suinte de
tous côtés donne un semblant de vie à ce désert. Des câpriers pendent aux aufractuosités
des rocs, et quelques maigres buissons poussent entre les pierres de la route. La source
située tout au fond laisse à de longs intervalles échapper quelques gouttes d'eau qui ont
suffi pour faire vivre de nombreuses touffes de longues herbes. Cette source est un lieu de
pèlerinage pour les habitants de la région. On s'y rend à certains jours de l'année et chaque
pèlerin s'efforce de boire quelques gouttes de cette eau à sa sortie du rocher. Ce n'est pas
chose facile, l'eau glissant verticalement sur la pierre. Mais les pèlerins sont ingénieux et
pour arriver à leurs fins ils introduisent dans l'étroit orifice une des tiges d'herbes dont j'ai
parlé. L'eau glissant sur le brin d'herbe arrive à son extrémité qui s'incline sous ce poids
léger. Les lèvres sont là toutes prêtes pour recueillir la bienheureuse goutte qui va donner
à celui qui l'a bue du bonheur pour toute l'année. Le jour le plus favorable pour ce pèle-
rinage est celui où on célèbre la fête d'un certain Sheikhoun dont la légende n'est
pas bien précise. Ce n'est là sans doute que la continuation d'une coutume pratiquée aux
temps pharaoniques et dont probablement on trouvera quelque jour la mention sur une des
nombreuses stèles d'Akhmîm qui n'ont pas encore été étudiées.
Dans sa relation, Pococke n'a pas signalé une des choses les plus intéressantes de la
vallée. Je veux parler du rocher isolé, haut de 4 mètres, long de 5 et large de 3, qui se
dresse au milieu du chemin à moitié route à peu près du couvent. Ce rocher n'a rien en
lui-même de particulièrement remarquable, nombre d'autres semblables sont semés sur la
route; ce qui le distingue sont les inscriptions dont il est, pour ainsi dire, tapissé; ces ins-
criptions d'ailleurs sont difficiles à distinguer de prime abord, et ce n'est qu'à notre seconde
excursion, après qu'elles nous avaient été signalées par M. Frbnay, agent consulaire de France
à Akhmîm, qu'il nous a été possible de les relever, en partie, grâce à l'obligeant secours
qui nous a été accordé par MM. Maspero, Grébaut et Georges Morel, à qui je présente
ici tous mes remercînients.1 Bon nombre de ces inscriptions restent encore à recueillir, et
peut-être m'acquitterai-je plus tard de cette tâche; en attendant, je m'empresse de publier
celles déjà relevées qui prouvent que depuis un temps immémorial cette vallée était un but
de visite ou de pèlerinage.
Les nombreux graffiti tracés sur ce roc remontent à la XVIIIe dynastie, comme semble
l'indiquer le nom de Thoutmès relevé dans un graffito hiératique. De ces inscriptions, les
plus nombreuses ne contiennent guère qu'un nom; elles sont coptes ou grecques. C'est ainsi
que le nom de ne^nicuoc revient une trentaine de fois; il en est de même pour ceux de
iiùgeamHc ou icoôamnc, de neTpoc, de n^ir'A.oc. Les autres, de toutes langues et de
1) Voir le premier compte-rendu de la découverte dans Maspero, Bapport à VInstitut, p. 17 sqq., ex-
trait du Bulletin de l'Institut égyptien, 1886.