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NOTES ET REMARQUES
probablement parce que le dieu eut à assister à la résurrection d'Osiris et que la gre-
nouille fut un des symboles de la formation de la vie nouvelle.
L'importance accordée ici aux fonctions du membre viril d'Osiris est en con-
tradiction avec une série d'autres textes qui privent Osiris de ce membre, mais elle
rentre dans un cycle assez développé de passages parlant de l'Osiris phallique et de sa
puissance prolifique1. Une seconde allusion à ce rôle du dieu se trouve à Abydosa, non
loin de la représentation décrite. Là, le dieu, désigné par j^j-}]-^^' es^ couché
sur son lit; du côté des pieds, on aperçoit Horus hiéracocéphale tenant ses mains
au-dessus du dieu, tandis que, du côté de la tête, Isis, debout, soutient de la main
gauche la nuque d'Osiris et approche la main droite de son front. Le dieu lui-
même touche de la main droite son membre viril, tandis que l'autre main tâche de
toucher le front; les pieds sont réunis ensemble. La même scène revient dans les reliefs
de Dendérah, à côté de celle que j'ai décrite plus haut. Seulement, les pieds y sont
séparés, et les mouvements d'Isis et d'Horus ne sont plus si naturels et si vifs qu'ils
le furent au temps de la floraison de l'art égyptien, sous le règne de Séti Ier.
4. — Trois genres de monuments égyptiens ont eu, pendant le Nouvel-Empire, un
développement à peu près parallèle dans leur exécution : les cercueils en forme humaine,
les usebti et l'image de l'Osiris funéraire. Ainsi, par exemple, dans la période où le
sarcophage représente parfois le mort dans l'habit des vivants, les usebti portent sou-
vent le même costume, et lorsqu'on avait l'habitude de couvrir les bandelettes du mort
avec un réseau de perles, nous voyons ce réseau peint sur les bandelettes d'Osiris. La
raison de ce parallélisme est que ces trois catégories d'objets étaient regardées comme
plus ou moins identiques à Osiris ou en relation intime avec lui; elles devaient donc
porter aussi extérieurement les signes auxquels le dieu était reconnaissable.
Le type général fut donné par l'imitation de la momie enveloppée de ses bande-
lettes, dont ne sortaient que le visage, afin de rendre visibles les traits du mort ou du
dieu, puis les pieds, pour signifier qu'il était capable de se mouvoir, et les mains, afin
de pouvoir y mettre les différents symboles caractérisant ou le dieu, ou le mort, ou
l'usebti. Le reste du corps est couvert par un linceul uni. Ce ne fut que dans une
époque bien basse que l'apparence de paquet que la momie gagna par là changea, et
que l'on disposa d'autres bandelettes sur le linceul, de manière à former de petits caissons.
Cette coutume nouvelle se développa probablement main à main avec la divulgation
de l'usage jusqu'alors sporadique de ne pas transporter le corps du mort directement
au tombeau, mais de le garder préalablement quelque temps dans une chambre acces-
sible aux survivants. C'est alors qu'il fallait chercher à rendre l'aspect de la momie un
peu moins monotone, et c'est pourquoi ce sont justement les momies avec portrait peint,
qui portent aussi les bandelettes disposées en caissons3.
1. Voy., par exemple, Litanies d'Isis et de Nephthys, éd. Budge, Archœologia, LU, p. 65 sqq. ; le titre
Ka-Amenti, « taureau, c'est-à-dire générateur de l'Ouest », du Livre des Morts, chap. i, l. 7. Cf. Wiedemann,
Herodot's Zweites Buch, p. 224 sqq.; E. von Bergmann, ;Eg. Zeitschr., 1880, p. 91 sqq.
2. Photographie Zangaki, n° 618.
3. Voy., par exemple, Pétrie, Hawara, pl. 9, flg. 4; Mertens, Phot. Berlin, n° 59.
NOTES ET REMARQUES
probablement parce que le dieu eut à assister à la résurrection d'Osiris et que la gre-
nouille fut un des symboles de la formation de la vie nouvelle.
L'importance accordée ici aux fonctions du membre viril d'Osiris est en con-
tradiction avec une série d'autres textes qui privent Osiris de ce membre, mais elle
rentre dans un cycle assez développé de passages parlant de l'Osiris phallique et de sa
puissance prolifique1. Une seconde allusion à ce rôle du dieu se trouve à Abydosa, non
loin de la représentation décrite. Là, le dieu, désigné par j^j-}]-^^' es^ couché
sur son lit; du côté des pieds, on aperçoit Horus hiéracocéphale tenant ses mains
au-dessus du dieu, tandis que, du côté de la tête, Isis, debout, soutient de la main
gauche la nuque d'Osiris et approche la main droite de son front. Le dieu lui-
même touche de la main droite son membre viril, tandis que l'autre main tâche de
toucher le front; les pieds sont réunis ensemble. La même scène revient dans les reliefs
de Dendérah, à côté de celle que j'ai décrite plus haut. Seulement, les pieds y sont
séparés, et les mouvements d'Isis et d'Horus ne sont plus si naturels et si vifs qu'ils
le furent au temps de la floraison de l'art égyptien, sous le règne de Séti Ier.
4. — Trois genres de monuments égyptiens ont eu, pendant le Nouvel-Empire, un
développement à peu près parallèle dans leur exécution : les cercueils en forme humaine,
les usebti et l'image de l'Osiris funéraire. Ainsi, par exemple, dans la période où le
sarcophage représente parfois le mort dans l'habit des vivants, les usebti portent sou-
vent le même costume, et lorsqu'on avait l'habitude de couvrir les bandelettes du mort
avec un réseau de perles, nous voyons ce réseau peint sur les bandelettes d'Osiris. La
raison de ce parallélisme est que ces trois catégories d'objets étaient regardées comme
plus ou moins identiques à Osiris ou en relation intime avec lui; elles devaient donc
porter aussi extérieurement les signes auxquels le dieu était reconnaissable.
Le type général fut donné par l'imitation de la momie enveloppée de ses bande-
lettes, dont ne sortaient que le visage, afin de rendre visibles les traits du mort ou du
dieu, puis les pieds, pour signifier qu'il était capable de se mouvoir, et les mains, afin
de pouvoir y mettre les différents symboles caractérisant ou le dieu, ou le mort, ou
l'usebti. Le reste du corps est couvert par un linceul uni. Ce ne fut que dans une
époque bien basse que l'apparence de paquet que la momie gagna par là changea, et
que l'on disposa d'autres bandelettes sur le linceul, de manière à former de petits caissons.
Cette coutume nouvelle se développa probablement main à main avec la divulgation
de l'usage jusqu'alors sporadique de ne pas transporter le corps du mort directement
au tombeau, mais de le garder préalablement quelque temps dans une chambre acces-
sible aux survivants. C'est alors qu'il fallait chercher à rendre l'aspect de la momie un
peu moins monotone, et c'est pourquoi ce sont justement les momies avec portrait peint,
qui portent aussi les bandelettes disposées en caissons3.
1. Voy., par exemple, Litanies d'Isis et de Nephthys, éd. Budge, Archœologia, LU, p. 65 sqq. ; le titre
Ka-Amenti, « taureau, c'est-à-dire générateur de l'Ouest », du Livre des Morts, chap. i, l. 7. Cf. Wiedemann,
Herodot's Zweites Buch, p. 224 sqq.; E. von Bergmann, ;Eg. Zeitschr., 1880, p. 91 sqq.
2. Photographie Zangaki, n° 618.
3. Voy., par exemple, Pétrie, Hawara, pl. 9, flg. 4; Mertens, Phot. Berlin, n° 59.