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INSCRIPTIONS HISTORIQUES MENDÉSIENNES
général Hornekht I
gouverneur Smendès
Il est regrettable que la lacune au commencement de la seconde ligne donne de
l'incertitude à la traduction : « Après qu'il l'eut désigné à ses Tanites, qui le re-
connurent (ou agréèrent) comme seigneur de son temple1. » Mais la formule « ses
pitale du XVIe ; or, il est évidemment fait allusion ici aux rois de la XXIIIe dynastie,
qui étaient en effet Tanites, ce qui précise la date du monument.
Après Osarkon II, la disparition de la monarchie laissa l'Egypte morcelée en
quantité de petites principautés rivales dont les chefs s'associaient tantôt avec un
voisin, tantôt avec un autre, pour tâcher d'accroître leur domaine. Quelques princes,
descendants de la XXIIe dynastie, avaient conservé le droit au cartouche ; dans l'est du
Delta, le morcellement était poussé au plus haut degré, presque chaque nome avait son
gouverneur, indépendant en fait, généralement un chef de troupes mercenaires. Mais,
dans cette situation qui rappelle de près la féodalité au moyen âge, les rois de Tanis
étaient admis comme légitimes successeurs des Bubastites et regardés comme chefs
de la confédération, sauf peut-être dans l'ouest du Delta, alors aux mains des princes
de Saïs, qui aspiraient eux-mêmes au pouvoir suprême. Les rois n'étaient guère res-
pectés par leurs vassaux plus que les premiers Capétiens, si j'en crois le texte A, car le
qui suit a Tanites » doit se rapporter au dieu Mendès, qui précède, et ainsi Smen-
dès, qui vient d'être mis en possession de sa principauté par son suzerain, le désigne
dédaigneusement comme si les Tanites étaient les esclaves de son dieu. Le fait qu'un
tel affront ait été supporté laisse à penser en quel état se trouvait alors le pouvoir
royal, et cependant Mendès n'est pas loin de Tanis.
Dans l'inscription B, on ne juge pas à propos de remplir les cartouches; la dodé-
carchie aboutit â l'anarchie; faute d'un autre système de comput, on date le document
de l'an XI d'un roi qu'on ne veut pas nommer. Cependant une autre explication est
possible. Pour représenter cette période dans sa chronologie, Manéthon a choisi les
trois rois tanites qui se succédèrent alors, Pétubastès, Osorthon et Psammous; je laisse
de côté le légendaire Zet. Or, l'Africain, les diverses éditions d'Eusèbe, le livre de
Sothis sont unanimes à assigner au dernier de ces souverains un règne de dix ans; il
se pourrait que Smendès ait été installé peu avant la mort de ce roi, et que le lapicide
ait été embarrassé, ne sachant au juste quel nom mettre pour remplir le cartouche pen-
dant cet interrègne. Après Psammous, Manéthon fait passer la royauté dans la famille
saïte, en la personne de Bocchoris; peut-être attendait-on pour combler les vides que
1. Le pronom —h— représente Khenti-abitiou, nom collectif féminin singulier. Smendès a été choisi par
son dieu, et « le Tanite » a ratifié son choix.
INSCRIPTIONS HISTORIQUES MENDÉSIENNES
général Hornekht I
gouverneur Smendès
Il est regrettable que la lacune au commencement de la seconde ligne donne de
l'incertitude à la traduction : « Après qu'il l'eut désigné à ses Tanites, qui le re-
connurent (ou agréèrent) comme seigneur de son temple1. » Mais la formule « ses
pitale du XVIe ; or, il est évidemment fait allusion ici aux rois de la XXIIIe dynastie,
qui étaient en effet Tanites, ce qui précise la date du monument.
Après Osarkon II, la disparition de la monarchie laissa l'Egypte morcelée en
quantité de petites principautés rivales dont les chefs s'associaient tantôt avec un
voisin, tantôt avec un autre, pour tâcher d'accroître leur domaine. Quelques princes,
descendants de la XXIIe dynastie, avaient conservé le droit au cartouche ; dans l'est du
Delta, le morcellement était poussé au plus haut degré, presque chaque nome avait son
gouverneur, indépendant en fait, généralement un chef de troupes mercenaires. Mais,
dans cette situation qui rappelle de près la féodalité au moyen âge, les rois de Tanis
étaient admis comme légitimes successeurs des Bubastites et regardés comme chefs
de la confédération, sauf peut-être dans l'ouest du Delta, alors aux mains des princes
de Saïs, qui aspiraient eux-mêmes au pouvoir suprême. Les rois n'étaient guère res-
pectés par leurs vassaux plus que les premiers Capétiens, si j'en crois le texte A, car le
qui suit a Tanites » doit se rapporter au dieu Mendès, qui précède, et ainsi Smen-
dès, qui vient d'être mis en possession de sa principauté par son suzerain, le désigne
dédaigneusement comme si les Tanites étaient les esclaves de son dieu. Le fait qu'un
tel affront ait été supporté laisse à penser en quel état se trouvait alors le pouvoir
royal, et cependant Mendès n'est pas loin de Tanis.
Dans l'inscription B, on ne juge pas à propos de remplir les cartouches; la dodé-
carchie aboutit â l'anarchie; faute d'un autre système de comput, on date le document
de l'an XI d'un roi qu'on ne veut pas nommer. Cependant une autre explication est
possible. Pour représenter cette période dans sa chronologie, Manéthon a choisi les
trois rois tanites qui se succédèrent alors, Pétubastès, Osorthon et Psammous; je laisse
de côté le légendaire Zet. Or, l'Africain, les diverses éditions d'Eusèbe, le livre de
Sothis sont unanimes à assigner au dernier de ces souverains un règne de dix ans; il
se pourrait que Smendès ait été installé peu avant la mort de ce roi, et que le lapicide
ait été embarrassé, ne sachant au juste quel nom mettre pour remplir le cartouche pen-
dant cet interrègne. Après Psammous, Manéthon fait passer la royauté dans la famille
saïte, en la personne de Bocchoris; peut-être attendait-on pour combler les vides que
1. Le pronom —h— représente Khenti-abitiou, nom collectif féminin singulier. Smendès a été choisi par
son dieu, et « le Tanite » a ratifié son choix.