LE Xe NOME DE LA HAUTE-EGYPTE
163
Comme monument authentique, rédigé en grec, et reproduisant les listes des nomes
telles qu'elles étaient alors, nous ne possédons que ce qu'on appelle le Papyrus des
Revenus. Malheureusement les listes de nomes contenues dans ce papyrus diffèrent de
toutes les autres connues et diffèrent même entre elles de façon notable1. En outre,
elles ne font mention que de vingt-quatre nomes appartenant à la Basse et à la
Moyenne-Égypte; ceux de la Haute-Égypte y sont tous réunis en bloc sous la dési-
gnation générale de Thébaïde. Il semble bien, en effet, que pour des raisons de défense,
aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur, la Thébaïde, très éloignée du centre du gouver-
nement et montrant toujours les mêmes velléités d'indépendance et de rébellion qu'elle
avait montrées depuis la chute des Ramessides, constitua sous les premiers Ptolémées,
et probablement jusqu'au règne de Ptolémée V Epiphane, un commandement militaire
unique, à l'intérieur duquel les anciennes circonscriptions et divisions n'avaient été
maintenues que pour l'administration civile2. Nous n'avons donc aucun renseignement
sur la région qui nous occupe en dehors des listes hiéroglyphiques.
Il nous faut descendre jusqu'à la seconde moitié du IIe siècle avant notre ère pour
retrouver notre nome, ou tout au moins sa capitale, car il semble bien qu'il ne soit
plus question des nomes à cette époque. Le géographe Agatliarchide, de Cnicle, qui
fut gouverneur du prince Ptolémée Alexandre, fils cadet du roi Ptolémée IX, nous
énumère les villes principales de la Thébaïde dans l'ordre suivant : xo;jç 8s slpTifjtévouç
uuepëxXXovxi xoirouî àpyr, XTjç Birçoa'ÊSoç fj A'j/.wv TzoXiç, sixa 'Acppo8îxT)î aXXï), izpbç 8s xo'jxotî Ilavwv3, etc.
La ville d' 'AspoS^ [itoXi;] est donc placée entre Lycopolis-Assiout et Panopolis-Akhmim ;
elle est qualifiée de aXX-r), parce qu'avant elle d'autres villes du même nom ont été
citées et parce qu'il existe encore d'autres villes du même nom plus au sud4.
Avec Diodore de Sicile (Ier siècle av. notre ère), nous n'apprenons rien concernant
Aphroditopolis; il nous dit seulement qu'un combat eut lieu aux temps légendaires
entre Horus et Seth-Typhon près de la xw;^ appelée Antaiou : YevéaGat 8g -rijv ^âyv -apà
xov Troxajjiôv TcX^Ttov xfjç vûv 'Avxaiou xofnqç •/.aXo'jij.svT);;,- r(v xsïaOa'. fisv ^zyouaw sv xîo îtaxà xrjv 'Aoaêîav
ftspec, xtjv 7cpoaTQY°p''^1' 8' syetv àicô xoù /CoXaffSivxoç ûcp' "HpxxXio'jç 'Avxai'oo, xoù xaxà xy)v 'Ouîp'.oo^ •JjXtxîav
\ 0. Hirschfeld a fait remarquer, en 1892, que Diodore ne nommait pas le lieu
du combat Antaioupolis, mais 'Avrau'ou /.■.ouV'. Peut-être serait-on en droit d'en conclure
qu Antaiou, la ville cl'Antée, n'était pas encore devenue, à l'époque de Diodore, un
chef-lieu de nome, c'est-à-dire une ^xpô-oXt; ; le chef-lieu serait clone probablement
encore à Aphroditopolis, et 'Avxaîou ne serait qu'un bourg dépendant d'Aphroditopolis7.
1. Mahaffy, Rooenue Laœs ; cf. Bouché-Leclercq, op. cit., t. III, p. 128, note 2.
2. P.-M. Meyer, Das Heerwesen der Ptolemàer und Rômer in Àgypten, p. 55, note 193, et Bouché-Le-
clercq, op. cit., t. III, p. 128-129.
3. De Mari Erythraeo, 22 (édit. Didot, dans les Geographici Grœci Minores, t. I, p. 122).
4. Pape (Wôrterbuch der griechischen Eigennamen, 3e édit., 1875, t. I, p. 183) note quatre Aphroditopolis
(deux dans le Delta, deux dans la Haute-Égypte). Mais M. V. Loret en a relevé cinq, deux dans le Delta, trois
-dans la Haute-Égypte {Grande Encyclopédie, t. III, p. 1314); cf. aussi J. Maspero, Bull. Inst. franç. d'Archéol.
■orient., t. VI (1908), p. 2-3.
5. Diodori Siculi Bibliotheca Historica, édit. Teubner, I, 21.
6. SiUungsberichte der kgl. preuss. Akad. der Wiss., Berlin, 1892, p. 819.
7. Voir, sur la division proposée en 1823 par Letronne entre le vojjw;, le xôtzoq ou roTtap/t'a, et la iii^,
Bouché-Leclercq, Histoire des Lagides, t. III, p. 130.
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Comme monument authentique, rédigé en grec, et reproduisant les listes des nomes
telles qu'elles étaient alors, nous ne possédons que ce qu'on appelle le Papyrus des
Revenus. Malheureusement les listes de nomes contenues dans ce papyrus diffèrent de
toutes les autres connues et diffèrent même entre elles de façon notable1. En outre,
elles ne font mention que de vingt-quatre nomes appartenant à la Basse et à la
Moyenne-Égypte; ceux de la Haute-Égypte y sont tous réunis en bloc sous la dési-
gnation générale de Thébaïde. Il semble bien, en effet, que pour des raisons de défense,
aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur, la Thébaïde, très éloignée du centre du gouver-
nement et montrant toujours les mêmes velléités d'indépendance et de rébellion qu'elle
avait montrées depuis la chute des Ramessides, constitua sous les premiers Ptolémées,
et probablement jusqu'au règne de Ptolémée V Epiphane, un commandement militaire
unique, à l'intérieur duquel les anciennes circonscriptions et divisions n'avaient été
maintenues que pour l'administration civile2. Nous n'avons donc aucun renseignement
sur la région qui nous occupe en dehors des listes hiéroglyphiques.
Il nous faut descendre jusqu'à la seconde moitié du IIe siècle avant notre ère pour
retrouver notre nome, ou tout au moins sa capitale, car il semble bien qu'il ne soit
plus question des nomes à cette époque. Le géographe Agatliarchide, de Cnicle, qui
fut gouverneur du prince Ptolémée Alexandre, fils cadet du roi Ptolémée IX, nous
énumère les villes principales de la Thébaïde dans l'ordre suivant : xo;jç 8s slpTifjtévouç
uuepëxXXovxi xoirouî àpyr, XTjç Birçoa'ÊSoç fj A'j/.wv TzoXiç, sixa 'Acppo8îxT)î aXXï), izpbç 8s xo'jxotî Ilavwv3, etc.
La ville d' 'AspoS^ [itoXi;] est donc placée entre Lycopolis-Assiout et Panopolis-Akhmim ;
elle est qualifiée de aXX-r), parce qu'avant elle d'autres villes du même nom ont été
citées et parce qu'il existe encore d'autres villes du même nom plus au sud4.
Avec Diodore de Sicile (Ier siècle av. notre ère), nous n'apprenons rien concernant
Aphroditopolis; il nous dit seulement qu'un combat eut lieu aux temps légendaires
entre Horus et Seth-Typhon près de la xw;^ appelée Antaiou : YevéaGat 8g -rijv ^âyv -apà
xov Troxajjiôv TcX^Ttov xfjç vûv 'Avxaiou xofnqç •/.aXo'jij.svT);;,- r(v xsïaOa'. fisv ^zyouaw sv xîo îtaxà xrjv 'Aoaêîav
ftspec, xtjv 7cpoaTQY°p''^1' 8' syetv àicô xoù /CoXaffSivxoç ûcp' "HpxxXio'jç 'Avxai'oo, xoù xaxà xy)v 'Ouîp'.oo^ •JjXtxîav
\ 0. Hirschfeld a fait remarquer, en 1892, que Diodore ne nommait pas le lieu
du combat Antaioupolis, mais 'Avrau'ou /.■.ouV'. Peut-être serait-on en droit d'en conclure
qu Antaiou, la ville cl'Antée, n'était pas encore devenue, à l'époque de Diodore, un
chef-lieu de nome, c'est-à-dire une ^xpô-oXt; ; le chef-lieu serait clone probablement
encore à Aphroditopolis, et 'Avxaîou ne serait qu'un bourg dépendant d'Aphroditopolis7.
1. Mahaffy, Rooenue Laœs ; cf. Bouché-Leclercq, op. cit., t. III, p. 128, note 2.
2. P.-M. Meyer, Das Heerwesen der Ptolemàer und Rômer in Àgypten, p. 55, note 193, et Bouché-Le-
clercq, op. cit., t. III, p. 128-129.
3. De Mari Erythraeo, 22 (édit. Didot, dans les Geographici Grœci Minores, t. I, p. 122).
4. Pape (Wôrterbuch der griechischen Eigennamen, 3e édit., 1875, t. I, p. 183) note quatre Aphroditopolis
(deux dans le Delta, deux dans la Haute-Égypte). Mais M. V. Loret en a relevé cinq, deux dans le Delta, trois
-dans la Haute-Égypte {Grande Encyclopédie, t. III, p. 1314); cf. aussi J. Maspero, Bull. Inst. franç. d'Archéol.
■orient., t. VI (1908), p. 2-3.
5. Diodori Siculi Bibliotheca Historica, édit. Teubner, I, 21.
6. SiUungsberichte der kgl. preuss. Akad. der Wiss., Berlin, 1892, p. 819.
7. Voir, sur la division proposée en 1823 par Letronne entre le vojjw;, le xôtzoq ou roTtap/t'a, et la iii^,
Bouché-Leclercq, Histoire des Lagides, t. III, p. 130.