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Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Hrsg.]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Hrsg.]
Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire — 37.1915

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Nr. 1-2
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Boussac, Hippolyte: Commentaire sur un passage d'Hérodote: (Liv. II, 18)
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https://doi.org/10.11588/diglit.12744#0033
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COMMENTAIRE SUR UN PASSAGE D'HÉRODOTE

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bes, que « le Nil sort d'un lac, dont la longueur et la largeur sont inconnues, et qui
est situé près du pays où le jour et la nuit ont une durée égale pendant toute l'année ».
(Il est facile de reconnaître ici le Victoria Nyanza.) Les découvertes de Bruce et autres
voyageurs du XVIIIe siècle avaient fait connaître l'existence de l'Atbara et du Nil
Bleu, deux des sources du grand Nil, originaires de l'Éthiopie. Il semble donc qu'il
ne pouvait plus être question de placer ces sources à la première cataracte. Cependant,
lorsque, après la restauration du nilomètre de Rodah ou Meqyas, le Divan du Caire
adressa, à cet effet, des remerciements au général Menou, commandant en chef de
l'armée française en Égypte, nous trouvons dans ce document officiel le passage que
voici : « Le Nil donne la vie aux enfants d'Adam, aux quadrupèdes, aux oiseaux et
animaux errant dans le désert. Depuis le lieu appelé Chellal, où le Nil prend sa source,
jusqu'à ses embouchures dans les deux mers, vers les villes de Rosette et de Damiette,
les bien gardées1. »

Or, Chellal est un village de la rive droite du Nil, au sud-est de Philse, et ce nom
sert également à désigner la cataracte.

Si, au commencement du XIXe siècle, en dépit de récentes découvertes, on plaçait
encore les sources du Nil à Eléphantine, comment n'en eût-il pas été de même au
Ve siècle avant notre ère?'

Que savaient les anciens sur les sources du Nil? Rien. »

Tout se bornait alors aux travaux d'Eratosthène, confirmés plus tard par Ptolémée,
et à la découverte du Nil Blanc par les émissaires de Néron. Sous Trajan, on l'avait
déjà oublié, et Ptolémée n'était, probablement, pas encore connu. Aussi, lorsqu'un
sculpteur eut à représenter les sources du Nil, dans la chapelle d'Osiris à Philse, il ne
s'inspira que cle la tradition établie depuis des milliers d'années, et, s'il figura au
sommet des falaises, d'un côté le faucon, emblème du nord, de l'autre le vautour, em-
blème du midi, c'était pour bien marquer, comme un phénomène naturel connu,
qu'une partie des eaux descendait vers l'Egypte et l'autre du côté de l'Ethiopie.

Au temps d'Hérodote, les connaissances géographiques étaient moins étendues
encore. Alors, quoi d'étonnant qu'un prêtre de Sais, qui, peut-être, n'était jamais sorti
du temple de Neith, ait donné, comme positif, à Hérodote un renseignement qui,
depuis des siècles, était universellement considéré comme une réalité.

Esprit éclairé, Hérodote, qui, en maintes occasions, ne manque pas de protester
quand certains faits lui paraissent invraisemblables, rapporte celui-ci sans commentaire
d'aucune sorte. Il ne pouvait pas, évidemment, être choqué de voir deux cours d'eau
issus de deux gouffres distincts prendre chacun une direction différente. Il faut, en
effet, si peu de chose, à leur origine, c'est-à-dire à leur source, pour déterminer le
partage des eaux.

Nous sommes donc autorisé à croire qu'en répondant à Hérodote, le prêtre de Sais,
prenant, d'après l'opinion généralement admise, le contre-courant pour le vrai cours du

1. Description de l'Egypte, État moderne, vol. 15, p. 444.
 
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