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Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Hrsg.]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Hrsg.]
Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire — 37.1915

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Nr. 1-2
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Maspero, Jean: À propos d'un bas-relief copte du Musée du Caire
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https://doi.org/10.11588/diglit.12744#0119
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A PROPOS D'UN BAS-RELIEF COPTE DU MUSÉE DU CAIRE

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enchaîné dans l'enfer ; sa tête était placée sous le seuil de la porte de l'enfer, et son oeil
formait le gond de cette porte. » Ici du moins Pharaon est nommé, mais il faut recon-
naître que le rapprochement est bien vague pour justifier la conclusion que M. Stryz-
gowski en tire, lorsqu'il croit pouvoir déduire de ce texte qu'une vieille tradition pha-
raonique se serait propagée dans l'art chrétien par l'intermédiaire de l'art copte, au
point de fournir l'un des thèmes favoris de l'iconographie byzantine. Et cette trans-
mission aurait eu lieu par l'intermédiaire des Juifs, dont, par contre-coup, le rôle dans
la formation de l'art chrétien serait ainsi démontré.

Cette représentation, dite 'Avaaxastç, est fréquente. Elle paraît, à Venise, dans une
mosaïque de Saint-Marc, dans une image du couvent de Saint-Luc en Phocide1, et
une icône du XVIIe siècle, provenant des îles de l'Egée, qui est en ma possession. On
en trouvera plusieurs exemples dans le magnifique album de M. Lichatchev, et le
Manuel de Denys de Fourna en donne la description minutieuse, sur laquelle nous
reviendrons plus loin : il est donc assez facile d'étudier le type de près, si l'on veut s'en
donner la peine.

D'abord l'idée qui est exprimée dans cette 'AvowTaatç est toute différente de celle
que M. Strzygowski reconnaît à Daphni : le Christ n'est pas venu triompher du Pharaon
de l'Exode, il a « brisé les portes de l'Hadès ». Le vaincu, c'est l'Hadès, et c'est donc
lui, le maître des enfers, et non pas Pharaon, l'un de ses prisonniers, que l'on doit
s'attendre à trouver ici. Ajoutons que la théorie de M. Strzygowski nous conduirait
hors du christianisme, car, ainsi que le remarquait avec à-propos l'abbé de Cluny dans
son traité, il y a de plus grands coupables que ce Pharaon : seul, un Juif pouvait
le considérer comme le plus réprouvé des pécheurs. Mais, objecte M. Strzygowski, on
n'a jamais représenté l'Hadès ainsi dans la Grèce païenne. Évidemment non; toutefois
l'objection me semble être singulière. Puisque le dieu apparaît ici en vaincu, sous les
pieds du Christ, il est naturel que l'on ne puisse pas en retrouver le prototype dans
un art païen; des païens auraient figuré le triomphe d'Hadès, non sa défaite. Aussi bien,
sa nudité, son visage d'aspect antique, l'assimilent tout à fait aux personnages mytho-
logiques qui interviennent de temps à autre dans l'art byzantin, comme un legs des ar-
tistes païens de la Grèce et de Rome. D'ailleurs, et surtout, il n'y a rien de commun
entre sa position et celle du Pharaon : celui-ci est lié depuis sa chute, tandis que notre
figure vient à peine d'être liée, comme on le voit nettement sur une 'des icônes publiées
par M. Lichatchev. Et, en effet, Denys de Fourna dit que l'on doit représenter des anges
« qui lient Beehéboul, prince des ténèbres ». Le trait caractéristique dans la légende
égyptienne que le roman de Satni nous a conservée, c'est le gond de la porte enfoncé
dans l'œil; lui, lui seul, donne sa couleur à la narration, et précisément on ne le re-
trouve pas dans les œuvres chrétiennes. En s'en tenant à la lettre des récits, il n'y a
de commun dans la condition des deux personnages, que de se trouver l'un et l'autre
dans l'enfer. Qui donc est, en réalité, le vaincu terrassé et foulé aux pieds par le Christ?
Il n'est pas difficile de le deviner, les textes nous l'apprenant eux-mêmes : c'est l'Hadès

1. Reproduction dans.DiEHL, Manuel d'art byzantin, p. 506.
 
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