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NOTES ET REMARQUES
plement ^ ; le signe f\ est donc ici phonétique et doit se lire ba, mais, quand il est
employé seul, comme c'est le cas à deux reprises, il représente l'objet lui-même et a la
valeur idéographique de «peau de panthère». Ce n'est pas à une tête de lion qu'on
aurait jamais pu attribuer ce rôle, et, du reste, les graveurs des textes des pyramides
ont bien indiqué que la tête surmonte un cou allongé et pas trop épais, ce qui corres-
pond fort bien aux formes caractéristiques de la panthère.
Dans les stèles de la IIIe à la IVe dynastie, on voit paraître un objet appelé ^
accompagné du déterminâtif Ç^p, qu'on a parfois pris pour un vase3 ; ce mot paraît
seul, ou accompagné d'autres objets dont le déterminâtif est d'une forme identique, et,
dans ce dernier cas4, ils sont tous rangés sous la rubrique générale ( -_q^j^; parmi
ces objets, le ^J^*^ et le J?[^~ n'ont pas été signalés ailleurs, tandis que le
se retrouve aux textes des pyramides5, où il désigne [une sorte de pagne.
Ici, le déterminâtif est donc, non un vase, mais un pagne, tel qu'on le voit figuré dans
les hiéroglyphes de l'Ancien Empire. Nous avons ainsi, à n'en pas douter, dans le
^l^-, le même insigne nobiliaire que dans les textes des pyramides, la peau de pan-
thère, mais avec une adjonction permettant d'affirmer qu'on employait pour ce costume
la peau des panthères du Midi, appelées également J "î^^ ^ dans certaines représen-
tations0, et qui sont souvent figurées dans les tombeaux thébains, parmi les apports
des nègres du Soudan. Il est à remarquer que les sculpteurs de ces stèles n'ont pas
indiqué le caractère de l'animal par la longueur du cou, comme si eux-mêmes avaient
déjà confondu les deux signes, la tête de lion et la tête de panthère. Quant au mot U^},
qui paraît une fois dans ces monuments pour désigner certains vases7, je suis tenté de
le lire aussi kaba, mais je ne saurais apporter aucune preuve à l'appui de cette lecture.
XXIV. — Nature et origine du dieu Bes.
L'opinion, encore généralement acceptée aujourd'hui, veut que le dieu Bes ait été,
à l'origine, non un être anthropomorphe, mais un léopard8, et cette opinion me paraît
reposer uniquement sur une lecture fautive. Brugsch9 assimile, en effet, le mot Jj^^js
qui est celui du dieu, avec le terme J qui* dans une peinture de Béni-Hassan,
désigne une panthère vivant dans le désert, sur les confins de la vallée du Nil : cette
lecture basou est celle de Champollion10, mais ce mot doit, en réalité, se lire ba res
1. Neferkara, 1. 539, 549.
2. Murray, Saqqara Mastabas, I, pl. J, II; Lepsius, "Denkmàler, II, pl. III; Mariette, Monuments
divers, pl. XVIII a.
3. Weill, Des Monuments et de l'Histoire des II' et IIIe dynasties, p. 249.
4. Stèles de Kha-biou-Sokar et de sa femme.
5. Teti, 1. 144; Neferkara, 1. 539.
6. Béni-Hassan : Montet, loc. cit.; Sethe, Zeitschr. f. œg.Spr., XLIV, p. 19. '•'
7. Murray, op. cit., pl. I.
8. Maspero, Hist. anc, 1, p. 85; Wiedrmann, Religion der ait. Mg., p. 80; Budge, Gods of 'the Egyp-
tians, II, p. 284.
9. Dictionnaire, p. 418, Suppl., p. 447.
10. Monuments de l'Egypte, pl. CCCCXXVII.
NOTES ET REMARQUES
plement ^ ; le signe f\ est donc ici phonétique et doit se lire ba, mais, quand il est
employé seul, comme c'est le cas à deux reprises, il représente l'objet lui-même et a la
valeur idéographique de «peau de panthère». Ce n'est pas à une tête de lion qu'on
aurait jamais pu attribuer ce rôle, et, du reste, les graveurs des textes des pyramides
ont bien indiqué que la tête surmonte un cou allongé et pas trop épais, ce qui corres-
pond fort bien aux formes caractéristiques de la panthère.
Dans les stèles de la IIIe à la IVe dynastie, on voit paraître un objet appelé ^
accompagné du déterminâtif Ç^p, qu'on a parfois pris pour un vase3 ; ce mot paraît
seul, ou accompagné d'autres objets dont le déterminâtif est d'une forme identique, et,
dans ce dernier cas4, ils sont tous rangés sous la rubrique générale ( -_q^j^; parmi
ces objets, le ^J^*^ et le J?[^~ n'ont pas été signalés ailleurs, tandis que le
se retrouve aux textes des pyramides5, où il désigne [une sorte de pagne.
Ici, le déterminâtif est donc, non un vase, mais un pagne, tel qu'on le voit figuré dans
les hiéroglyphes de l'Ancien Empire. Nous avons ainsi, à n'en pas douter, dans le
^l^-, le même insigne nobiliaire que dans les textes des pyramides, la peau de pan-
thère, mais avec une adjonction permettant d'affirmer qu'on employait pour ce costume
la peau des panthères du Midi, appelées également J "î^^ ^ dans certaines représen-
tations0, et qui sont souvent figurées dans les tombeaux thébains, parmi les apports
des nègres du Soudan. Il est à remarquer que les sculpteurs de ces stèles n'ont pas
indiqué le caractère de l'animal par la longueur du cou, comme si eux-mêmes avaient
déjà confondu les deux signes, la tête de lion et la tête de panthère. Quant au mot U^},
qui paraît une fois dans ces monuments pour désigner certains vases7, je suis tenté de
le lire aussi kaba, mais je ne saurais apporter aucune preuve à l'appui de cette lecture.
XXIV. — Nature et origine du dieu Bes.
L'opinion, encore généralement acceptée aujourd'hui, veut que le dieu Bes ait été,
à l'origine, non un être anthropomorphe, mais un léopard8, et cette opinion me paraît
reposer uniquement sur une lecture fautive. Brugsch9 assimile, en effet, le mot Jj^^js
qui est celui du dieu, avec le terme J qui* dans une peinture de Béni-Hassan,
désigne une panthère vivant dans le désert, sur les confins de la vallée du Nil : cette
lecture basou est celle de Champollion10, mais ce mot doit, en réalité, se lire ba res
1. Neferkara, 1. 539, 549.
2. Murray, Saqqara Mastabas, I, pl. J, II; Lepsius, "Denkmàler, II, pl. III; Mariette, Monuments
divers, pl. XVIII a.
3. Weill, Des Monuments et de l'Histoire des II' et IIIe dynasties, p. 249.
4. Stèles de Kha-biou-Sokar et de sa femme.
5. Teti, 1. 144; Neferkara, 1. 539.
6. Béni-Hassan : Montet, loc. cit.; Sethe, Zeitschr. f. œg.Spr., XLIV, p. 19. '•'
7. Murray, op. cit., pl. I.
8. Maspero, Hist. anc, 1, p. 85; Wiedrmann, Religion der ait. Mg., p. 80; Budge, Gods of 'the Egyp-
tians, II, p. 284.
9. Dictionnaire, p. 418, Suppl., p. 447.
10. Monuments de l'Egypte, pl. CCCCXXVII.