NOTES ET REMARQUES
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sentations funéraires. A ce point de vue encore, il n'y a pas lieu de faire des comparai-
sons avec le tableau de Gebelein et d'en tirer des conclusions, puisque les deux choses
ne peuvent avoir aucun rapport l'un avec l'autre.
Pour ces diverses raisons, l'hypothèse de M. Wiedemann doit donc être écartée.
Nous pouvons arriver à une explication beaucoup plus plausible si nous envisageons la
question sous un autre angle. Il importe donc de rechercher si l'on trouve des scènes
analogues, d'abord dans les tableaux funéraires, et, en second lieu, dans les vignettes
du Livre des Morts, ouvrage qui, bien qu'un peu plus récent, est toujours notre prin-
cipale source de renseignements à cet égard.
Dans ces images, le mort paraît souvent sous la forme d'une momie étendue sur
un lit, et dans plusieurs chapitres on voit voltiger au-dessus de lui l'oiseau à tête hu-
maine, qui représente le ba ou l'âme, la partie spirituelle de l'homme douée de la
faculté de quitter le tombeau pour aller vivre de la vie des dieux ou d'y rentrer pour
participer à l'existence souterraine du défunt1. Ce* rôle du ba, très évident dans les
textes et les vignettes du Livre des Morts, est déjà indiqué de la façon la plus claire
dans nombre de formules des pyramides2, et est assez connu pour qu'il ne soit pas né-
cessaire d'y insister ici.
Dans le sarcophage de Henouï, la scène en question est peinte à côté des deux
oudjas, à l'extrémité de la paroi gauche, dans le panneau où se trouve d'habitude la
stèle-façade multicolore, considérée comme la porte de communication entre le mort et
le monde réel. C'est donc par là que doit passer l'âme pour s'échapper vers la terre
habitée ou la région céleste, et pour rentrer en contact avec le corps momifié. La posi-
tion même qu'occupe le tableau-est donc une indication très claire de sa signification :
c'est le seul endroit que puisse occuper normalement une scène représentant la réunion
de l'âme et du corps.
i Le rôle des deux spectatrices s'explique également par les vignettes du Livre des
Morts. Dans celle du chapitre xvn, le défunt est représenté momifié et couché sur son
lit, accompagné toujours de deux aigles placés, l'un à sa tête, l'autre à ses pieds; ces
oiseaux portent sur la tête un insigne qui permet de les identifier : ce sont, en effet,
Isis et Nephthys, dont le rôle de protectrices du mort n'est plus à établir. Sur l'une
des variantes de cette vignette3, on voit encore, dans
celles qui sont debout à gauche et à droite du tableau -i f
esquissent au-dessus du mort un geste des avant-bras
et des mains, geste de protection qui est précisément celui des deux déesses quand,
1. Chapitre ior (édit. Naville, pap. P. e.), xvn, lxi, lxxxv, lxxxix, xcii, cxxiii, cxxxii, cli; ces vignettes
montrent le ba dans le tombeau auprès de la momie, ou s'envolant au dehors.
2. Schack-Schakenburg, jEgypt. Stuclien, n" IV, p. 2-5.
3. Naville, Das œgypt. Todtenbuch, I, pl. XXVIII.
ce groupe, en plus des deux aigles, l'oiseau ba voler
au-dessus de la momie. La ressemblance est très frap-
pante avec la scène que nous étudions, sauf que, dans
celle-ci, les oiseaux sont remplacés par des femmes :
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sentations funéraires. A ce point de vue encore, il n'y a pas lieu de faire des comparai-
sons avec le tableau de Gebelein et d'en tirer des conclusions, puisque les deux choses
ne peuvent avoir aucun rapport l'un avec l'autre.
Pour ces diverses raisons, l'hypothèse de M. Wiedemann doit donc être écartée.
Nous pouvons arriver à une explication beaucoup plus plausible si nous envisageons la
question sous un autre angle. Il importe donc de rechercher si l'on trouve des scènes
analogues, d'abord dans les tableaux funéraires, et, en second lieu, dans les vignettes
du Livre des Morts, ouvrage qui, bien qu'un peu plus récent, est toujours notre prin-
cipale source de renseignements à cet égard.
Dans ces images, le mort paraît souvent sous la forme d'une momie étendue sur
un lit, et dans plusieurs chapitres on voit voltiger au-dessus de lui l'oiseau à tête hu-
maine, qui représente le ba ou l'âme, la partie spirituelle de l'homme douée de la
faculté de quitter le tombeau pour aller vivre de la vie des dieux ou d'y rentrer pour
participer à l'existence souterraine du défunt1. Ce* rôle du ba, très évident dans les
textes et les vignettes du Livre des Morts, est déjà indiqué de la façon la plus claire
dans nombre de formules des pyramides2, et est assez connu pour qu'il ne soit pas né-
cessaire d'y insister ici.
Dans le sarcophage de Henouï, la scène en question est peinte à côté des deux
oudjas, à l'extrémité de la paroi gauche, dans le panneau où se trouve d'habitude la
stèle-façade multicolore, considérée comme la porte de communication entre le mort et
le monde réel. C'est donc par là que doit passer l'âme pour s'échapper vers la terre
habitée ou la région céleste, et pour rentrer en contact avec le corps momifié. La posi-
tion même qu'occupe le tableau-est donc une indication très claire de sa signification :
c'est le seul endroit que puisse occuper normalement une scène représentant la réunion
de l'âme et du corps.
i Le rôle des deux spectatrices s'explique également par les vignettes du Livre des
Morts. Dans celle du chapitre xvn, le défunt est représenté momifié et couché sur son
lit, accompagné toujours de deux aigles placés, l'un à sa tête, l'autre à ses pieds; ces
oiseaux portent sur la tête un insigne qui permet de les identifier : ce sont, en effet,
Isis et Nephthys, dont le rôle de protectrices du mort n'est plus à établir. Sur l'une
des variantes de cette vignette3, on voit encore, dans
celles qui sont debout à gauche et à droite du tableau -i f
esquissent au-dessus du mort un geste des avant-bras
et des mains, geste de protection qui est précisément celui des deux déesses quand,
1. Chapitre ior (édit. Naville, pap. P. e.), xvn, lxi, lxxxv, lxxxix, xcii, cxxiii, cxxxii, cli; ces vignettes
montrent le ba dans le tombeau auprès de la momie, ou s'envolant au dehors.
2. Schack-Schakenburg, jEgypt. Stuclien, n" IV, p. 2-5.
3. Naville, Das œgypt. Todtenbuch, I, pl. XXVIII.
ce groupe, en plus des deux aigles, l'oiseau ba voler
au-dessus de la momie. La ressemblance est très frap-
pante avec la scène que nous étudions, sauf que, dans
celle-ci, les oiseaux sont remplacés par des femmes :