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Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Editor]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Editor]
Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire — 37.1915

DOI issue:
Nr. 3-4
DOI article:
Jéquier, Gustave: Notes et remarques
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.12744#0137
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NOTES ET REMARQUES

sous la forme humaine, elles veillent sur Osiris. Nous pouvons donc dire que ce sont
Isis et Nephthys elles-mêmes qui sont en fonction, bien qu'elles ne portent pas sur la
tête leur emblème distinctif.

Nous aurions donc ici une forme de la vignette du chapitre xvn, antérieure à celle
adoptée dès le Nouvel Empire, et où les personnages sont figurés non par des oiseaux,
mais par des femmes. Si Isis et Nephthys, déesses anthropomorphes, peuvent, dans
certaines circonstances, prendre l'aspect de deux aigles, il est admissible que l'âme
aussi puisse, à l'occasion, prendre la forme d'une femme plutôt que celle d'un oiseau à
tête humaine, d'autant plus que nous possédons nombre de formules permettant au
mort de se transformer, à son gré, non seulement en oiseau, mais en quadrupède, en
fleur ou même en dieu. La seule difficulté est que le mot ba est toujours masculin
tandis que le personnage représenté est bien clairement une femme. Pour expliquer la
chose, il faut avoir recours à des hypothèses basées sur le fait bien connu de la multi-
plicité des doctrines funéraires locales qui ne fusionnèrent que peu à peu, au cours
des siècles, pour aboutir à un ensemble de théories relatives à l'autre monde, ensemble
souvent peu homogène et plein de contradictions, où l'on retrouve des traces assez
évidentes des éléments primitifs, absolument étrangers les uns aux autres.

Le ba ne paraît sous forme d'oiseau à tête humaine qu'au Nouvel Empire, avec le
Livre des Morts illustré; auparavant, on le représente, comme l'indique du reste le
signe employé pour écrire le mot lui-même, par un héron analogue au bennou; il s'agit
donc probablement d'une notion héliopolitaine. L'adjonction de la tête humaine peut
avoir comme motif la fusion de cette doctrine avec une autre doctrine analogue, mais
où l'âme aurait été considérée comme anthropomorphe. Peut-être le tableau de Gebe-
lein nous donne-t-il la solution de cette question en nous montrant une théorie funé-
raire de la Haute-Égypte, celle de l'âme-femme, en jopposition avec celle, beaucoup
plus répandue, du ba ou âme-héron, originaire de la Basse-Égypte.

Cette superposition de deux croyances parallèles du même ordre est un phénomène
parfaitement normal dans l'histoire des religions, mais il est prudent, avant de l'adopter
définitivement, d'en trouver la confirmation soit dans les textes, soit dans d'autres re-
présentations figurées. Je crois en rencontrer une sur un sarcophage de bois de basse
époque, de la série des prêtres de Montou1, où l'on voit du côté de la tête, extérieure-
ment, au-dessous du cintre du couvercle, un tableau qui présente de frappantes ana-
logies avec celui de Gebelein : une femme aux bras garnis de longues ailes est age-
nouillée sur un édicule dans lequel nous reconnaissons l'ancienne stèle-façade; de
chaque côté, Isis et Nephthys sont debout, faisant le geste d'adoration. Dans la stèle-
façade, nous reconnaissons l'image du tombeau, ou de la porte du tombeau, et dans la
figure ailée qui la surmonte, une nouvelle représentation de l'âme-femme, et non,
comme on l'a cru, de la déesse Nouït : la preuve de cette interprétation se trouve dans
une réplique de la même scène, sur la cuve d'un sarcophage de pierre d'époque saïte2,

1. Moret, Sarcophages de l'époque bubastite à l'époque saïte [Calai, gén. du Caire), pl. I, p. 4.

2. G. Maspero, Sarcophages des époques persane et ptolémaïque, I, p. 32, pl. III.
 
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