Le livre des funérailles.
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La disposition des diverses parties du tombeau a varié suivant les époques, mais il s'y
trouvait toujours uue salle appelée i | d ° où s'accomplissait la purification dont il
vient d'être parlé et une salle réservée au sarcophage appelée _^ «la salle d'or».
Un dialogue mystérieux s'engage entre le sotem et uu prêtre appelé am-khentJ Le
Sotem saisit une baguette, endosse l'ajustement A fl%-fj- qui se laçait sur les épaules et
descendait sur la poitrine et le dos, et il commande aux sculpteurs d'implorer le pardon du
défunt pour avoir frappé son image lorsqu'avec un ciseau ils l'ont fait surgir d'un bloc de
calcaire. Il s'adresse aussi aux ^"1^c=^^^^j ou embaumeurs appelés Trapacyji-ai par
Diodore, chargés d'ouvrir le ventre du mort avec une pierre pointue ou un couteau afin d'ex-
traire les entrailles, lesquels parachistes étaient l'objet du mépris général et étaient obligés,
leur opération terminée, de s'enfuir pour échapper à la fureur populaire. Le Sotem les invite
également à se faire pardonner la violence qu'ils ont exercée sur le mort. M. Schiaparelli
pense que les petites coupes qui entrent dans la composition de leur nom doivent rap-
peler les vases contenant les huiles et essences nécessaires à la momification.
Sur l'ordre du Kher-heb, le Sotem presse de son petit doigt la bouche de la statue
du défunt pour lui faire écarter les lèvres en lui disant : «Je viens pour t'embrasser, je suis
ton fils Horus qui t'aime,» le défunt étant assimilé à Osiris, père d'Horus. Une parente du
mort joue dans cette scène le rôle d'Isis.
Ensuite a lieu un sacrifice qui s'accomplissait hors de la tombe. On immolait d'abord
un bœuf du midi, puis une gazelle et un volatile appelé smennu, rappelant les animaux sous
la forme desquels les compagnons de Set se sont déguisés pour échapper à la poursuite
d'Horus. Ce sacrifice a pour but de venger Osiris et de lui être agréable dans la personne
du défunt. On spécifie que le bœuf doit provenir du midi parce que Set avait eu en par-
tage le midi de l'Egypte.2 Le bœuf étant renversé à terre, les quatre jambes liées avec une
corde, en présence de YAm-khent, du Sotem, du Smer, de la première pleureuse, etc., et de
la statue du défunt, le Sotem levait la main sur la victime et devait prononcer une impré-
cation que ne donnent pas les textes, mais qu'Hérodote a rapportée (II, 39), puis le sacri-
ficateur coupait une cuisse avec laquelle, dans la scène suivante, on consacrera la bouche
et les yeux de la statue pour lui rendre la parole et la vue, et il enlevait également le cœur.
Au sacrifice du bœuf succédait l'immolation d'une gazelle et d'une oie smennu. Il est
probable que ces deux animaux, avant d'être présentés pour le sacrifice, recevaient l'em-
preinte de l'anneau du ooo^izvr^, car le langage de l'invocation est adapté au concept primitif
et les deux victimes sont considérées comme images des ennemis moraux du défunt ou des
suivants de Set. Puis, de même qu'Horus, selon l'expression du Livre des Morts, avait coupé
la tête des chèvres et des oies en qui s'étaient transformés les ennemis de son père, ainsi
le Sotem saisit par la corne la gazelle et lui tranche la tête; de même il décapite l'oie. Puis
prenant en mains les têtes des deux victimes, il les offre en expiation à la statue du défunt.
Nous arrivons à la présentation de la cuisse et du cœur à la statue du défunt. Le
sacrificateur prend la cuisse et la donne au Kher-heb, prend le cœur et le donne au premier
' M. Maspebo traduit ce titre par « l'Interne >. {Revue de VTIist. des Religions, 1887.)
2 On est généralement plus disposé a admettre aujourd'hui que Set est le dieu-du nord et Horus le
dieu du sud.
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La disposition des diverses parties du tombeau a varié suivant les époques, mais il s'y
trouvait toujours uue salle appelée i | d ° où s'accomplissait la purification dont il
vient d'être parlé et une salle réservée au sarcophage appelée _^ «la salle d'or».
Un dialogue mystérieux s'engage entre le sotem et uu prêtre appelé am-khentJ Le
Sotem saisit une baguette, endosse l'ajustement A fl%-fj- qui se laçait sur les épaules et
descendait sur la poitrine et le dos, et il commande aux sculpteurs d'implorer le pardon du
défunt pour avoir frappé son image lorsqu'avec un ciseau ils l'ont fait surgir d'un bloc de
calcaire. Il s'adresse aussi aux ^"1^c=^^^^j ou embaumeurs appelés Trapacyji-ai par
Diodore, chargés d'ouvrir le ventre du mort avec une pierre pointue ou un couteau afin d'ex-
traire les entrailles, lesquels parachistes étaient l'objet du mépris général et étaient obligés,
leur opération terminée, de s'enfuir pour échapper à la fureur populaire. Le Sotem les invite
également à se faire pardonner la violence qu'ils ont exercée sur le mort. M. Schiaparelli
pense que les petites coupes qui entrent dans la composition de leur nom doivent rap-
peler les vases contenant les huiles et essences nécessaires à la momification.
Sur l'ordre du Kher-heb, le Sotem presse de son petit doigt la bouche de la statue
du défunt pour lui faire écarter les lèvres en lui disant : «Je viens pour t'embrasser, je suis
ton fils Horus qui t'aime,» le défunt étant assimilé à Osiris, père d'Horus. Une parente du
mort joue dans cette scène le rôle d'Isis.
Ensuite a lieu un sacrifice qui s'accomplissait hors de la tombe. On immolait d'abord
un bœuf du midi, puis une gazelle et un volatile appelé smennu, rappelant les animaux sous
la forme desquels les compagnons de Set se sont déguisés pour échapper à la poursuite
d'Horus. Ce sacrifice a pour but de venger Osiris et de lui être agréable dans la personne
du défunt. On spécifie que le bœuf doit provenir du midi parce que Set avait eu en par-
tage le midi de l'Egypte.2 Le bœuf étant renversé à terre, les quatre jambes liées avec une
corde, en présence de YAm-khent, du Sotem, du Smer, de la première pleureuse, etc., et de
la statue du défunt, le Sotem levait la main sur la victime et devait prononcer une impré-
cation que ne donnent pas les textes, mais qu'Hérodote a rapportée (II, 39), puis le sacri-
ficateur coupait une cuisse avec laquelle, dans la scène suivante, on consacrera la bouche
et les yeux de la statue pour lui rendre la parole et la vue, et il enlevait également le cœur.
Au sacrifice du bœuf succédait l'immolation d'une gazelle et d'une oie smennu. Il est
probable que ces deux animaux, avant d'être présentés pour le sacrifice, recevaient l'em-
preinte de l'anneau du ooo^izvr^, car le langage de l'invocation est adapté au concept primitif
et les deux victimes sont considérées comme images des ennemis moraux du défunt ou des
suivants de Set. Puis, de même qu'Horus, selon l'expression du Livre des Morts, avait coupé
la tête des chèvres et des oies en qui s'étaient transformés les ennemis de son père, ainsi
le Sotem saisit par la corne la gazelle et lui tranche la tête; de même il décapite l'oie. Puis
prenant en mains les têtes des deux victimes, il les offre en expiation à la statue du défunt.
Nous arrivons à la présentation de la cuisse et du cœur à la statue du défunt. Le
sacrificateur prend la cuisse et la donne au Kher-heb, prend le cœur et le donne au premier
' M. Maspebo traduit ce titre par « l'Interne >. {Revue de VTIist. des Religions, 1887.)
2 On est généralement plus disposé a admettre aujourd'hui que Set est le dieu-du nord et Horus le
dieu du sud.
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