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Studia Palmyreńskie — 12.2013

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Aurenche, Olivier; Kozłowski, Stefan Karol: Deux polonais à Palmyre (avril 1926)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26423#0029

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Deux Polonais A Palmyre (avril 1926)

de vue. De jour, la residence est moins prestigieuse : une simple et vaste construction en terre. Le
cheikh Abdallah lui-mhme constitue la curiosite principale. On lui rend visite en le remerciant de
son hospitalite, et en se felicitant de le trouver en bonne sante. Le cheikh repond dignement en
płaęant sa main sur le coeur et sur le front et finit par un shake-hand (en anglais dans le texte) a Leu-
ropeenne. L'entrevue se poursuit en parlant, nous en franęais et lui en arabe. Personne ne se com-
prend, mais pour une visite protocolaire, cela importe peu. La conversation a lieu en presence du
commandant franęais, chef de la garnison locale qui entretient des relations amicales avec le
cheikh. II s'exprime sur les deux fronts et fume le narghile avec Abdallah. Nous sommes servis
par des serviteurs muets qui offrent cafe, douceurs et cigarettes. Toujours muets, ils se placent
contrę un mur et, immobiles, attendent la fin de la rencontre » (Bystroń 1928 : 93).

Au cours de la conversation, on apprend qu'Abdallah a sejourne en France a la suitę de son
bref mariage avec une voyageuse franęaise qui Favait entraine a sa suitę. Revenu assez rapidement
a Palmyre, il continue cependant a la compter parmi les femmes de son harem.

Apres la premiere nuit chez Abdallah, Bystroń raconte le reveil : « Des que nous ouvrons les
yeux, nous voyons plusieurs tetes qui nous observent de Lexterieur par les fenetres. Nous nous
levons et, instantanement, les serviteurs muets d'hier penetrent dans la piece sans plus de cere-
monie. Ils nous saluent gravement a 1'arabe et a Leuropeenne ... Ce sont les fils de la maison ...
Oh pouvait esperer, apres tous ces saluts, pouvoir s'habiller tranquillement, mais ils se placent
alors, comme hier, contrę le mur, pour assister a notre toilette et observer de pres notre equipement.
Des gamins, plus jeunes, postes a la fenetre, ne manquent aucune des etapes de la toilette et de
notre accoutrement a Leuropeenne.

Mon ami Władimir, qui n'aime pas les paresseux, commet alors une maladresse insigne en pro-
posant a Lun de spectateurs de lui nettoyer ses bottes. Ibn Abdallah, Lun des fils de notre hóte, s'en
empare aussitót et les rapporte peu de temps apres. Les remerciements presentes a Larabe et a Leu-
ropeenne ne le satisfont pas : il reclame 30 piastres, et accompagne sa demande d'un geste et d'un
regard qui contraignent Władimir, generalement plus avare, a s'executer. Tant pis pour lui. Si
quelqu'un voit ses bottes nettoyees par un prince du sang, il doit se comporter comme un roi »
(Bystroń 1928 : 95). Apres cette scene, on leur offre un cafe accompagne d'une patisserie coupee en
cubes rappelant le rahat loukoum, puis ils s'en vont prendre leur petit dejeuner au Grand Hotel, lis
se dirigent ensuite vers le tempie de Bel, « autrefois ville des dieux et qui abrite aujourd'hui des
bedouins semi-sedentaires qui, se sentant a Labri derriere de si hauts murs, y ont construit leurs
masures comme des nids d'hirondelles colles contrę les ruines d'une admirable colonnade ... Nous
entrons dans le tempie par un portail eleve, probablement construit par des ingenieurs musulmans.
Quelle masse de pierres! Nous sommes a Tadmour, la Palmyre contemporaine : quelques dizaines
de petites maisons construites en partie avec les pierres des ruines et de la terre. Elles se cachent a
la base des colonnes. Certaines sont plus grandes que d'autres. On reconnait des rues et des places
et, meme, une place du marche. Gens et betes s'y promenent sans se presser ... On erre dans ces
rues et ces ruelles. On peut entrer librement dans les cours et dans les maisons pour etudier les
ruines. Les habitants de cette oasis sont habitues a la curiosite des etrangers, et Lintimite de hhabitat,
si caracteristique des pays musulmans, s'efface ici » (Bystroń 1928 : 98).

Pour faire sentir le contraste entre ces ruines majestueuses et ce pauvre village, Bystroń oppose
« le passe devenu muet au bavardage des enfants et au caquetement des poulets ... Nous montons
sur le toit piat des maisons, et du toit sur les murs antiques » (Bystroń 1928 : 98). De la, ils decou-
vrent Loasis et les proportions impressionnantes du tempie. Bystroń evoque ensuite la fameuse
inscription du Tarif que venait de publier Labbe Chabot, et en profite pour decrire les caravanes
actuelles de chameaux et d,automobiles qui stationnent devant le tempie, lointaines descendantes
des anciennes caravanes.

Le depart a lieu le matin du troisieme jour, avec les memes chauffeurs qui ont passe la journee
precedente a boire. Ces derniers sont ravis de pouvoir martyriser a nouveau leurs passagers en-
fermes dans leurs « boites » roulantes. Le trajet de retour est marque par le passage a proximite
d'un poste de meharistes armes de mitrailleuses et commandes par un jeune lieutenant franęais
en uniforme, chausse de sandales et coiffe d'un turban.

Ainsi se termine le recit du voyage a Palmyre. Ce recit, outre la finesse des observations de
naturę psychologique et la justesse des notations d'ordre ethnologique, vaut surtout par le fait

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Studia Palmyreńskie XII
 
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