Des « dieux bons » A Palmyre
de notre ere et provenant du Tempie de Bel, un groupe de trois dieux : Bel, Yarhibol et Asharte dans
un texte grave sur une console attachee au mur du tempie d7Allat (Drijvers 1995 :111).
Ce vaste dossier s7enrichit en plus d7une inscription dediee a Shai al~Qawm (CIS II 3973) faite
par un Nabateen qui appelle sa divinite « bonne ».
Cet exemple est interessant car il montre un etranger s7adressant a un dieu de sa patrie a la
faęon palmy renienne. En revanche, en Nabatene et partout en dehors de Palmyre (comprise avec
ses proches alentours, sa chora), Fusage de Fepithete « bon » n7est jamais atteste dans les sources
epigraphiąues, a rexception d7un texte de Doura Europos (Du Mesnil Du Buisson 1939 :19), pour
laąuelle on peut trouver une bonne explication. II mentionne seulement Yarhibol, « le betyle de la
source » ; Einscription a ete trouvee dans le tempie des Dieux Palmyreniens et emane de la com-
munaute palmyrenienne qui habitait cette ville. L7usage de cette epithete est donc limite a un ter-
ritoire et un milieu culturel assez homogene.
La fonction et la place ambigues de l'epithete « bon »
DANS LES RITES PALMYRENIENS
Malgre la grandę variete des objets, des dieux et des formules dTnscription, on distingue des points
communs. Tous les textes mentionnes ont le caractere dedicatoire et votif. Neanmoins, seules les
inscriptions qui conbennent le mot mwd’« en rendant grace », peuvent etre considerees comme des
ex-votos. Cette observabon a une valeur tres importante et jette une lumiere sur la question.
Lorsqu7on analyse les inscriptions votives palmyreniennes, on notę que toutes les divinites ne
sont pas appelees « bonnes », et qu7elles ne le sont pas dans tous les cas. Des textes qui concernent
la meme divinite et ont le meme contenu ou la meme formulation peuvent negliger completement
cette epiclese. Je me permets de citer ici une remarque21 fondamentale qui permet de comprendre
qu7une epiclese — dans notre cas c'est le determinant« bon » — ne s7applique a une seule divinite
qui ait cette qualite toujours et partout, elle est transdivine. Tous ces textes representent alors une
formę d,expression rituelle qui resulte de la strategie dabo cum dederis,72 qui se refere a une attitude
conditionnelle du devot aupres des divinites. Elle s7appuie sur un contrat religieux passe par le
fidele avec la divinite qui est tenue d7accomplir ses voeux.
Le devot dedie donc aux dieux la fondation d'une partie du sanctuaire, un bas-relief qui le repre-
sente en action d7offrande de 1'encens devant des divinites, un cratere ou tout simplement un pyree
a encens. II le fait soit pour attirer 1'attention de la divinite pour qu'elle Eexauce, soit pour la remercier
de 1'accomplissement de ses voeux, ou encore pour ces deux raisons a la foi. Cette formę cTexpression
rituelle temoigne, d'un cóte, cTune action divine qui s'est deja effectuee. II faut probable voir un lien
entre cette maniere de nommer et l7exaucement des prieres, souligne par la formule « il (le dedicant)
l7a appelee (la divinite) et elle l7a exauce » : qr Ih w'nnh, bien qu7elle n7apparaisse pas tres souvent et
ne concerne que les dedicaces a « Celui dont le nom est beni pour Leternite ». En outre, parmi les bi-
lingues, un seul texte23 qualifie la divinite « personnalisee » d7epekoos dans la version grecque. Malgre
tout, on peut supposer que Fusage de Fepithete « bon », seule ou associee aux autres epicleses, est lie
a la demande de bienveillance dans des domaines varies de la vie humaine. Pour donner un exemple
precis, on peut renvoyer a deux invocations au dieu Shadrapha comme divinite bonne,24 qui se rap-
portent probablement a des guerisons. Toutefois, le spectre des interventions divines est tres large, et
il pourrait aussi s7agir d7une protection dans des situations perilleuses.
D7autre part, les inscriptions palmyreniennes revelent que, en appliquant aux divinites des
epithetes telles que « bon », le fidele avait en vue son avenir et celui des autres membres de sa
21 N. Belayche appliąue cette opinion a 1'usage de 1'epiclese hypsistos, faite par J. et L. Robert a propos du dieu epekoos
d'Ephese (Belayche 2005 : 428).
22 Dijkstra 1995 :1'auteur utilise 3 termes tres proches : do ut des; da ut dem et dabo cum dederis. Le troisieme vient des sug-
gestions orałeś de H.S. Versnel.
23 CIS II 3979, la divinite designee comme bonne ou ancestrale et « exauęant les prieres » est Helios/Shamash.
24 CIS II 3972 et Inv. X.145, dans leąuel Shadrapha est associe a Du'Anat.
231
Studia Palmyreńskie XII
de notre ere et provenant du Tempie de Bel, un groupe de trois dieux : Bel, Yarhibol et Asharte dans
un texte grave sur une console attachee au mur du tempie d7Allat (Drijvers 1995 :111).
Ce vaste dossier s7enrichit en plus d7une inscription dediee a Shai al~Qawm (CIS II 3973) faite
par un Nabateen qui appelle sa divinite « bonne ».
Cet exemple est interessant car il montre un etranger s7adressant a un dieu de sa patrie a la
faęon palmy renienne. En revanche, en Nabatene et partout en dehors de Palmyre (comprise avec
ses proches alentours, sa chora), Fusage de Fepithete « bon » n7est jamais atteste dans les sources
epigraphiąues, a rexception d7un texte de Doura Europos (Du Mesnil Du Buisson 1939 :19), pour
laąuelle on peut trouver une bonne explication. II mentionne seulement Yarhibol, « le betyle de la
source » ; Einscription a ete trouvee dans le tempie des Dieux Palmyreniens et emane de la com-
munaute palmyrenienne qui habitait cette ville. L7usage de cette epithete est donc limite a un ter-
ritoire et un milieu culturel assez homogene.
La fonction et la place ambigues de l'epithete « bon »
DANS LES RITES PALMYRENIENS
Malgre la grandę variete des objets, des dieux et des formules dTnscription, on distingue des points
communs. Tous les textes mentionnes ont le caractere dedicatoire et votif. Neanmoins, seules les
inscriptions qui conbennent le mot mwd’« en rendant grace », peuvent etre considerees comme des
ex-votos. Cette observabon a une valeur tres importante et jette une lumiere sur la question.
Lorsqu7on analyse les inscriptions votives palmyreniennes, on notę que toutes les divinites ne
sont pas appelees « bonnes », et qu7elles ne le sont pas dans tous les cas. Des textes qui concernent
la meme divinite et ont le meme contenu ou la meme formulation peuvent negliger completement
cette epiclese. Je me permets de citer ici une remarque21 fondamentale qui permet de comprendre
qu7une epiclese — dans notre cas c'est le determinant« bon » — ne s7applique a une seule divinite
qui ait cette qualite toujours et partout, elle est transdivine. Tous ces textes representent alors une
formę d,expression rituelle qui resulte de la strategie dabo cum dederis,72 qui se refere a une attitude
conditionnelle du devot aupres des divinites. Elle s7appuie sur un contrat religieux passe par le
fidele avec la divinite qui est tenue d7accomplir ses voeux.
Le devot dedie donc aux dieux la fondation d'une partie du sanctuaire, un bas-relief qui le repre-
sente en action d7offrande de 1'encens devant des divinites, un cratere ou tout simplement un pyree
a encens. II le fait soit pour attirer 1'attention de la divinite pour qu'elle Eexauce, soit pour la remercier
de 1'accomplissement de ses voeux, ou encore pour ces deux raisons a la foi. Cette formę cTexpression
rituelle temoigne, d'un cóte, cTune action divine qui s'est deja effectuee. II faut probable voir un lien
entre cette maniere de nommer et l7exaucement des prieres, souligne par la formule « il (le dedicant)
l7a appelee (la divinite) et elle l7a exauce » : qr Ih w'nnh, bien qu7elle n7apparaisse pas tres souvent et
ne concerne que les dedicaces a « Celui dont le nom est beni pour Leternite ». En outre, parmi les bi-
lingues, un seul texte23 qualifie la divinite « personnalisee » d7epekoos dans la version grecque. Malgre
tout, on peut supposer que Fusage de Fepithete « bon », seule ou associee aux autres epicleses, est lie
a la demande de bienveillance dans des domaines varies de la vie humaine. Pour donner un exemple
precis, on peut renvoyer a deux invocations au dieu Shadrapha comme divinite bonne,24 qui se rap-
portent probablement a des guerisons. Toutefois, le spectre des interventions divines est tres large, et
il pourrait aussi s7agir d7une protection dans des situations perilleuses.
D7autre part, les inscriptions palmyreniennes revelent que, en appliquant aux divinites des
epithetes telles que « bon », le fidele avait en vue son avenir et celui des autres membres de sa
21 N. Belayche appliąue cette opinion a 1'usage de 1'epiclese hypsistos, faite par J. et L. Robert a propos du dieu epekoos
d'Ephese (Belayche 2005 : 428).
22 Dijkstra 1995 :1'auteur utilise 3 termes tres proches : do ut des; da ut dem et dabo cum dederis. Le troisieme vient des sug-
gestions orałeś de H.S. Versnel.
23 CIS II 3979, la divinite designee comme bonne ou ancestrale et « exauęant les prieres » est Helios/Shamash.
24 CIS II 3972 et Inv. X.145, dans leąuel Shadrapha est associe a Du'Anat.
231
Studia Palmyreńskie XII