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( 59 )
ensemble d'édifices est le seul qui mérite quelque attention dans la ville de Cé&arée.
Le tout est bâti en pierres volcaniques noirâtres d'un effet sévère. La population de la ville
se compose d'Arméniens et de Turcs, et ces derniers se divisent en Osmanlis et en Tur-
comans qui ont quitté la vie nomade. Les Arméniens sont très-nombreux dans la ville, et
possèdent aux environs plusieurs villages, dont le plus important est celui de Sourp-
Garabed, renommé par le grand monastère où demeure le métropolitain qui est le troi-
sième dans la hiérarchie du clergé arménien; celui d'Etch-Miazin a le premier rang, et
celui de Sis en Cilicie tient le second. Le monastère, situé à l'est de la ville, est bâti
sur le flanc d'une colline volcanique qui regarde le couchant; il est entouré de hautes
murailles, et contient dans l'intérieur tout ce qui est nécessaire pour recevoir un grand
nombre de pèlerins. J'arrivai précisément le jour de la fêle de saint Jean précurseur
(Sourp-Garabed), qui attirait en ce lieu un grand nombre de chrétiens de toutes les
parties de l'Asie. Rien n'était plus curieux que cette réunion parée de costumes variés de
forme et de couleur; les femmes surtout, richement vêtues, portaient généralement,
de larges ceintures dont la boucle est formée de deux plaques d'argent travaillées avec
art; leur chevelure pendante en mille tresses était ornée de glands d'argent et de pièces de
monnaie ou de coquillages; elles portaient à leurs jambes nues de gros anneaux d'argent,
et leur beniche, ou vêtement de dessus, était de couleur écarlate avec de larges parements
de soie bleue.

Les femmes des environs deNigdé ont une coiffure en mousseline qui rappelle la forme
de l'antique bonnet de Phrygie; les femmes mariées sont voilées comme les femmes
turques; comme elles, elles se peignent la figure avec l'antimoine et le carmin; les jeunes
filles vont le visage découvert, et portent un costume plus léger et plus élégant, qui est
dans le genre de celui des jeunes Turques. Dans rintervalle des cérémonies religieuses,
elles se livraient à des danses qui ont le caractère d'une haute antiquité; il me semblait
quelquefois que je voyais exécuter cette danse des Saces, qui, je crois, est retracée sur le
bas-relief de Boghaz-Keui ; comme ces antiques figures , les filles arméniennes étaient
chaussées de babouches, dont la pointe est fortement relevée.

Le clergé arménien a conservé intact le vêlement de la primitive Eglise; l'évêque porte
la tiare ovoïde enrichie de perles et de pierres précieuses, et la tunique est ornée de
figures d'anges brodées à l'aiguille. L'église du couvent renferme un grand nombre de vases
sacrés d'un travail très-remarquable, et une quantité de rideaux et de tapisseries destines
aux cérémonies du culte. On sait que la richesse de ces voiles religieux était le grand
luxe de l'Eglise orientale.

Quoique le nom du village ne date que du moyen âge, il est certain que dans l'anti-
quité ce lieu a été très-peuplé. Les collines des environs sont percées d'une infinité de
grottes qui, pour la plupart, ont servi de chapelles, et on reconnaît dans les plans de quel-
ques-unes la disposition de la basilique. La plus belle de ces grottes a vingt-huit mètres de
longueur; elle est voûtée en plein-cintre, et à droite et à gauche de l'abside sont deux
petites chapelles destinées à serrer les vases sacrés. 11 y a de ces excavations qui sont évi-
demment destinées à la sépulture. On voit quelquefois deux étages de chambres super-
posées qui communiquent entre elles par un grand puits vertical ; mais tout cela est
grossièrement taillé au ciseau dans le tuf tendre, sans aucune trace d'ornementation, pas
même de peinture.

Ces collines ne sont autre chose que les prolongements des contre-forts du mont /Yrgée;
elles sont quelquefois séparées par des vallées très-abruptes, dans lesquelles les torrents
d'hiver roulent des blocs détachés des régions supérieures.
 
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