DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.4676#0304
NYMPHiEUM
(NYMcDlO)
L'intérêt soutenu avec lequel sont toujours accueillis par les savants de l'Europe les
monuments antérieurs à la civilisation grecque en Asie et en Afrique, est pour les voya-
geurs un puissant motif pour ne pas négliger une seule indication propre à enrichir ce
trésor de l'archéologie orientale, qui a encore tant à acquérir. J'ai rarement parlé des
nombreuses déceptions que j'ai éprouvées lorsque, sur l'avis des indigènes, je me lan-
çais à la recherche de ces monuments inconnus, presque toujours placés dans des en-
droits inaccessibles; car chaque vestige des temps anciens a pour les Turcs quelque sens
mystérieux. Après bien des détours, bien du temps perdu, j'arrivais quelquefois en face
d'une roche dont les fissures passaient pour une inscription en caractères indéchiffrables,
ou dont les accidents naturels se montraient à leur imagination comme une statue ou-
bliée des humains.
Par un contraste bizarre, j'ai presque toujours retrouvé avec beaucoup de difficultés
des monuments qui avaient déjà été signalés et observés, mais dont la situation n'était
pas indiquée d'une manière précise. La réalité n'a aucun charme pour les naïfs mon-
tagnards , et ce qui existe ne vaut pas la peine d'attirer l'attention , par cette raison seule
que cela existe.
Pendant mon premier séjour à Srnyrne, j'avais parcouru les vallées les plus désertes
du Tmolus et du Sipylus, cherchant quelque trace du séjour des Perses dans ces con-
trées, quelques monuments des Léléges ou des Pélasges. Mais ces excursions n'avaient
pas été heureuses; partout les ouvrages des Grecs et des Romains avaient été substitués
à ceux des Asiatiques. Il est à croire que les travaux de ces derniers ont été anéantis
à dessein, car nous savons que les Perses et les Assyriens étaient au moins aussi féconds
en oeuvres de la sculpture que les Grecs ou les Romains.
Dans le courant de l'année 1839, deux voyageurs anglais, MM. Burgos et Renouard,
trouvèrent près du village de Nymphio une figure sculptée dans le rocher, qui parais-
sait un ouvrage anté-hellénique ; mais ils gardèrent le secret sur cette découverte. Quel-
ques mois plus tard, un voyageur allemand, M. Eckembecher, vit ce bas-relief et en
donna l'indication à M. de Nerciat, à Srnyrne. Cet orientaliste me fit part de son existence;
mais personne ne l'avait encore dessiné. Plusieurs savants français, qui se trouvaient
(NYMcDlO)
L'intérêt soutenu avec lequel sont toujours accueillis par les savants de l'Europe les
monuments antérieurs à la civilisation grecque en Asie et en Afrique, est pour les voya-
geurs un puissant motif pour ne pas négliger une seule indication propre à enrichir ce
trésor de l'archéologie orientale, qui a encore tant à acquérir. J'ai rarement parlé des
nombreuses déceptions que j'ai éprouvées lorsque, sur l'avis des indigènes, je me lan-
çais à la recherche de ces monuments inconnus, presque toujours placés dans des en-
droits inaccessibles; car chaque vestige des temps anciens a pour les Turcs quelque sens
mystérieux. Après bien des détours, bien du temps perdu, j'arrivais quelquefois en face
d'une roche dont les fissures passaient pour une inscription en caractères indéchiffrables,
ou dont les accidents naturels se montraient à leur imagination comme une statue ou-
bliée des humains.
Par un contraste bizarre, j'ai presque toujours retrouvé avec beaucoup de difficultés
des monuments qui avaient déjà été signalés et observés, mais dont la situation n'était
pas indiquée d'une manière précise. La réalité n'a aucun charme pour les naïfs mon-
tagnards , et ce qui existe ne vaut pas la peine d'attirer l'attention , par cette raison seule
que cela existe.
Pendant mon premier séjour à Srnyrne, j'avais parcouru les vallées les plus désertes
du Tmolus et du Sipylus, cherchant quelque trace du séjour des Perses dans ces con-
trées, quelques monuments des Léléges ou des Pélasges. Mais ces excursions n'avaient
pas été heureuses; partout les ouvrages des Grecs et des Romains avaient été substitués
à ceux des Asiatiques. Il est à croire que les travaux de ces derniers ont été anéantis
à dessein, car nous savons que les Perses et les Assyriens étaient au moins aussi féconds
en oeuvres de la sculpture que les Grecs ou les Romains.
Dans le courant de l'année 1839, deux voyageurs anglais, MM. Burgos et Renouard,
trouvèrent près du village de Nymphio une figure sculptée dans le rocher, qui parais-
sait un ouvrage anté-hellénique ; mais ils gardèrent le secret sur cette découverte. Quel-
ques mois plus tard, un voyageur allemand, M. Eckembecher, vit ce bas-relief et en
donna l'indication à M. de Nerciat, à Srnyrne. Cet orientaliste me fit part de son existence;
mais personne ne l'avait encore dessiné. Plusieurs savants français, qui se trouvaient